C'est un procès scruté par toute la presse française et belge. Mardi 28 novembre, Monique Olivier, ex-compagne et complice du violeur et tueur en série Michel Fourniret, s'exprimait pour la première fois à l'ouverture de son procès pour l'enlèvement, la séquestration et les meurtres de Marie-Angèle Domèce et Joanna Parrish, mais aussi l'enlèvement et la séquestration suivie de la mort d'Estelle Mouzin, une enfant dont le corps n'a jamais été retrouvé. Ces crimes représenteraient "les troisièmes, septièmes et treizième du parcours criminel du couple", a précisé le président de la cour d'Assises des Hauts-de-Seine, Didier Safar.

La femme de 75 ans, pour qui la justice doit déterminer si elle était sous emprise du criminel décédé en prison ou bien partie prenante des sévices infligés aux nombreuses jeunes femmes victimes du couple, est revenue sur son passé, sa relation avec Michel Fourniret et son implication dans les affaires le concernant. Sur ce dernier point, elle s'est montrée hésitante et confuse, se murant parfois dans le silence ou se montrant agacée lorsque les détails touchaient à sa vie intime, sans pour autant nier la plupart des faits qui lui sont reprochés.

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L'ex-compagne de l'Ogre avait peur de lui

Monique Olivier est accusée d'avoir fait office de rabatteuse et permis à Michel Fourniret de kidnapper, violer, torturer et tuer des jeunes femmes en les amadouant, jouant du fait d'être une femme pour instaurer la confiance en elle. "Je regrette tout ce qui s'est passé, mais écouter ça, ça me…", a-t-elle balbutié en début d'audience, selon les observations de la journaliste de Franceinfo Juliette Campion qui tweetait en direct du tribunal de Nanterre. Ne la voyant pas poursuivre et terminer sa phrase, le président lui aurait lancé "C'est tout ce que vous avez à dire ? Nous verrons ça plus tard."

Elle a évoqué le pacte criminel qu'elle a passé avec son ancien compagnon lorsque celui-ci était en prison. Au cours de leur longue correspondance Michel Fourniret demandait à Monique Olivier de lui trouver une victime vierge, tandis que lui promettait d'éliminer son ancien compagnon. "C’était un peu choquant mais disons que… c’était plutôt ridicule d’être à la recherche sans arrêt de la virginité", a-t-elle concédé à la barre. Mais pourtant, poussée par Didier Safar, elle a reconnu avoir "adhéré" à cette quête de virginité dans un simple "bah oui".

Au fil des interrogations de plusieurs heures, du président de la cour puis des avocats, Monique Fourniret a expliqué qu'elle était "incapable de [se] débrouiller toute seule" sans savoir "pourquoi…" dans sa relation avec le tueur en série, qui a duré de 1987 à 2003. "Il me faisait peur, des moments, il me regardait d'une façon assez sévère et une fois, lorsque j'étais dans la buanderie, lui était dans son atelier, je sentais de la peur", se souvient l'accusée citée par Juliette Campion. "Il me disait : 'Tu obéis, tu cherches pas à comprendre, obéis et c'est tout'", ajoute la septuagénaire dans son box.

"Il m'a utilisée", a assuré Monique Olivier à propos de celui qui était surnommé L'Ogre des Ardennes, selon Europe 1.

Monique Fourniret reconnaît tous les faits

À la question de si Michel Fourniret s'était déjà montré violent envers elle, l'ex-compagne a précisé que non, "mais il avait des paroles très méchantes". Elle ajoute qu'il "aimait bien (...) lorsqu'il y avait du monde à la maison, nous [elle et leur fils Selim, ndlr] rabaisser". Ce dernier, par ailleurs, "n'aimait pas son père", assure Monique Olivier. L'homme de 36, arrêté pour "tentative de viol" sur une mineure en juillet dernier, "était content", lorsque son père partait.

En 2003, l'accusée avait dénoncé Michel Fourniret aux enquêteurs, deux ans après l'arrestation de ce dernier. "Pourquoi ?", a demandé Didier Safar. "Parce que j'en avais assez, fallait que ça s'arrête tout ça. Il pouvait ressortir (de prison) il fallait que je sois aussi en prison", a-t-elle répondu. "Je ne suis pas innocente, je ne dis pas que je ne mérite pas la prison", a-t-elle admis. Puis, au deuxième jour de son procès, Monique Olivier dit reconnaître "tous les faits" qui lui sont reprochés.