Les vampires psychiques, ces êtres épuisants qui dévorent notre énergie

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Personnalités épuisantes, les vampires psychiques se nourrissent unilatéralement de notre force vitale, assurant leur survie émotionnelle en compromettant la nôtre. Simples victimes de la vie aux penchants co-dépendants ou sujets nocifs et manipulateurs à fuir à tout prix : qui sont-ils vraiment ?

Dans la (grande) famille des personnalités toxiques, je demande aujourd’hui... le “vampire psychique”.

Théorisé par le psychiatre français Stéphane Clerget dans son ouvrage éponyme paru en 2018, ce concept suffisamment audacieux pour oser ostentatoirement la métaphore draculienne renvoie à ces individus qui auraient la fâcheuse tendance à nous pomper (toute) notre énergie jusqu’à épuisement, tout en se posant en perpétuelle victime.

Ces personnes qui - amoureux, collègues, amis, colocataires, parents - nous laissent avec la sensation d’être complètement vidée, épuisée, sans énergie vitale, ni force pour les surmonter, sur fond de pernicieuses mécanique de relation déséquilibrée. En apparence innocents, voire souvent en souffrance, ces profils ont un besoin viscéral des autres pour tout simplement exister.

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Attention, empathie, générosité mais aussi compétences spécifiques, force de travail : ils se nourrissent instinctivement de tout ce que le vampirisé peut lui apporter sur le plan affectif, énergétique voire tout simplement pratique, pour survivre au quotidien.

On peut être aussi vampirisé au quotidien, au restaurant dans le train, dans la rue par des gens que l'on ne connaît pas forcément.

“C’est le collègue de travail qui va nous voler la vedette, le supérieur hiérarchique qui nous fait travailler pour son profit, le partenaire amoureux qui n’est jamais bien, on doit toujours s’occuper de lui... Les gens qui se plaignent tout le temps", décrit Stéphane Clerget dans une interview à Europe 1. "On peut être aussi vampirisé au quotidien, au restaurant dans le train, dans la rue" par des gens "que l'on ne connaît pas forcément", précise-t-il.

À croire que ces suceurs de sang des temps modernes sont absolument partout et que nos jugulaires énergétiques sont en proie à un danger permanent, d’autant plus qu’on mettrait un certain temps à se rendre compte de leurs actions nocives. Vous avez dit flippant ? 

Le vampire psychique, une victime comme une autre

Car tel est le ressort de ces relations toxiques qui ne disent pas leur nom : s’installer dans notre quotidien doucement et sûrement, nous vidant subrepticement de notre substance sans que l’on en ait réellement conscience. Mais comment en arrive-t-on là ?

D’emblée, rappelons que le vampire psychique se présente le plus souvent comme une personne en difficulté, en proie à d’importants problèmes qu’ils soient conjugaux, professionnels, financiers, médicaux ou relationnels. Une victime de la vie en somme à laquelle on va vouloir porter secours dans un naturel élan d’humanité et de compassion. “C’est justement parce qu’on va avoir un peu pitié d’eux qu’on va se laisser vampiriser", précise Stéphane Clerget au micro d’Europe 1.

Je me démenais pour lui faciliter le quotidien sans qu’il ne s’inquiète jamais de savoir comment moi je me sentais.

Ultra-dépendant, incapable de se ressourcer par lui-même sur le plan intellectuel ou émotionnel, le vampire psychique se caractérise généralement par une absence d’autonomie affective et une faible confiance en lui-même, tout en exerçant un certain pouvoir de séduction. "On est victime d’un vampire parce qu’on va vers lui. Ce n’est pas forcément lui qui vient nous chercher", souligne-t-il. Une forme d'agression passive en somme, que nous décrit Claire*, 28 ans, au sujet de son ex-compagnon.

“Ses clients qui le harcelaient, ses employés qui ne faisaient pas correctement leur boulot, ses amis qui le rabaissaient, ses parents qui le défavorisaient financièrement par rapport à son frère, les gens dans le métro qui le bousculaient… tout était sujet à complainte ! Il était la victime permanente, l’homme à sauver. Et moi, en bon Saint-Bernard, je me démenais pour lui faciliter le quotidien sans qu’il ne s’inquiète jamais de savoir comment moi je me sentais”, raconte la jeune femme, qui s’est aujourd’hui extirpée de cette épuisante relation. 

