1/10

Soumission, de Michel Houellebecq

dr

Ce roman, qui a dominé les ventes dans plusieurs pays, peut se lire au premier degré, avec suspense en prime. François, prof de 44 ans, célibataire, adepte du micro-onde, de YouPorn et d'une sexualité branchée sur le courant alternatif avec ses étudiantes, osera-t-il être heureux avec Myriam ? Et devant l'élection d'un président musulman en France, va-t-il se convertir à l'islam pour booster sa carrière, et devenir un « collabo » ? Au-delà, ce roman est une fable sur le cynisme de notre société et son besoin contradictoire de religion.

G. CH.

Ed. Flammarion, 21 €.

2/10

Une vie comme une autre, de Darcy O'Brien

dr

Une vie comme une autre ? Enfin, pas tout à fait… Darcy O'Brien fut le fils d'un acteur hollywoodien célèbre avant-guerre et d'une mère comédienne portée sur les hommes et l'alcool… Pour l'enfant élevé par deux fêtards aussi irresponsables qu'attachants, l'existence passe vite du conte de fées au règlement de comptes. Les meubles volent, la mère convole, le père s'envole et le fils console. Darcy O'Brien raconte – très bien, et avec un humour glaçant – cette enfance en zigzag avec, au casting, les monstres sacrés de l'époque. Succulent.

F. G.

Ed. du Sous sol, 19 €.

3/10

Et tu n'es pas revenu, de Marceline Loridan-Ivens

dr

En 1943, Marceline a 15  ans et s'appelle Rozenberg quand elle est déportée avec son père adoré, Salomon, à Auschwitz. Un jour, au camp, Salomon réussit à faire parvenir une lettre à sa fille. Des mots d'amour et d'espoir que Marceline, plongée au cœur de l'enfer, engloutit et efface pour ne pas être vulnérable, car « là-bas, on gèle de l'intérieur pour ne pas mourir ». Soixante-douze ans plus tard, elle lui répond. Et ses mots à elle nous bouleversent.

C. D.

Ed. Grasset, 12,90 €.

4/10

Mauvais sang ne saurait mentir, de Walter Kirn

dr

Dans ce récit véridique, l'auteur convoie une chienne du Montana à New York, afin de la remettre à son acheteur, Clark Rockefeller. Membre de la lignée de milliardaires américains, cet original va se lier d'amitié avec l'écrivain, qui n'apprendra que des années plus tard que c'était un psychopathe, un imposteur et un assassin. Walter Kirn essaie, entre autres, de répondre à cette douloureuse question : quels sont, chez moi, les défauts peu reluisants qui expliquent cette amitié et l'incroyable naïveté dont j'ai fait preuve ?

G. CH.

Ed. Christian Bourgois, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Eric Chédaille, 21 €.

5/10

Dingue de la vie & de toi & de tout, de Neal Cassady

dr

Il était le pouls de la beat generation, leur « maître à tous », a écrit Allen Ginsberg. Beau, écrivant sa vie avec ses tripes. Hétérosexuel et amant de jeunesse de Ginsberg, ami de Jack Kerouac, qui lui inspire Dean Moriarty dans « Sur la route ». La correspondance de Neal Cassady est une épopée transaméricaine, menée à fond, dope, femmes, bagnoles. Ça pulse, et c'est bon comme un roman qui régénérerait notre époque monochrome. Ce second recueil de lettres – de 1951 à 1968 – surgit comme un phare dans la brume, un an après le premier (19441950).

C. C.

Ed. Finitude, 22 €.

6/10

Jours tranquilles, brèves rencontres, d'Eve Babitz

dr

Sur la photo la plus connue de l'auteure de ce petit livre irrésistible, elle joue nue aux échecs contre Marcel Duchamp. En 1963, Eve Babitz a 20 ans, elle est belle et joue plus souvent sa vie aux dés qu'aux échecs. Fille du soleil californien et d'un couple d'artistes, elle collectionnera, dans les années 60 et 70, les amants, de Jim Morrison à Harrison Ford. Eprise de liberté, d'amour et de fêtes, elle raconte, telle une Sagan de Sunset Boulevard, quelques tranches de sa vie foutraque et chic, où le rire habille subtilement l'émotion.

G. CH.

Ed. Gallmeister, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Gwilym Tonnerre, 11 €.

7/10

Ca aussi, ça passera, de Milena Busquets

dr

« Le contraire de la mort, ce n'est pas la vie, c'est le sexe. » Voilà pourquoi Blanca, alors que sa mère entame à l'hôpital son dernier voyage, s'embarque dans des corps à corps dédiés à la seule activité qui puisse vaincre le néant. Tout au long de ce petit livre magique, pour recoller les morceaux et prolonger la vie, elle parle à celle qui, bientôt, n'est plus. Lui raconte l'été qu'elle va passer dans la maison familiale de Cadaqués, où elle part s'installer avec enfants, amant et ex-maris. Ce livre solaire, d'une nostalgie discrète et d'un charme infini, invite au beau mariage du corps et de l'esprit.

G. CH.

Ed. Gallimard, traduit de l'espagnol par Robert Amutio, 16,50 €.

8/10

La cigale du huitième jour, de Mitsuyo Kakuta

dr

L'auteure de ce road movie japonais, sur une jeune femme partie en cavale avec le bébé qu'elle vient de kidnapper, partage les qualités communes à de nombreux romanciers nippons : un sens du raccourci étonnant, une façon d'aller au plus simple et au plus profond qui rend tout clair sans en effacer le mystère. Pris par l'action, on suit, le souffle court, les aventures de cette mère de substitution et de son bébé volé, entre lesquels se tisse une véritable relation d'amour. Un coup de théâtre, qui n'est pas nô, ouvre la seconde partie de ce long roman envoûtant, qu'on trouve beaucoup trop court.

G. CH.

Ed. Actes Sud, 22,80 €.

Vidéo du jour
9/10

Temps glaciaires, de Fred Vargas

dr

Avis à toutes les fans du commissaire Adamsberg : cet été, n'hésitez pas à plonger dans sa nouvelle aventure. Vous l'y retrouverez égal à lui-même, mystérieux et familier. Doté cette fois d'une double intrigue, le dernier Fred Vargas arbore une palette de personnages riches, humains et bien fouillés auxquels on ne peut que s'attacher, avec quelques détails inédits et surprenants. Bien entendu, impossible de lâcher ce polar avant d'avoir tourné la dernière page… même, et surtout, pour qui n'aime pas les polars.

C. R.

Ed. Flammarion, 19,90 €.

10/10

Tram 83, de Fiston Mwanza Mujila

dr

La Ville-Pays pourrait être Lumumba, Kinshasa ou Lagos, mise en pièces par la cupidité, éventrée par les appétits miniers, mise à prix, dépouillée. Le Tram 83, bar-boîte de nuit-bordel, avale chaque soir les filles à seins grosses tomates, les malfrats en mal de sexe, les ventres vides, les assoiffés. Parmi cette faune de menteurs, Lucien, écrivain incertain, balade son calepin avec un insuccès manifeste. Ça magouille, ça baise, ça vit, c'est l'Afrique dépecée-indomptée, écrite à pleins poumons, prise dans les rapides d'une langue baroque et délirante.

C. C.

Ed. Métailié, 16 €.

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