Cancer : les soins palliatifs précoces par télésurveillance sont-ils efficaces ?

Megan Brooks

Auteurs et déclarations

11 juin 2024

Chicago, États-Unis – La prestation de soins palliatifs précoces par le biais de la télésanté est-elle comparable aux soins en personne pour les patients atteints d'un cancer du poumon avancé nouvellement diagnostiqué ?

Un vaste essai randomisé présenté lors du congrès 2024 de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO) suggère que cela est possible.

Des soins palliatifs par vidéo : une alternative viable ?

Les chercheurs ont constaté que les avantages des soins palliatifs pour les patients atteints d'un cancer du poumon avancé ne sont pas diminués lorsqu'ils sont dispensés par vidéo plutôt qu’en personne.

« Nos résultats soulignent la possibilité d'améliorer l'accès aux soins palliatifs précoces fondés sur des données probantes grâce à la télésanté », a déclaré l'auteur principal, Joseph Greer, titulaire d’un PhD, du Massachusetts General Hospital et de la Harvard Medical School (Boston, États-Unis) lors d’une session plénière.

Les recommandations de l'ASCO, tout comme les recommandations européennes, préconisent d'intégrer les soins palliatifs dès le diagnostic d’un cancer incurable ou dans le cas d'un cancer avancé. Cependant, la plupart des patients et de leurs familles ne reçoivent pas ces soins en raison de multiples obstacles, a déclaré le Dr Greer.

Greer et ses collègues ont donc voulu voir si la prestation de soins palliatifs par vidéo sécurisée pouvait être une alternative viable aux soins en face à face.

L'étude REACH PC a recruté 1 250 patients atteints d'un cancer du poumon non à petites cellules avancé nouvellement diagnostiqué et 548 de leurs soignants dans 22 centres de cancérologie américains. Les participants à l'étude ont été répartis de manière aléatoire entre des visites mensuelles de soins palliatifs par vidéo ou en personne.

Les patients avaient un âge moyen de 65 ans, un peu plus de la moitié étaient des femmes, et la majorité d'entre elles étaient blanches non hispaniques et mariées. Les deux groupes d'étude étaient généralement bien équilibrés en ce qui concerne les caractéristiques sociodémographiques.

Des taux de satisfaction identiques

Le résultat principal était la qualité de vie rapportée par les patients, évaluée par l'échelle Functional Assessment of Cancer Therapy-Lung (FACT-L), les scores les plus élevés indiquant une meilleure qualité de vie (intervalle, 0-136).

Sur cette mesure, « nous avons démontré l'effet équivalent de la prestation de soins palliatifs précoces par vidéo par rapport aux visites en personne », a déclaré le Dr Greer. Après 24 semaines, les scores moyens ajustés de l'échelle FACT-L étaient de 99,7 dans le groupe vidéo et de 97,7 dans le groupe en personne, soit une différence de deux points (p = 0,04 pour l'équivalence).

Les patients et les soignants ont attribué aux soins palliatifs dispensés par télésanté et à ceux prodigués en personne des taux de satisfaction presque identiques. Les deux groupes ne diffèrent pas non plus en ce qui concerne les symptômes d'anxiété et de dépression déclarés par les patients.

La participation des soignants était plus élevée dans le groupe des visites en présentiel (49,7 %) que dans le groupe des visites par vidéo (36,6 %), probablement parce que les membres de la famille ou les amis ont souvent besoin d'accompagner les patients à leurs rendez-vous.

« Ces résultats apportent des preuves essentielles pour soutenir l'accès continu aux services de télésanté, en particulier pour les populations vulnérables atteintes de maladies graves, et permettront idéalement d'éclairer les décisions politiques concernant la couverture des soins virtuels à l'avenir », a déclaré le Dr Greer.

L'expert de l'ASCO Charu Aggarwal, qui n'a pas participé à l’étude, a déclaré que l'essai montre que les soins palliatifs précoces peuvent être fournis « avec succès, de manière efficace et efficiente en utilisant la télésanté chez les patients atteints d'un cancer du poumon à un stade avancé ».

Les résultats de cette étude « soulignent l'importance de la télésanté pour améliorer l'accès et la diffusion des soins palliatifs pour les patients qui, autrement, ne pourraient pas en bénéficier », a ajouté le Dr Aggarwal, professeur associé pour l'excellence en matière de cancer du poumon à l'université de Pennsylvanie, à Philadelphie.

« Cette étude montre que l’approche virtuelle permet d’offrir aux patients des chances supplémentaires avec des performances sensiblement similaires au présentiel. Elle permet d’offrir à un plus large nombre de patients des soins de supports précoces. Ce qui est particulièrement important », a renchéri le Pr Jean-Yves Blay, oncologue médical, Directeur général du centre Léon-Bérard à Lyon, Président d’Unicancer (France), lors d’une conférence de presse Unicancer post-congrès. Il a toutefois rappelé que cette étude posait la question de l’accès des patients à l’électronique. « Tous les patients n’ont pas accès à des consultations virtuelles et ce facteur-là est un élément pronostic qui a été retrouvé par plusieurs études », a-t-il souligné.

L'étude a été financée par le Patient-Centered Outcomes Research Institute et le National Institute of Nursing Research des National Institutes of Health. Le Dr Greer et le Pr Aggarwal n'ont pas divulgué d'informations pertinentes.

 

Cet article a été traduit de Medscape.com en utilisant plusieurs outils éditoriaux, y compris l’IA, dans le cadre du processus. Le contenu a été revu et complété par la rédaction de Medscape édition française avant publication.

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