Repérer les vampires psychiques

“On attribue souvent dans un premier temps le mal être à d'autres choses. Parfois, c'est sous notre nez... et un jour, on réalise qu'il y a une personne au contact de laquelle on se sent particulièrement vidée”, commente Stéphane Clerget, qui rappelle également que les vampires psychiques ne nous veulent pas intrinsèquement du mal dans la mesure où ils ont tout intérêt à nous préserver et à nous “garder sous la main.”

Résultat ? Ils vont perpétuellement tenter de maintenir notre attention, capter notre écoute et nous demander implicitement de les rassurer, de leur rendre service, quitte à nous pousser à renoncer à nos propres besoins et nos propres envies.

On devenait petit à petit une seule et même personne : lui.

C’est d’ailleurs l’unique façon de repérer les vampires psychiques : rester particulièrement attentif à nos ressentis et nos émotions lorsque l’on se trouve au contact de certaines personnes au profil analogue. “Je me suis rendue compte que mes besoins passaient toujours en dernier, que mes problèmes, mes souffrances n’étaient jamais aussi “graves” que les siennes. Si je tombais malade, il tombait subitement plus malade que moi. On devenait petit à petit une seule et même personne : lui. J’avais la sensation de me perdre complètement”, raconte Claire.

Plus généralement, si l’on ressent une grande fatigue, un sentiment de lassitude ou une sensation d’être “vidée”, les probabilités de se trouver face à un vampire psychique seraient relativement élevées selon les propos du psychanalyste. 

Tous vampires énergétiques ? 

Problème ? On aurait tous tendance à être le vampire de quelqu’un, du moins une fois dans notre vie. En effet, selon Stéphane Clerget, nous serions tous nés vampires psychiques. Un postulat qui - de prime abord - a de quoi laisser songeur mais qui prend tout son sens lorsque l’on réalise la situation d’ultra-dépendance dans laquelle se trouve le nourrisson, puis l’enfant, jusqu’à l’acquisition progressive des compétences qui lui permettent de s’autonomiser… et d’apprendre à donner autant qu’il reçoit.

On devient vampire à partir du moment où on se contente de recevoir d'autrui l'écoute, l'attention, l'énergie, la force de travail et qu'on ne donne jamais.

"On a tous par moments des périodes où on a besoin de se nourrir des autres parce qu'on ne peut pas se ressourcer par soi-même", souligne le psychiatre sur France Inter. "On devient vampire à partir du moment où on se contente de recevoir d'autrui l'écoute, l'attention, l'énergie, la force de travail et qu'on ne donne jamais", rappelle-t-il.

Et quand on lui demande si certains d’entre nous sont plus enclins à être vampirisés que d’autres, l’expert décrit un profil-type que l’on retrouve bien trop souvent dans ces schémas de relations toxiques : celui de l’aidant, généralement éduqué à soutenir autrui.

Propension naturelle à l’empathie et l’affection, sentiment de pouvoir donner à l’infini, peur de ne pas être aimé, culpabilité qui pousse à vouloir réparer les autres : les vampirisés verraient ainsi dans cette relation un moyen de donner un sens à leur vie. Ils se sentent utiles, valorisés et peinent en conséquence à prendre conscience de l’épuisement qui les consume progressivement. "La personne vampirisée a le sentiment de nourrir l'autre, et cela parle à la mère ou au père en nous", explique le psychiatre sur France Inter, qui recommande de faire la différence entre aider une personne dans le besoin... et se faire vampiriser.

La solution pour ne pas se faire “pomper l’air” ? Établir des limites claires à sa propre générosité et surtout, prendre conscience de cette relation ultra-déséquilibrée. Une étape indispensable qui va nous permettre en effet de doser ce que l’on est prêt à offrir mais aussi de mettre en lumière le comportement du vampire, d’en parler à notre entourage ou au sien et de le rendre ainsi inopérant. “Jeter la lumière sur eux, c’est sans doute le meilleur moyen de s’en départir”, explique le psychiatre. Il est aussi possible de tenter de lui exprimer notre ressenti, notre fatigue tout en ayant conscience qu’il ne sera pas forcément réceptif et, dans les cas les plus extrêmes, d’envisager une rupture de la relation.

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