Soixante mètres d’un tapis rouge incandescent, vingt-quatre marches mythique à l’ascension parfois périlleuse, des photographes parqués en quête du cliché iconique : le festival de Cannes, c’est avant tout - au delà de la prestigieuse compétition cinématographique - cette scène de théâtre au décor millimétrée qui chaque année se mue en opulente démonstration de glamour, d’élégance et de luxe couture.
Et pour cause, ceux et celles qui se rendent aux projections du célèbre auditorium Louis Lumière se voient opposer depuis plus d’un demi-siècle une mention "tenue correcte exigée" au dos de leur carton d’invitation, leur imposant généralement le port du smoking pour ces messieurs, et la robe du soir doublée de talons pour ces dames.
Bien que la direction du festival n’ait cessé de démentir l’existence d’un quelconque dress code à l’encontre du deuxième sexe, notamment au regard des souliers perchés, un simple coup d’oeil aux tenues arbhorrées par les invitées depuis la création du festival en 1946 nous laissant constater une légère inclinaisons pour des robes couture à la féminité exacerbée, mêlant confection spectaculaire et design photogénique, le tout signées de maisons de luxe qui n’ont cessé de transformer cette fameuse montée des marches en un défilé de mode à part entière.
Le but de cette manœuvre ultra-médiatisée dans le monde entier, pour les créateurs comme pour les célébrités ainsi gracieusement habillées ? Se faire remarquer, quoiqu’il en coûte, quitte à faire flirter allègrement l'élégance avec l'indécence, le chic avec l’extravagance, bref le style avec le scandale, aussi superficiel soit-il.
La preuve en 11 partis-pris stylistiques, entre entorses au règlement inavouées et exhibitionnisme assumé.