« Elle écrit comme elle vit : elle court, elle court », disait d’elle Françoise Giroud. Pendant trente ans, ce fut une des grandes plumes de Marie Claire. Michèle Manceaux qui vient de disparaître, a bousculé la façon de mener les entretiens en refusant complaisance ou promo déguisée, deux plaies du métier. Cette femme à l’œil perçant, volontiers acerbe et parfois cruelle lorsqu’elle estimait que cela se justifiait, se fait connaître à Marie Claire à partir de 1978 grâce à sa façon unique d’interviewer ceux que l’on n’appelait pas encore des people mais plus joliment des célébrités.

Les grands entretiens de Michèle Manceaux vont rapidement devenir culte au point où certaines lectrices se précipitent sur Marie Claire pour entendre sa « voix » si particulière. La patte Manceaux ? Des rencontres au long cours tissées de confidences en confiance, de traits d’esprit, de fulgurances, d’intimité consentie. Michèle arrive à faire parler « ses » stars : toutes ces célébrités du cinéma, de la musique, du théâtre et des livres qui se livraient à elle avec un enthousiasme contagieux même si ce n’était pas sans risque. Les questions parfois se font aussi inquiétantes qu’un lâcher de flèches au curare…

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Mais on ne retient surtout qu’une chose : l’impression d’avoir partagé pendant quelques pages des confidences jamais avouées, parce que pas toujours avouables… Ecrivaine de talent, Michèle Manceaux est aussi réputée pour son engagement féministe. Elle signe sans hésiter en 1971, le Manifeste des 343 salopes pour la légalisation de l'avortement et participe à beaucoup de combats progressistes. Michèle restera surtout celle qui avait trouvé les clés pour ouvrir des portes interdites au public. Tout un art. Celui des plus grand(e)s.  

Son dernier livre publié : « La dernière à gauche en montant », éditions Nil, 2010