"Quelle curieuse atmosphère que celle d'octobre. La lumière diminue peu à peu, elle entraîne nos cœurs vers l'obscurité. L'été est déjà loin. Le travail s'accumule. Les nouvelles s'habillent d'anxiété.

Et nos cheveux sont mouillés par la pluie. Pour un peu, on se laisserait happer par toutes ces ombres qui rôdent, par une mélancolie flirtant avec la morosité. Et si on restait dans notre lit, à attendre que tout cela passe ?

Certains jours, la tentation est grande, mais est-ce ainsi que nous voulons percevoir nos couleurs d'automne ? Souhaitons-nous réellement être aspirés par des contrariétés qui ne dépendent pas de nous ? Est-ce que notre seule manière d'être au monde est de le subir avec fatalité ? Sans doute qu'il se cache, dans nos cœurs, d'autres perspectives.

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La joie est une émotion vive

Peut-être qu'il est temps de nous rappeler que la flamme estivale brûle encore en nous et que son intensité est capable de réchauffer nos corps. Et si au lieu de flancher, nous reprenions le chemin de la joie ? La joie est une émotion vive, souvent accompagnée d'un sentiment de plénitude. On l'éprouve lorsque nos désirs et nos besoins sont satisfaits. La joie se distingue du plaisir par sa durée et son intensité, mais aussi du bonheur, qui n'est rien d'autre qu'un idéal parfois inaccessible.

Elle correspond, chez Bergson, à l'élan vital, celui issu d'un monde qui “s'invente sans cesse”. Elle est ce sentiment qui naît chez l'individu conscient d'avoir amené quelque chose de viable à la vie. Qu'il s'agisse d'un enfant, d'un projet, d'un plat, d'une œuvre d'art, d'une entreprise, d'une idée, d'une histoire, d'un amour, d'un mouvement, peu importe, c'est la puissance de voir que ce qui n'était pas, est devenu.

“Partout où il y a joie, il y a création : plus riche est la création, plus profonde est la joie”, écrit-il.

Qu'est-ce qui nous rend joyeux ?

Alors, n'est-ce pas le moment de nous demander : qu'est-ce qui nous rend joyeux ? Quelles sont les tâches, les pratiques, les instants qui éveillent dans notre cœur cette émotion commune à aucune autre ? Qu'avons-nous besoin et envie de créer ? Qu'attendons-nous pour le faire ?

Et aussi, qui sont les gens dont la présence nous égaye, nous transporte, nous illumine ? Quelles relations méritent qu'on les bâtisse à grand renfort de rires, d'attentions, de temps, de sentiment ?

La joie n'est pas un sédatif, elle n'oublie pas le monde, mais elle nous aide à le contempler avec tendresse, même dans les contraintes, même sous la pluie d'octobre. Je nous souhaite un ouragan de joie".

Chronique publiée dans le magazine Marie Claire 842