Chasser un titre, un record, une médaille… La victoire est l’objectif de tout sportif. Une fois ce but atteint, quand l'euphorie du succès retombe, la question de la suite se pose forcément.

Comment rebondir après avoir décroché “le Graal”, ce pourquoi on s’entraîne depuis toujours ?

Marie Claire a posé la question à trois sportives, la championne olympique de boxe Estelle Mossely, la coach de l’Olympique lyonnais Sonia Bompastor et la surfeuse Justine Dupont.

Elles nous racontent ce que la victoire a représenté pour la suite de leur carrière. 

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Estelle Mossely, championne de boxe : “Aller au bout de soi”

"Mon but ultime était de devenir championne olympique. Pendant longtemps j'étais obnubilée par cet objectif et je ne pensais pas à l'après", se souvient Estelle Mossely.

Le contrat est rempli en 2016, lorsqu’elle décroche l’or aux Jeux olympiques de Rio, le jour de ses 24 ans. Il lui faut plus d’un an ensuite, pour décider de la suite de sa carrière. S’il n’est pas question de descendre du ring ou de raccrocher les gants, "ce serait dommage de refaire les Jeux et d’avoir moins bien", reste-t-il de ses réflexions. E

lle emprunte finalement un autre chemin en 2018, celui de la boxe professionnelle. Dans ce nouvel univers, Estelle Mossely trouve rapidement d’autres perspectives de victoires. "Après la finale des Jeux, j'avais l'impression que j’étais allée à mon max, physiquement, nerveusement et techniquement. Mais quand je suis passée professionnelle, j’ai compris que j’avais encore une marge de progression et plein de choses à découvrir"

Les Jeux à la maison ça donne envie de repartir à l’aventure. Si je parviens à faire le doublé olympique, ce sera Paris, ma plus belle victoire.

Depuis quatre ans, la boxeuse reste invaincue en dix combats et a conservé son titre IBO des poids légers cette année. "L’objectif maintenant, c’est la réunification des ceintures, en affrontant la numéro une mondiale, l’Irlandaise Katie Taylor si possible, avant l’été 2023", explique-t-elle, déterminée.

Un timing serré qui cache une autre ambition. Estelle Mossely n’a pas oublié ce qu’elle a ressenti lorsqu’elle a conquis l’or en terre brésilienne. Une émotion qu’elle veut revivre, décuplée, aux JO de Paris en 2024.

"Les Jeux à la maison ça donne envie de repartir à l’aventure, sourit-elle. Si je parviens à faire le doublé olympique, ce sera Paris, ma plus belle victoire."

La jeune maman est insatiable, si elle n’a pas combattu face à la numéro une avant l’été, elle "remettra ça après les Jeux". Selon elle, ce n’est qu’après ce combat, qu'elle pourra dire qu’elle est allée “au bout de [sa] carrière de boxeuse".

Son mantra: "Aller au bout de soi, pour ne pas regretter."

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Sonia Bompastor : “La gagne, il n’y a que ça qui me motive”

Pour Sonia Bompastor, la coach de l’équipe féminine de l’Olympique lyonnais (OL), l’esprit de compétition est inné.

"Certains l’ont au plus profond d’eux-mêmes, dès le plus jeune âge. Petite, je jouais au foot avec mon grand frère. Je me suis beaucoup comparée à lui et il m’a tirée vers le haut. Mon esprit de compétitrice est né de là", confie l’ancienne internationale française.

Dans la cour de récréation, il fallait absolument qu’elle gagne. "J’avais un très mauvais caractère quand je perdais", se remémore-t-elle, rieuse. Pendant sa carrière de joueuse, qui l’a menée de Montpellier à Lyon en passant par Washington DC (États-Unis), elle se souvient avoir "toujours eu envie d'être la meilleure dans tous les domaines (technique, athlétique) pour être la joueuse la plus complète et apporter un maximum à mon équipe"

En 2012, elle réalise un triplé historique avec l’OL (Championnat de France, Coupe de France et Ligue des Champions).

