Mai, mois de l’absentéisme scolaire ? Selon un sondage publié le 24 avril 2018 par Opinion Way pour Homair, une entreprise d'hôtellerie de plein air, 1 Français sur 2 ayant au moins un enfant, ne verrait aucun inconvénient à faire manquer l’école à son ou ses enfant(s) pour partir en vacances (ou en week-end prolongé).

Mais est-ce vraiment raisonnable ? Qu’est-ce que cela implique pour l’élève ? Comment les professeurs gèrent-ils lors de ce mois particulier ? Et pour finir, existe-t-il des sanctions pour ces parents qui n’hésitent pas à désobéir au système scolaire ?

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Des absences qui pénalisent les enfants en difficultés

Pour commencer, on rappelle que "l’assiduité aux enseignements obligatoires prévus à leur emploi du temps est un des devoirs des élèves. Les vacances prises par les parents en dehors des congés scolaires fixés par le calendrier scolaire national ne constituent pas un motif légitime d’absence. En effet, il n’est pas possible d’envisager des vacances "à la carte", qui perturberaient le fonctionnement de la classe et nuiraient à la scolarité"selon le portail Eduscol de l’éducation nationale - destiné aux professionnels de l’enseignement. Mais la loi ne semble pas obligatoire pour tous les parents, qui prennent des libertés avec l'agenda officiel.

A tort selon les professeurs. "Cet absentéisme dû aux ponts, a un impact direct sur la vision de l’enfant sur l’école", explique Antoine, professeur des écoles en région parisienne . “Cela revient à dire à son enfant qu’un séjour chez Eurodisney ou chez les grands-parents, c’est plus important que d’apprendre ses leçons”, ajoute-t-il. Sans compter que, si l’absence n’a peu ou pas d’impact sur les élèves performants, c’est tout l’inverse pour ceux qui sont en difficulté. “Moi, à partir de 4-5 absents (sur une vingtaine d’élèves, ndlr), je privilégie les révisions et consolidations des acquis pour ne pas larguer les absents. Ou encore les cours qui nécessitent des travaux en demi-classe par exemple. Mais on ne peut pas non plus tout arrêter sous prétexte que certains sont en week-end prolongé”, analyse-t-il.

La multiplication des cas au mois de mai

Quand on lui demande si cela est “grave” pour les élèves - qu’ils soient absents ou qu’ils fassent partie de ceux qui restent - cet instituteur répond “pas vraiment”. “Si les absences restent exceptionnelles, cela n’a pas vraiment d’impact mais c’est la multiplication des cas qui peut se révéler gênant. “Ce n’est pas rare par exemple de finir l’année avec un quart ou un tiers des élèves absents la dernière semaine. C’est compréhensible, les billets sont moins chers, mais  “ça influence aussi forcément le respect de notre métier de prof”. 

Cet absentéisme dans les écoles au mois de mai est connu et prévisible, d’une année sur l’autre, selon les calendriers des vacances scolaires. D’ailleurs dès le mois de septembre, certaines académies telles que Nantes, Rennes ou Caen, avaient décalé les vacances pour pallier les trop fortes absences.

Des sanctions pénales possibles ?

Théoriquement, le fait de faire rater l’école aux enfants - sans justificatif valable - serait ainsi susceptible d’entraîner des sanctions pour les parents pontistes. “L’inspecteur d’académie-directeur académique des services de l’éducation nationale peut en effet saisir le procureur de la République qui jugera des suites à donner : une amende correspondant à une contravention de la 4e classe (135 euros) ou dans les cas les plus graves, assimilés alors à une carence éducative des parents, une peine d’emprisonnement de deux ans et 30 000 euros d’amende, ainsi que le stipule l’article 227.17 du code pénal”, explique le journal Sud Ouest.

Outre les sanctions, la question de l’exemple se pose enfin. Quel message donne-t-on à ses enfants sur l’importance de l’école ou le statut du professeur ? D’autant que certains parents n’hésitent pas à mentir sur la raison de l’absence. Quel que soit l’âge de son enfant, la leçon qu’il va en tirer peut être lourde de conséquences à l’avenir.

*Le sondage a été conduit en ligne début avril auprès de 1016 personnes représentatives de la population française âgées de 18 ans et plus.