Burn out : les signes avant-coureurs qui doivent alerter

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Si, dans la plupart des cas, le burn-out se révèle quand le corps craque, des signes annonciateurs, souvent mis en sourdine, existent pourtant. Des spécialistes nous apprennent à reconnaître les premiers symptômes de l'épuisement professionnel.

L'épuisement professionnel affecte de plus en plus de Français.es. Une enquête, menée par le cabinet Empreinte Humaine en octobre 2021 sonnait ainsi la tirette d'alarme. Sur un échantillon de plus de 2000 personnes, le cabinet évaluait à 34% la proportion de salariés en situation de burn out.

Seulement, dans la plupart des cas, ce mal ne devient une réalité que lorsque qu'il nous arrête physiquement et que le point de non retour est atteint. "En burn-out véritable, le corps s’est empoisonné. Cela peut se transcrire par de nombreux problèmes de santé, comme des soucis aux reins, ou encore un AVC", rappelle Marina Bourgain, enseignante chercheuse en management et ressources humaines à l'ESC Clermont-Ferrand Business School. 

Pourtant, les spécialistes de la psyché sont formels : il existe des signes annonciateurs à l'épuisement professionnel. Alors, quels sont-ils et comment les reconnaître ? 

Des troubles cognitifs légers comme premiers symptômes du burn out

"Oui, il y a des choses qui peuvent nous alerter, mais le principe de base, c'est de ne pas y faire attention", constate Sébastien Hof, psychologue du travail. Perceptibles et souvent notés - par nous-même ou les autres - ces derniers passent néanmoins inaperçus, qualifiés de "temporaires" ou de déclinaisons de notre fatigue. 

"Finalement, on les efface de notre mémoire pour continuer à fonctionner du mieux que l'on peut au travail", poursuit le spécialiste. Parmi ces derniers, il cite les troubles cognitifs (oublis, manque de mots, lapsus) qui, s'ils sont les signes les plus discrets, sont également ceux qui vont perdurer, même après le burn out. 

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"Il y a également une diminution de la rentabilité ou de la productivité au travail et une augmentation de la présence au travail, comme s’il fallait être plus présent pour retrouver une efficience ou une satisfaction. Forcément, la fatigue commence à être présente, et il y a une forme de déni du surmenage et de la surcharge de travail, les personnes ne voulant pas montrer qu’elles sont en difficulté", note le psychologue.

Troubles du sommeil, céphalées, infections virales : les signes visibles du burn out

Marina Bourgain (avec son binôme Sabrina Pérugien de l'IAE Savoie) a porté ses recherches sur les témoins et victimes de violences et d’injustices au travail. Elle atteste également des méfaits de l'épuisement professionnel.

"Blur-out, bore-out, brown-out... Les formes sont multiples, rappelle-t-elle. Mais dans le burn-out, on se brûle de l’intérieur. En période de grand stress, il y a une réaction du corps qui prend le dessus et qui nous permet de continuer à fonctionner alors qu’on aurait besoin de repos. On travaille sur ses réserves, sans pouvoir s'en rendre compte". 

Pour Sébastien Hof, c'est là que se trouve la seconde salve de signes annonciateurs : les "symptômes visibles auxquels on ne prête toujours pas attention".  

"Ce sont les signes physiques et psycho-comportementaux, types troubles du sommeil (réveils intempestifs, problème d’endormissement ou les deux), fatigue qui résiste au repos, troubles corporels (céphalées, douleurs généralisées, tensions musculaires, troubles digestifs, infections virales à répétition…)", liste-t-il.

"Au travail, il y a aussi cette impossibilité à déléguer. On ne demande pas d’aide", ajoute Marina Bourgain. Avant que le psychologue du travail n'ajoute que les comportements changeants (développement de troubles du comportement alimentaire ou d'addictions) peuvent également être observés.

La perte de la gestion émotionnelle, l'effet "pilote automatique" avant que la corde ne craque

Avant la manifestation du burn out et que la capitulation du corps, une dernière étape est à franchir : celle de la déshumanisation.

"Au bout d’un moment on ne peut plus rien sentir, on est anesthésié par la situation, ce qui est un symptôme de la dépression aussi. On passe du rire aux larmes de manière rapide, c'est la perte de notre gestion émotionnelle. Là, on attend presque que la catastrophe arrive. Puis, on se replie sur soi et on sombre de plus en plus".

Marina Bourgain parle, elle, d'un passage en pilote automatique. "Cela transparaît dans les relations avec les autres, on devient autoritaire, ou irritable alors que l'on ne l'était pas avant", précise-t-elle.

"Selon l'enquête, les salariés sont 50% à s'isoler et à se couper du monde, 40% à perdre souvent patience et à être facilement irritables. Ils sont enfin un tiers à être moins réceptifs aux idées de leurs collègues et un quart à être agressif pour tout et rien", reprend France Info, citant l'étude Empreinte Humaine de 2021.

Comment reconnaître et accepter ces signes annonciateurs ? 

Alors, comment faire pour accepter de questionner sa fatigue comme un signe annonciateur d'un épuisement grandissant ?

"Quand les gens perçoivent ces premiers signes, il ne faut pas rester seul. On consulte un médecin, médecin du travail, psy du travail, pour reposer les bases du 'c’est quoi le boulot et la place du travail', afin d'éviter que la personne n’aille trop loin dans son investissement. Il faut être accompagné par des acteurs qui permettent une mise à distance", explique Sébastien Hof. 

Mais parfois, les proches ou les collègues peuvent aussi tirer la sonnette d'alarme. "C’est un peu compliqué, mais il faut poser les bases d’éléments observables. Dire : 'J’ai vu ça et je n’ai pas observé ça de toi avant, comment vas-tu ?'. Il faut poser la question, mais rester factuel sans faire d'observation hâtive pour aider la personne à prendre conscience et ne pas la brusquer", conseille le psychologue du travail. 

Enfin, Marina Bourgain rappelle également qu'il existe des tests - qu'il ne faut pas sur-interpréter, mais qui peuvent soulever un mal-être - comme le burn out inventory ou test de Maslach. "Répondre à des questions type ‘je me sens émotionnellement vidé.e par mon travail’ en plaçant des curseurs peut être révélateur", souligne la chercheuse.

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