Peut-on attraper un rhume émotionnel ? Pour Haley Nahman, rédactrice en chef adjointe du site Man Repeller, la question ne se pose plus. Dans un billet publié le 10 octobre 2018, la jeune femme raconte comment sa thérapeute lui a diagnostiqué un rhume émotionnel, comprendre “un coup de froid affectif”. Hypocondriaque comme je suis, le titre de cet article m’a évidemment interpellée.

Et si de prime abord l’appellation fait sourire - ou lever les yeux au ciel, c'est selon -, elle met finalement en lumière les liens qui existent entre les émotions et le corps humain. “Il y a deux lectures concernant ce rhume émotionnel :  on peut aussi parler de coup de froid des émotions, qui fait plutôt appel à un blocage, ou alors de la somatisation, soit les émotions négatives qui sont à l’origine de maladies comme une angine ou un rhume”, avance la psychothérapeute Emma Scali.

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Le coup de froid émotionnel

C’est précisément de la première catégorie de rhume émotionnel dont parlait Haley Nahman dans son article sur manrepeller.com, qu’elle qualifiait alors de “coup de froid émotionnel” (aka “emotional cold”). Pour la jeune femme et son thérapeute, cette appellation fait en réalité référence à un rhume mais uniquement mental. Pas de nez bouché, de mal de crâne ou de fièvre : uniquement un moral en berne et une incapacité à gérer ses émotions, voire même à les ressentir. Une forme de spleen ou de coup de déprime, due à la saisonnalité (merci l’automne) ou à un choc émotionnel comme peuvent l’être certaines ruptures amoureuses ou la perte d'un être cher.

Les symptômes de ce rhume émotionnel ? Une envie de rien faire, des difficultés à se mouvoir, une incapacité même à voir la vie du bon côté ou à ranger son appartement (ou sa chambre)… Des symptômes qui finissent par se dissiper d’eux-mêmes, après une bonne nuit de sommeil ou un week-end à ne rien faire. “Ce coup de froid émotionnel fait généralement suite à un choc ou à un trop-plein d’émotions, et permet à l’individu d’éviter de souffrir, du moins un temps”, analyse Emma Scali, qui insiste sur le caractère inconscient de ce mécanisme de défense. L’exemple des ruptures amoureuses est parfait pour comprendre cette sensation de coup de froid émotionnel : après s’être séparé(e) de l’être aimé, on n’a souvent du mal à se reconnecter à ses sentiments, le temps de réparer son coeur brisé.

Les émotions peuvent-elles être la cause d’un rhume ?

Seconde lecture donc de ce rhume émotionnel : la somatisation de conflits internes ou externes, qui seraient à l’origine pour plusieurs spécialistes de certaines maladies. En s’appuyant sur diverses études prouvant les liens étroits qui existent entre les émotions et le corps, des chercheurs tendent à considérer que les émotions négatives peuvent être à l’origine d’un rhume ou d’une angine.  “C’est une forme de refoulement ou de déplacement”, décrypte Emma Scali. “Pour certains, un mal de gorge serait en fait l’expression psychosomatique d’une pensée qu’on n’arrive pas à exprimer. Même chose, un rhume sera l’expression physique d’un individu qui se sent étouffer dans sa vie professionnelle ou sentimentale”, poursuit la spécialiste, qui tempère toutefois ses propos en ajoutant que certains esprits cartésiens réfutent complètement ces hypothèses.

C’est vrai que c’est difficile de croire qu’une sinusite n’est due qu’à l’expression somatique d’un stress psychique, sans action directe de bactéries, de virus ou d’allergènes. La psychothérapeute apporte alors une explication bien plus intelligible, même par les plus rationnels. “Outre la somatisation, on peut établir un lien entre les émotions et un rhume, pas tout à fait direct mais réel. Si les émotions négatives ne peuvent pas “créer” de toutes pièces un rhume, elles affaiblissent le système immunitaire de l’individu car elles le fatiguent et donc, il ou elle est plus susceptible d’attraper un virus”, expose-t-elle. Beaucoup plus logique, non ?

Une raison supplémentaire de faire attention à sa santé mentale autant qu'à sa santé physique.

* Emma Scali, psychopraticienne intégrative et coach de vie à Paris. Auteure de"Mon journal d'écriture-thérapie, je deviens le héros de ma vie" - Ed. Hugo&Cie.