D'après Santé Publique France, tous les ans, un million et demi de personnes souffriraient d'une intoxication alimentaire

Mais, si à domicile il est déjà relativement courant d'être empoissonné.e par un aliment ingéré, il semble que ce risque est multiplié quand on est à l'étranger.  

Les intoxications alimentaires sont plus fréquentes en voyage, notamment parce qu'on a tendance à moins suivre les règles d'hygiène, comme simplement se laver les mains”, confirme Dr Agathe Scemama, médecin généraliste, avant de préciser que ces affections se déclenchent "lorsqu’on ingère des aliments ou de l’eau contaminés par bactéries, virus ou parasites, dans des endroits où les normes d'hygiène et de propreté sont insuffisantes".

Du côté des symptômes, on note des crampes intestinales, des diarrhées, des nausées ou des vomissements. D'ailleurs, la diarrhée du voyageur (ou "tourista") représente la moitié des problèmes de santé en voyage, informe Vidal.fr.

Au total, elle gâcherait les vacances d'entre 25 et 60 % des personnes voyageant dans les pays tropicaux. Provoquée par la bactérie Escherichia Coli, cette intoxication bien connue n'est pourtant pas la seule qui menace notre tranquillité en congé.

Mauvaise hygiène, aliments mal cuits et eau contaminée : les causes de l'intoxication alimentaire

Salmonelle, amibes, staphylocoques dorés, E.coli, rotavirus … Selon l’endroit où l’on vit, les micro-organismes responsables des intoxications alimentaires diffèrent.

En France - plus généralement en Occident - quand les contaminations ne sont pas d’origines industrielles, elles peuvent découler d’une mauvaise hygiène à la maison, du dépassement des dates limites de consommation des produits ou d’une rupture de la chaîne du froid. 

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Mais à l’étranger, notre sensibilité aux bactéries, virus et parasites est exacerbée et la probabilité d’être confronté.e aux agents pathogènes s'accroît. “Par exemple, lorsque le climat d’un pays est plus chaud, cela favorise le développement des bactéries et la conservation des aliments peut être défaillante”, illustre la médecin généraliste. 

Non-respect de la chaîne du froid, cuisson médiocre ou exposition au soleil, mise à disposition d’eau contaminée, mauvaise hygiène des mains... Ces pratiques sont responsables de bon nombre d’intoxications chez les touristes. 

Mais certaines denrées présentent plus de risque que d'autres. Prudence donc face aux protéines animales, aux œufs crus, aux poissons et crustacés, ainsi qu'aux laitages. “Lorsque coupé avec un ustensile en contact avec des aliments ou de l’eau contaminée, un fruit peut aussi provoquer l'intoxication alimentaire. C'est pareil pour les glaçons ou l'eau du brossage de dents. Tout peut être un danger”, prévient le médecin. 

Simplement car, comme le rappelle Dr Scemama “notre microbiote est adapté à nos habitudes alimentaires”. Changer brutalement d’alimentation peut donc drastiquement chambouler notre système digestif.

Prévenir une contamination en prenant les bonnes habitudes

Mais pour s’en prémunir, les gestes sont simples. En matière d’hygiène, pas d’impasse possible sur le lavage de mains régulier (pour éviter tous types d'infections, le Covid-19 en tête de liste), "surtout après être passé aux toilettes". 

Niveau alimentation, on ne se risque pas à consommer des aliments si l’on n’est pas certain.e de leur méthode de conservation. “Pour la viande, mangez-en quand elle est bien cuite et devant vous”, conseille l’experte. 

Quant à l’eau - dont la consommation double en cas de fortes chaleurs  - il est préférable de boire celle que l’on achète en bouteille. Idem au moment du lavage de dents. Et quand ce n’est pas possible, Dr Scemama conseille d’emporter dans sa valise des pastilles filtrantes, car, "riches en ions d’argent, elles éliminent en moins de deux heures les bactéries, virus et protozoaires présents dans l’eau". "Il y a aussi des risques lorsqu'on se baigne dans de l'eau contaminée" (piscine non-filtrée, lac...), souligne-t-elle.

Dans le cas où les micro-organismes auraient déjà commencé leur chemin dans vos entrailles, les probiotiques “peuvent aider à rétablir une bonne flore dans le tube digestif”, informe la médecin. Ces “bonnes” bactéries ont pour mission de chasser les mauvaises, en les remplaçant dans le côlon. Ils sont notamment indiqués dans le traitement et la prévention des diarrhées.

J'ai une intoxication alimentaire à l'étranger : les bons gestes à adopter

Et selon les régions du monde, les risques liées aux intoxications alimentaires ne sont pas les mêmes. Si les contaminations à la salmonelle représentent un problème de santé publique dans toutes les régions du monde, comme le précise l’Organisation mondiale de santé, d’autres maladies comme “la fièvre typhoïde, le choléra ou celles dues à E. Coli” sont plus fréquentes dans les pays en développement. 

Et les conséquences d’une intoxication alimentaire varient en fonction de sa prise en charge. La "tourista", que l’on attrape généralement en Afrique, en Asie et en Amérique latine, se manifeste par des séries de diarrhées aqueuses, des nausées, douleurs abdominales et une perte d'appétit. Le plus souvent causée par la bactérie E. Coli, ce syndrome dit “cholériforme” nécessite une réhydratation rapide, mais reste sans danger. 

Le plus souvent bénigne, une infection à la salmonelle peut tout de même avoir des conséquences plus sérieuses. “Dans certains cas, elle peut infecter l’intestin et causer un syndrome dysentérique”, informe Dr Scemama. Cette intoxication alimentaire se manifeste par une diarrhée glaireuse et sanglante et nécessite un avis médical pour statuer de la prise éventuel d’antibiotiques. 

Selon un rapport publié mardi 9 janvier 2018 par Santé Publique France et relayé par Science et Avenir, “c’est la salmonelle qui a entraîné le plus de décès en France entre 2008 et 2013 avec 67 cas, soit 26 % du nombre de décès total” par toxi-infection alimentaire.

“La téléconsultation peut permettre au malade de temporiser, si la visite médicale est compliquée à l’étranger, mais il faut aller consulter au moindre doute”, assure le médecin.

Deux vaccins existent pour éloigner au maximum les risques, notamment celui contre la fièvre typhoïde - une autre suite de la contamination à la salmonelle. “Une seule injection de ce vaccin, dix jours avant le départ, suffit pour être protégé.e pendant trois ans”, informe le Dr Scemama, qui rappelle que les mesures hygiéno-diététiques doivent tout de même être conservées. 

Un vaccin est aussi disponible contre l'hépatite A, qui “se transmet lorsqu’une personne non vaccinée ingère quelque chose qui a été contaminé par les selles d’une personne infectée par le VHA". La vaccination doit être pratiquée "avec une dose de vaccin administrée au moins 15 jours avant le départ. Un rappel est recommandé 6 à 12 mois après la première dose", indique Vidal.fr.