Sa première émotion, la "fierté", mais aussi un sentiment de "devoir accompli". "On prend conscience qu’on fait partie de la meilleure équipe au monde et de l’histoire du foot féminin." Pour autant, pas question de se laisser dépasser par la victoire. La saison suivante, "il faut remettre les compteurs à zéro, pour gagner de nouveau", explique-t-elle.

J'ai toujours eu envie d'être la meilleure dans tous les domaines pour être la joueuse la plus complète.

C’est sous le maillot bleu, qu’elle enfile à de nombreuses reprises - 156 sélections entre 2000 et 2013 -, qu’elle ressent finalement le plus de frustration. Demi-finaliste à la Coupe du Monde en 2011, puis aux JO de Londres en 2012, l’équipe de France repart bredouille. "Il y a un sentiment d’inachevé" 

Quand Sonia Bompastor raccroche les crampons en 2013 à , elle a déjà obtenu des diplômes de management et d'entraîneur. Elle ne veut pas connaître “le vide”, après une vie rythmée par les compétitions. En avril 2021, elle rejoint le banc de "son club de coeur", l’OL.

L’esprit de compétitrice est toujours là, "la gagne, il n’y a que ça qui me motive", sourit l’entraîneuse, dont l’équipe a remporté la Ligue des Champions pour la huitième fois la saison passée. Même si, "sur le bord du terrain, on subit un peu plus les choses", confie celle qui se dit "toujours aussi mauvaise perdante."

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Justine Dupont : “Chercher toujours plus de nouvelles sensations”

Justine Dupont est l’une des meilleures surfeuses du monde. En 2019, elle décroche le titre convoité de meilleure surfeuse de grosses vagues.

Sur le papier, elle est multiple championne du monde, d’Europe et de France (rien que ça !). Mais la surfeuse a une vision bien à elle de la victoire. "Une médaille ou un award, ce n’est pas un aboutissement en soi. L’important, c’est ce que je fais dans l’eau sur ma planche, d’avoir des sensations et des ressentis. C’est là que j’ai l’impression de gagner", observe-t-elle.

D’autant plus que dans le surf, c’est "souvent la nature qui décide."

 Une médaille ou un award, ce n’est pas un aboutissement en soi. L’important, c’est ce que je fais dans l’eau sur ma planche.

Cette réflexion, elle l’a construite au fil de l’eau et des compétitions. "Au début j’avais la pression, on m’attendait sur toutes les vagues et sur tous les titres. Maintenant que je les ai tous gagnés, ça me donne plus de liberté. Je surfe pour moi, pour mes objectifs".

À 31 ans, la surfeuse place le curseur ailleurs. La saison passée, elle se blesse à Nazaré, au Portugal. "J’ai descendu la vague, j’allais très vite. Je ressentais quelque chose de très fort, peut-être le plus fort de ce que j’ai pu ressentir sur une planche dans l'océan. Et finalement je tombe au pire endroit".

Lorsqu’elle veut tourner pour prendre le rouleau, sa planche s’arrête net et l’emporte jusqu’à la falaise. Dans le milieu, elle est "une miraculée". Justine Dupont, elle, est vite remontée sur sa planche, tournée vers l’avenir. Ce mauvais souvenir, elle veut l’effacer en retournant à Nazaré cet hiver. "J’ai envie de prendre une très grosse vague pour surpasser ce moment et tenir sur mes jambes, sur ma planche, jusqu’au bout cette fois", livre-t-elle, pensive.

La sportive aux boucles blondes, qui se dit "jamais rassasiée", veut "aller chercher toujours plus de nouvelles sensations dans son sport pour continuer à dépasser ses limites".

Arrêter la compétition ? Elle dit y avoir pensé, après sa blessure, mais ce fut bref. "Pour une sportive, c’est jamais fini, on peut toujours se réinventer."

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