Il fait chaud et vous descendez des litres et des litres d'eau pour rester hydraté.e… et votre fréquence de passage aux toilettes peut battre tous les records ! Cela n'a rien de surprenant. Mais il arrive aussi que les envies d’uriner soient plus nombreuses que d’ordinaire, sans pouvoir l’expliquer.

Ce qui a tendance à angoisser les personnes concernées. "C’est rare que les personnes consultent un urologue parce qu'elles n’urinent pas assez souvent, ajoute le Dr Jacques Bron, chirurgien urologue. En moyenne, on admet que les gens vont uriner entre 4 et 8 fois par jour, et on estime qu’il est normal de se lever au moins une fois par nuit", tranche-t-il. Un chiffre qui augmente naturellement avec l’âge, ajoute-t-il.

Au-delà, l’urologue invite à s’interpeller, mais rassure d’emblée : "Uriner trop souvent, c’est rarement pathologique". 

La pollakiurie, ou l'envie fréquente d'uriner

Ce syndrome porte d’ailleurs un nom : la pollakiurie - et sa version nocturne, la nycturie -, que l’Assurance maladie définit sobrement comme une "envie fréquente d’uriner", associée à de potentielles fuites et brûlures urinaires. "Dans les cas les plus sévères, la personne va uriner toutes les 15 à 20 minutes, et très peu à chaque fois", peut-on lire.

N’importe qui l’a déjà expérimenté, surtout les potomanes : plus on boit, plus on urine. C’est mathématique. Dans ce cas précis, la pollakiurie peut être liée à un "trouble de l’absorption des liquides", qui est bénin, rassure le Dr Bron. 

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Mais de son expérience d’urologue, la pollakiurie est plus souvent le symptôme d’une hypersensibilité de la vessie, un syndrome encore tabou car associé à l’incontinence urinaire. Selon un article publié dans la Revue du Praticien, ce trouble concerne pourtant 10 à 17 % de la population générale, avec une majorité de femmes et de personnes âgées de plus de 75 ans.  

"La vessie se laisse moins remplir que la normale, donc l’envie d’évacuer va survenir pour de faibles quantités. Les personnes touchées ont des besoins d’uriner rapprochés et urgents. Ça peut empoisonner leur vie sur le plan social, intime et professionnel, car ils ont besoin d’anticiper leurs mictions, et ont parfois des fuites", détaille-t-il.

D’ailleurs, vous avez sans doute remarqué que votre mère - ou n’importe qu’elle femme de sa génération - a des besoins plus fréquents et urgents de passer aux toilettes que le reste de la famille ? Pour l’Assurance maladie, cela n’a rien d’un mythe : l’hypersensibilité vésicale serait en effet plus fréquente chez les femmes de plus de 40 ans. "On ne sait pas vraiment pourquoi", ajoute l’urologue. 

C’est un trouble connu des femmes enceintes, qui sont 59 % à le subir en début de grossesse, puis 81 % en fin de dernier trimestre. "Elle est due aux changements hormonaux et à la pression de l’utérus sur la vessie et elle cesse après l'accouchement", est-il expliqué sur le site de la Sécurité sociale.

Chez l’homme de plus de 50 ans, se lever plus d’une fois la nuit est souvent liée à une hypertrophie bénigne de la prostate, ajoute le spécialiste. 

Les maladies qui peuvent se cacher derrière une envie fréquente d'uriner

Plus rares, les causes pathologiques d’une pollakiurie existent pourtant bel et bien. Dans les cas les moins alarmants, une envie plus fréquente d’uriner peut faire suite à une exposition prolongée au stress. C’est aussi un symptôme très connu de l'infection urinaire, qui s’accompagne généralement de mictions douloureuses.

Plus inquiétant, une pollakiurie peut aussi cacher la présence de calculs dans la vessie. Comme l’indique le Manuel MSD, il s’agit de "particules solides dans l’appareil urinaire" se formant dans les reins à partir de cristaux présents dans l’urine, provoquant frissons, fièvre, brûlures lors des mictions et gonflement abdominal.

Des envies trop fréquentes d’uriner sont aussi à surveiller, car elles peuvent être symptomatiques d’un cancer de la vessie, qui compte 13 000 nouveaux cas par an en France. En général, il est détectable par la présence de sang dans les urines et/ou des douleurs pelviennes. 

Enfin, les urgences mictionnelles peuvent aussi être liée à un dysfonctionnement lié à "une atteinte du système nerveux", qui peut survenir dans le cadre d’une sclérose en plaques, d’une maladie de Parkinson ou à la suite d’un accident vasculaire cérébral (AVC).

Attention : la pollakiurie n’est pas à confondre avec la polyurie. Symptôme typique du diabète de type-1, elle correspond à des urines abondantes, dont le volume total excède les 3 litres par jour. "L’excès de sucre dans le sang va passer dans les urines. Pour éliminer, l’organisme va produire plus d’urine pour diluer le sucre", explique l’urologue.