Un documentaire important. À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le samedi 25 novembre 2023, Canal + a mis en ligne en avant-première la série documentaire Alexia, autopsie d’un féminicide, six ans après le meurtre d’Alexia Daval par son compagnon, Jonathann Daval, condamné depuis à 25 ans de réclusion criminelle. Isabelle Fouillot, la maman d’Alexia, a accepté d’ouvrir ses archives pour le documentaire, diffusé sur Canal + Docs le dimanche 26 novembre 2023, et à s’exprimer dans les médias pour rendre hommage à sa fille.
Une volonté d’humaniser les victimes de féminicides
Dans une interview accordée au Parisien le 25 novembre 2023, Isabelle Fouillot raconte comment est sa vie depuis la mort de sa fille, Alexia Daval. Plus de six ans après, la douleur est toujours vive. "Nos vies ne sont plus les mêmes, elles ont été massacrées aussi, explique-t-elle. Je n’ai plus d’objectif, ma vie n’a plus de sens, plus de goût, à part ma famille et le combat contre les féminicides. Cela ne nous empêche pas de sourire et de passer un bon moment de temps en temps. (…) La vie avait un sens avec mes deux filles. Il m’en manque une, Alexia. (…) La douleur est permanente. J’ai l’impression que le temps s’est arrêté pour nous".
Avec énormément de dignité, elle explique avoir accepté de participer au documentaire sur sa fille pour l’humaniser. "Le but est de raconter les faits et que les gens prennent conscience que, derrière chaque drame, il y a des familles. (…) On parle trop des criminels, pas assez des victimes toujours aussi nombreuses chaque année. Comme s’il y avait une fascination pour les meurtriers. C’est atroce pour moi quand j’entends des gens demander comment va Jonathann. Qu’est-ce que j’en ai à faire ? (…) Il n’y a qu’une réalité : Alexia et morte et il l’a massacrée".
Le combat d’une vie
Isabelle Fouillot a fait basculer l’enquête sur le meurtre de sa fille, en faisant avouer Jonathann Daval dans le bureau du juge. "J’ai reçu deux caisses de lettres de témoignages au moment du meurtre, explique-t-elle, et les personnes qui ont lu le livre (Alexia, notre fille, publié en 2021, ndlr) nous ont beaucoup écrit, disant qu’elles n’en revenaient pas de ce que nous avions vécu. Cela fait chaud au cœur que les gens comprennent, cela m’aide pour essayer d’avancer. Je me dis que ce qu’on fait n’est pas inutile car il y a toujours autant de féminicides qu’en 2017".
Après la sortie de Alexia, autopsie d’un féminicide, Isabelle Fouillot ne compte pas baisser la voix. "Je ne fais pas cela pour être dans la lumière. Le jour où la partie adverse arrêtera, j’arrêterai. Elle a sorti trois livres, rien n’est terminé. (…) Je pensais qu’après le procès, les choses allaient s’apaiser. Mais rien n’est fait, si ce n’est que Jonathann a pris 25 ans de prison".