Le Festival du Livre de Paris aura lieu du 21 au 23 avril 2023 dans la capitale. Cette année, elle célèbre "le livre et la lecture, sous toutes ses formes, pour tous les publics" mais aussi l'Italie. À cette occasion, Marie Claire raconte trois écrivaines de la Botte, Milena Agus, Giulia Caminito et Francesca Manfredi.

Leur pays, y est décrit à merveille et sans rien cacher dans leurs ouvrages en abordant les inégalités, la pauvreté, l'anarchisme, mais aussi la poésie...

Vidéo du jour
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Les fables sardes de Milena Agus

Presse / Daniela Zedda

L'âpreté de sa Sardaigne, Milena Agus en fait son miel. Corsé, solide, pas sirupeux mais réconfortant quand même, ce miel. Depuis le succès de Mal de pierres en 2007, adapté au cinéma par Nicole Garcia qui l'a transposé en Provence, elle nous régale en fables insulaires, où les affres du cœur, la presque folie des personnages et le monde extérieur, celui qui mugit au-delà de la mer, se tuilent joliment, du moins sans fracas.

Sens dessus dessous radiographiait un immeuble de Cagliari, la grosse ville de l'île, et ses habitant·es truculent·es, Terres promises entremêlait les rêves de fuites et de retour au pays, tandis qu'Une saison douce, son dernier roman (2021), imaginait la rencontre d'abord hostile, puis tendre, entre un groupe de migrant·es et des villageoises qui n'ont jamais rien vu d'autre que leur village.

Sans jamais tomber dans la guimauve des bons sentiments, sans rien éluder des rapports de genre, classe et race, l'autrice y poétise tout ce que la débrouille, de part et d'autre, produit. Un simple potager collectif, alors, prend les dimensions d'un jardin d'Éden.

Tous ses ouvrages sont édités par Liana Levi. Traduits par Marianne Faurobert : Une saison douce, Terres Promises, Sens dessus dessous. Traduit par Dominique Vittoz : Mal de pierres.

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Les révoltes sociétales de Giulia Caminito

Archivissima

Avec Un jour viendra, son premier roman, Giulia Caminito rendait un hommage cryptique à son grand-père anarchiste : il y était question, avec les collines des Marches en arrière-plan, de la domination des possédants sur les paysans, des masculinités en construction de deux frères que tout oppose mais qui s'adorent, d'un couvent qui domine le tout peuplé de nonnes de caractère.

La même puissance politique, la même rudesse, la même fantaisie aussi, bouillonnent dans L'Eau du lac n'est jamais douce, son deuxième opus paru l'an dernier qui se déploie sur les bords tristounes du lac de Bracciano, en grande banlieue de Rome. Gaia, narratrice au prénom tellurique, est une ado qui grandit dans une famille pauvre, étudie dans un collège petit-bourgeois, subit du coup les brimades de ceux qui ont pour eux mobylettes et baskets neuves.

Caminito nous fait le récit d'une colère qui monte, laquelle se traduira en coups de raquette de tennis ou carambolage d'autos tamponneuses. En filigrane, un plaidoyer pour la rébellion des filles.

Tous ses livres sont édités par Gallmeister et traduits par Laura Brignon. L'Eau du lac n'est jamais douce, Un jour viendra.

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Les univers insolites de Francesca Manfredi

Presse

Qu'est-ce qu'Un bon endroit pour vivre, titre de la nouvelle phare du recueil éponyme de Francesca Manfredi ? En l'occurrence une malle en bambou, où l'on enferme des lapins, lesquels s'en foutent et grignotent leur habitat. Et les autres textes de ce recueil, paru cet hiver, sont à l'avenant : vaguement sinistres, presque cocasses, d'une langue qui se tient génialement à la lisière des choses.

On y croisera un père de famille obsédé par un rat que lui seul entend et qu'il traque en secret dans sa cave, une fillette qui teste l'emprise qu'elle pourrait avoir sur une autre dans les tréfonds d'une cabane à outils…

Après L'Empire de la poussière, premier roman centré sur une vieille bâtisse de campagne où vivent recluses trois générations de femmes, l'autrice trentenaire installe un peu plus dans le paysage italien son goût pour les lieux perdus et les fêlures intimes qui ne disent pas leur nom.

Tous ses romans sont édités par Robert Laffont et traduits par Lise Caillat. Un bon endroit pour vivre. L'Empire de la poussière.

Cet article a initialement été publié dans le magazine Marie Claire numéro 848, daté mai 2023.

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