Un rassemblement organisé à l'appel des syndicats étudiants de Sciences Po Paris. Rue Saint-Guillaume, dans le septième arrondissement parisien, mardi 5 décembre 2023 au matin, environ cinquante élèves ont réclamé, devant l'entrée de leur école qu'ils bloquent, la suspension de leur directeur, Mathias Vicherat, comme le rapporte Le Figaro Étudiant, sur place.

L'homme de 45 ans a été placé en garde à vue dimanche 3 décembre au soir, au commissariat du septième arrondissement, selon une source proche du dossier relayée par Le Parisien.

Accusations réciproques de violences conjugales

Ce soir-là, la compagne de Mathias Vicherat a déposé une main courante au commissariat, affirmant avoir chutée au sol après avoir été poussée par son conjoint, d'après une source policière au quotidien. Elle aurait également indiqué que son compagnon lui a cassé le poignet six semaines auparavant.

Cette femme a elle aussi été placée en garde à vue, car Mathias Vicherat l'accuse également de violences conjugales. Au commissariat où il s'est présenté peu de temps après l'arrivée de sa partenaire, il déclare avoir reçu une claque et vouloir déposer une main courante.

Le parquet de Paris a annoncé à l'Agence France-Presse (AFP) que leurs gardes à vue ont été levées lundi 4 décembre en fin d'après-midi. "L’unité médico-judiciaire n’a relevé d’incapacité totale de travail sur aucun des deux, et aucun des deux n’a souhaité déposer plainte à ce stade. L’enquête se poursuit en préliminaire", précise-t-il.

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Deux ans après l'affaire Duhamel qui a secoué Sciences Po

Mathias Vicherat "va s’adresser à l’ensemble des communautés de Sciences Po rapidement pour éclaircir la situation", assure Laurence Bertrand Dorléac, présidente de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) dans un message adressé lundi soir aux membres du conseil d’administration du prestigieux établissement d’enseignement supérieur, cité par l'AFP.

En novembre 2021, cet ancien camarade de promotion d’Emmanuel Macron à l’ENA est élu par la FNSP à la tête du prestigieux Institut d'études politiques, et succède alors à Frédéric Mion. Celui-ci avait démissionné en février 2021, après les révélations de Marianne et du Canard enchaîné sur le fait qu'il était averti, depuis deux ans, des accusations d'inceste visant le politologue Olivier Duhamel, président de la FNSP au sein de l'école.

"On a tous appris l’information par la presse, et on est tous sous le choc, partage à de l’AFP Inês Fontenelle, vice-présidente étudiante du conseil de l’Institut et membre du conseil d’administration de la FNSP. La sidération est la même qu’au moment de l’affaire Duhamel."

L'AFP note que, peu avant son arrivée à la direction de Sciences Po Paris, Mathias Vicherat avait qualifié de "priorité absolue" la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.