Body language : peut-on réellement prendre confiance en soi en adoptant le "power posing" ?

power posing
Prendre confiance en soi en modifiant sa posture ? C’est possible, selon plusieurs psychologues et expert.es du body language, vantant les bénéfices du “power posing” ou le fait de "poser" de manière à paraître et (surtout) à se sentir plus confiant.e.

En 2012, la psychologue Amy Cudy fait sensation avec un Ted Talk consacré au power posing. Vingt minutes durant, elle expose à son public l’effet presque magique de certaines "postures de pouvoir".

"Nous avons le pouvoir de devenir la meilleure façon de nous-même, grâce à de minuscules ajustements qui reconfigurent notre cerveau de manière à nous rendre plus affirmés, confiants, détendus et intrépides", reprenait-elle dans un article pour la Harvard Business Review en 2013.

Aujourd’hui, cette conférence comptabilise plus de 64 millions de vues et ses recherches ont été reprises (et modérées) par de nombreux.ses autres spécialistes. "Ça dépasse le cadre du ‘je fais semblant pour impressionner’, c’est ‘en faisant, je deviens’", confirme Élodie Mielczareck, sémiologue, spécialiste du body language et auteure de Ce que les gestes et les mots disent des autres (et surtout des cons) (ed. Le courrier du livre).

Mais comment expliquer que changer certains détails dans la façon dont on se tient peut nous aider à prendre confiance en nous et surtout, quelles sont ces postures à l’effet puissant ?

Des modifications corporelles qui tromperaient notre système hormonal

"Amy Cudy s’est rendu compte que le taux de testostérone dans le sang était modifié quand les personnes étudiées adoptaient certaines postures. Depuis il y a eu d’autres recherches qui sont venues modérer ces résultats ”, nous résume Élodie Mielczareck.

"La psychologie expérimentale récente de Dana Carney, Pranjal Mehta, Robert Josephs, Jennifer Lerner, Gary Sherman suggère que les plus grands dirigeants (hommes et femmes) semblent avoir un taux de testostérone relativement élevé, ce qui est lié à une diminution de la peur et un faible taux de cortisol, qui est lié à une diminution de l'anxiété”, reprend l’auteure pour la Harvard Business Review.

Vidéo du jour

En effet, dans une étude, la psychologue et son équipe ont demandé à un échantillon d’étudiants d’adopter des postures de pouvoir ou des postures de repli pendant deux minutes. Après leur avoir fait remplir des questionnaires et avoir prélevé leur salive, les scientifiques ont observé qu’adopter une posture de pouvoir pendant deux minutes altérait significativement le niveau de ces hormones dans le cerveau.

"En maintenant ces postures pendant seulement deux minutes avant d'entrer dans une situation de stress élevé, les gens peuvent augmenter leur testostérone d'environ 20% et diminuer leur cortisol d'environ 25%", écrivait alors la spécialiste pour la Harvard Business Review.

La pose Wonder Woman

Ainsi, se dégagent cinq poses distinctes, que la psychologue a exposées dans son ouvrage Montrez leur qui vous êtes (ed. Marabout). La première - et la plus connue - celle de Wonder Woman.

"C’est se tenir jambes écartées, mains sur les hanches, le menton haut et droit.e, pendant deux minutes", traduit Elodie Mielczareck.

Selon la spécialiste, rien que le fait de se "relever" peut aider à changer notre perception de nous-même. “J’ai un ami qui est psychologue et qui demande aux personnes déprimées de lui décrire les toits, c’est pour obliger les gens à regarder en l’air et s'habituer à cette posture qui est plus affirmative”, précise-t-elle.

La "loomer pose"

Pour donner le coup de grâce en fin de présentation, quand vous essayez de passer un message ou de faire valoir un argument, la psychologue vante les bienfaits de la "loomer pose", traduisez la posture de "celui/celle qui se dresse au-dessus de".

Elle consiste à se "pencher en avant, au-dessus de la personne à qui l'on parle, en position debout" pour "montrer que vous êtes engagé et dans une dynamique dominante", généralement devant une assemblée assise, précise Business Insider.

"Même si on se pose devant une personne de pouvoir, le fait qu’elle soit assise à son bureau quand on est debout, les mains posées sur la table, traduit une hiérarchisation", complète Élodie Mielczareck.

La posture Obama

Mais toutes ces postures ne sont pas destinées à impressionner l’autre.

Certaines, plus informelles, sont là pour vous donner le coup de boost dont vous avez besoin.

À l’image de la pose Obama. "Assis.e, les pieds posés et croisés sur la table ou le bureau qui vous fait face. Le haut du corps s’étend avec les mains qui passent derrière la tête, les coudes dirigés vers l’extérieur", décrit Amy Cudy. 

La "performer pose"

Avant un rendez-vous stressant à grand enjeu, comme un entretien d’embauche, Amy Cudy recommande la posture du "performer".

"Les deux bras levés au-dessus de la tête, les jambes écartées et les pieds bien ancrés, comme Mike Jagger sur scène", reprend Élodie Mielczareck. "Jetez vos mains en l'air, comme si vous étiez nourri par les applaudissements après une performance de rappel. Faites-le dans l'ascenseur ou la cage d'escalier en montant au bureau", reprend Business Insider.

La posture du PDG

Enfin, si vous voulez vous imposer devant le plus grand nombre, choisissez la posture du PDG. "Debout, posez votre bras sur le dossier de votre chaise, gardez vos jambes écartées et inclinez-vous vers vos auditeurs", explicite Amy Cudy dans son ouvrage.

"On peut aussi placer ses mains derrière sa tête ou gonfler sa poitrine face à une personne qui nous impressionne", liste Business Insider.

Des positions coup de pouce, mais pas miraculeuses

Vous l’aurez noté, toutes ces positions ont en commun la territorialité, comme le souligne Élodie Mielczareck. "Ce qui est important c'est la manière dont le corps occupe l’espace. Plus on occupe, plus on a de l’ascendant sur l’autre", précise-t-elle.

À l’inverse, "cette bulle territoriale diminue quand les gens sont stressés ou mal à l’aise. Généralement les épaules se baissent, les bras sont maintenus le long du corps et la tête est rentrée".

Toutefois, ces manières de se tenir ne sont pas miraculeuses. D'autant que l'étude originelle d'Amy Cudy a de nombreuses fois été remise en cause. Dana Carney, l'une de ses co-auteures a ainsi admis que les "effets" du power posing n’étaient "pas réels", via un communiqué paru en 2016.

"En effet, les efforts de réplication n'ont pas montré le même niveau de soutien pour les effets hormonaux. Mais ce qui est étrange, c'est que les résultats - des réplications rigoureuses d'universitaires qui étaient profondément sceptiques quant à l'effet - ont continué à montrer que l'effet central est robuste. L'expansion posturale fait que les gens se sentent plus puissants. L'effet n'est pas énorme, bien sûr, mais il est clairement là", nuance Eli Finkel, psychologue et professeur à l'Université Northwestern, auprès de Forbes.

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