Covid-19 : faut-il prendre de la vitamine D pour se protéger du virus ?

Par Marie-Émilie Hugoni
experts covid vitamine D
73 experts appellent à supplémenter l’ensemble de la population française en vitamine D pour réduire l’infection à la Covid-19 et limiter les formes graves. Explications.

De plus en plus d’études scientifiques mettent en avant le rôle de la vitamine D dans la prévention des formes graves de la Covid-19. Si elle ne peut se substituer à la vaccination, elle aiderait toutefois à limiter les infections respiratoires et permettrait aux patients de se remettre plus rapidement.

C’est pourquoi 73 experts francophones et six sociétés savantes nationales réunis autour du Pr Cédric Annweiler, chef du service de gériatrie au CHU d’Angers et du Pr Jean-Claude Souberbielle du service d’explorations fonctionnelles à l’hôpital Necker-Enfants malades à Paris, appellent à supplémenter l’ensemble de la population française en vitamine D, dans un article publié en ce début d'année 2021 dans La Revue du praticien.

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Supplémenter la population en vitamine D, une mesure simple et sans danger

Comme l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) le rappelait en avril, la vitamine D joue un rôle essentiel dans la qualité du tissu osseux et musculaire ainsi que dans le renforcement de notre système immunitaire.

Au printemps dernier, une étude de l'université Northwestern aux Etats-Unis, notait également l'importance de la vitamine D. L'équipe de chercheurs est partie du principe que la différence dans les taux de mortalité des différents pays touchés par la Covid-19 ne pouvait pas uniquement s'expliquer par la répartition des âges dans la population ou la qualité des systèmes de santé.

En se penchant sur les données statistiques, ils ont alors noté une corrélation entre le taux de mortalité et une carence en vitamine D. Conclusion : les personnes présentant une carence ont deux fois plus de risques de développer une forme grave de la Covid-19.

D’après leurs travaux, la carence en vitamine D serait également à l'origine du fameux "orage de cytokine", cette réaction de défense immunitaire disproportionnée qui va jusqu'à provoquer le décès chez certains patients atteints du virus.

Les 73 experts francophones appellent ainsi à distribuer de la vitamine D aux personnes contaminées "à forte dose, et ce dès le diagnostic de la Covid-19 posé". Mais également à promouvoir "à grande échelle la supplémentation en vitamine D", aux vues des insuffisances "retrouvées chez 40 à 50% de la population française et plus encore chez les personnes à risque de formes graves de Covid-19".

Une mesure jugée "sans risque" si les doses sont adaptées, et qui de plus apparaît "simple, sans danger, peu coûteuse, remboursée par l’Assurance maladie". 

La vitamine D, une arme de plus face au virus ?

L'appel précise bien que la vitamine D n'est pas un remède miracle, ni "une arme du même niveau que la vaccination ou les gestes barrières", mais bien "un adjuvant utile pour contribuer à prévenir l’infection par le SARS-CoV-2, mais aussi et surtout le risque de formes graves de la Covid-19, de passages en réanimation et de décès liés à ce virus". 

Selon eux, "la vitamine D est capable d’activer ou de réprimer plusieurs dizaines de gènes, et peut ainsi théoriquement prévenir et/ou améliorer les formes graves de Covid-19". Elle peut ainsi moduler "l’expression de l’ACE2 (utilisé par le virus pour infecter les cellules hôtes). L’ACE2 a des effets protecteurs contre l’inflammation dans plusieurs organes, dont les poumons".

"Ça peut être une arme de plus face au virus, ce serait dommage de s'en passer", explique le professeur Cédric Annweiler, chef du service de gériatrie au CHU d'Angers, qui est à l'origine de l'appel. 

"Des études françaises ont montré que chez les personnes âgées, celles qui reçoivent régulièrement des suppléments de vitamine D ont un risque diminué de 90% de faire une forme grave si elles contractent l'infection. Vu la situation de l'épidémie, même si ça ne remplace ni les vaccins ni les gestes barrières, ce serait dommage de se priver de cette arme supplémentaire", ajoute-t-il.

Le problème, notent les experts, est que le manque de lumière et de chaleur, en hiver font que notre corps ne produit plus assez de vitamine D. Il faut donc aller en chercher ailleurs. Pas forcément dans les compléments alimentaires accessibles en libre-service et peu efficaces, mais dans des ampoules de vitamines D, disponibles uniquement sur ordonnance.

Raison pour laquelle les signataires en appellent aux médecins de ville, afin qu'ils prescrivent la prise de vitamine D à un maximum de personne. C'est eux qui pourront déterminer en fonction des habitudes alimentaires ou de la masse graisseuse de leur patient notamment, la quantité de vitamine dont ils ont besoin.

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