Affronter la situation ou vous dérober au dernier moment. Dans quel camp êtes-vous lorsque vous devez demander un service à quelqu'un ?

Les premiers, les askers, aussi appelés les "demandeurs", sont des personnalités qui osent exposer leurs besoins et solliciter, quitte à ce qu'on leur dise "non".

"Ce sont des personnes qui sont en capacité de demander de l’aide, en étant d’accord de prendre le risque du 'non'", commence la psychologue et psychothérapeute, spécialiste des relations amoureuses, Véronique Kohn. En couple, au travail, en famille, les askers s’organisent pour obtenir ce qu'ils veulent. Si une personne refuse, ils se tourneront vers d’autres. 

"Si les demandeurs ont besoin d'obtenir quelque chose, ils demanderont de l'aide pour atteindre cet objectif de manière efficace. Les demandeurs se soucient beaucoup moins de la réaction de la personne à qui ils demandent de l'aide que de l'accomplissement de la tâche. Si l'auteur de la demande reçoit un 'non', ce n'est pas grave ; il demandera simplement à quelqu'un d'autre jusqu'à ce qu'il obtienne un 'oui'", continue la psychologue Reena B. Patel à Well and Good.

Les "guessers" ou ceux qui ne prennent pas de risques

Les guessers sont quant à eux aux antipodes des askers : surnommés les "devineurs", ces personnalités osent rarement demander, surtout si elles ne sont pas sûres d'obtenir un "oui".

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"C'est le profil de l'altruiste. Leur tendance est de se dire 'si jamais je prends le risque, j’anticipe le fait que je peux avoir un 'non'. Ils ont une blessure du rejet, donc ne prennent pas de risque. Je ne fais pas de demandes ou uniquement quand je suis en confiance et que je sais que la personne dira facilement oui", continue la psychothérapeute.

L'inquiétude d'obtenir un "non" vient les empêcher de solliciter leur entourage, souvent constitué de peu de personnes. "Les guessers ont peu d’options. Ils ont un entourage plutôt pauvre, pas forcément de réseau relationnel, pas beaucoup de personnes ressources. Alors si cette personne ne peut pas me donner de l’aide, du soutien, à qui je m'adresse ? Ils sont persuadés qu’ils ne peuvent pas obtenir. Ce sont des profils plus souvent concernés par la dépression, l'anxiété et l'isolement. Oser demander revêt un niveau élevé d'autonomie", reprend Véronique Kohn. 

Une façon de relationner qui trouve ses origines dans l'enfance 

Quand l'un privilégie les résultats, l'autre privilégie le fait de ne pas déranger. 

"Cela vient de l'enfance. Enfant, quand on fait une demande, on étale et on exprime nos besoins aux parents et aux adultes. Et parfois, ces derniers n'y répondent pas. Alors l'enfant éteint la réponse de demander. Car il s'exprime naturellement, instant après instant, il demande tout le temps des choses. Mais il peut être confronté à une dure réalité : les adultes qui l'entourent ne répondent pas en faveur, ne l'entendent pas", continue-t-elle. 

Habitués au "non", voire apeurés, les enfants intériorisent ce manque de réponse. "Son circuit neuronal l'informe qu'il ne peut pas obtenir ce qu'il veut, donc il éteint la réponse de la demande. Cela devient un repère et reste en trace. On va se débrouiller seul, même lorsque des gens peuvent être là pour nous. Il faut être en mesure d'expliquer pourquoi on dit 'non' lorsqu'on est parents", continue la psychothérapeute.

Ainsi, parfois, il est difficile pour ces personnalités de s'entendre, que ce soit en couple ou dans les relations. 

Des modes de communications qui s'entrechoquent

En couple, le dialogue est parfois impossible entre ces personnalités opposées.

"Le demandeur peut être frustré par le fait que le devineur ne demande pas ouvertement ce qu'il veut ou ce dont il a besoin, et il peut avoir l'impression de devoir lire dans ses pensées. Le devineur peut éprouver du ressentiment parce que ses besoins ne sont pas satisfaits et, en même temps, être découragé par les requêtes du demandeur, voire se sentir accablé ou plein de ressentiment à son égard", explique la psychologue Donna Marino à Well and Good

Au travail également les interactions et les relations peuvent s'avérer difficiles, du fait de styles de communication trop différents.

En effet, "les devineurs pensent toute la journée aux questions qu'ils doivent poser à leurs supérieurs, ce qui peut nuire à leur productivité et à leur bien-être au travail", reprend Reena B. Patel, alors que "les demandeurs sont souvent extrêmement efficaces et les gens peuvent les admirer pour leur confiance et leur façon de communiquer", continue la psychologue auprès du média féminin. 

"Guessers" et "askers" : comment vivre avec ? 

Bien que ces styles de fonctionnement et de communication soient inconscients et tiennent de notre éducation, il est possible d'en atténuer les traits.

"Le guesser doit apprendre à oser demander, à élargir son spectre d’options relationnelles. Car ce qui va rendre une personne autonome est sa capacité à être en interdépendance, sa capacité à faire des demandes, à s’enrichir de l’autre. À se dire 'je peux le faire seul, mais quand j'ai besoin je peux demander pour obtenir de l’aide'", continue l'experte Véronique Kohn.

Pour cela, apprenez à reconnaître vos besoins, en vous écoutant : "demandez-vous ce que vous ressentez, ce dont vous avez besoin. Et exprimez ce que vous voulez. Autorisez-vous à demander de l’aide aux personnes adéquates", conclut la psychologue. 

Côté askers, souvent trop concentrés par la seule obtention de leur "oui", ils oublient de s’assurer que la personne en face est bien en capacité de dire "non". Alors questionnez-vous toujours avant de solliciter, sans oublier de vous mettre de temps en temps à la place des autres.