Quelles sont les hormones de nos hommes ?

Nous, on a nos lubies, nos cycles, notre poids yoyo et nos propres hormones…Et lui ? Quinze questions (très intimes) pour mieux le comprendre et le supporter lui et ses hormones !

Y a-t-il plusieurs hormones mâles (androgènes) ?  

Oui, mais la plus connue et la plus significative est la testostérone, sécrétée au niveau des testicules. A la puberté, ces androgènes sont responsables du développement des caractères sexuels masculins (croissance du pénis, érection, éjaculation, modification de la voix, pilosité, développement des muscles, etc.), mais aussi du comportement psychologique et de la sexualité masculine (le désir sexuel notamment).

A l'âge adulte, la sécrétion de testostérone permet le maintien et le bon fonctionnement de tous ces caractères sexuels. Avec le temps, il peut exister une baisse d'androgènes qui entraîne une diminution des caractères sexuels et un assoupissement de la libido. Les androgènes sont également des anabolisants bien connus (utilisés pour augmenter la masse musculaire). Ils sont aussi les précurseurs de tous les œstrogènes (hormones féminines).

Donc, ils fabriquent des hormones femelles? 

Oui, leurs hormones mâles en excès sont automatiquement transformées en œstrogènes. Tandis que chez la femme, c'est la glande surrénale, située juste au-dessus des reins qui produit de faibles quantités d'hormones mâles (testostérone).

Est-ce qu'ils ont leurs cycles ? 

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"Non, pas de tempo cyclique, pas de règles, pas de syndrome prémenstruel, mais ils connaissent un cycle de fabrication des spermatozoïdes de 72 jours ad vitam, explique l'andrologue et psychosomaticien Sylvain Mimoun, voilà pourquoi lorsque le médecin demande un spermogramme lors des bilans de fertilité, il refait cet examen trois mois plus tard, pour voir si le nouveau cycle est comparable." 

Ont-ils des sautes d'humeur comme nous ?

Non, leur taux de testostérone peut fluctuer dans une même journée sans variation d'humeur ou de fatigue. "L'hormone est à son niveau maximal le matin, ce qui est sans doute à mettre en relation avec l'érection au réveil", remarque toutefois le docteur Sylvain Mimoun.

Pourquoi la puberté des garçons est-elle plus "hard" que celle des filles ? 

Vous envoyez votre enfant de 13 ans en vacances, il ne pense qu'au foot, quelques semaines plus tard, il est obnubilé par les filles. "A la puberté, les garçons voient leur flux de testostérone parfois multiplié par dix-huit en trois ou quatre mois. Ils éprouvent alors l'éruption du désir presque comme un trauma. Pour les filles, ce mouvement est plus soft, la synthèse de testostérone est multipliée par trois ou quatre maximum, mais en deux ou trois ans. Elle varie selon les adolescentes", explique le neuropsychiatre Boris Cyrulnik

Physiologie  :Comment les hormones influencent-t-elles les hommes ? 

Nos amants gonflés en androgènes ont-ils un plus gros pénis, sont-ils plus performants et plus désirants ?

Encore un mythe qui s'effondre ! "La taille du pénis dépend essentiellement des caractéristiques génétiques, et à l'âge adulte, les hormones mâles n'ont rien à voir là-dedans. Ni dans le plaisir sexuel, même si les hommes gâtés par la nature sont a priori plus confiants et sûrs de leur virilité. Les performances au lit n'explosent pas davantage avec les hormones mâles circulantes. En revanche, question désir, oui, plus il a de la testostérone, plus sa libido grimpe", explique le docteur Antoine Lemaire, sexologue et endocrinologue (CHRU de Lille).

Mais comme l'observe Sylvain Mimoun : "Ce qui importe pour un rapport réussi, et ce, quelle que soit la taille du pénis, c'est avant tout la dureté de la verge, la qualité du jeu sexuel, la force du fantasme. Les mots suffisent bien souvent à renforcer l'imaginaire : "Tu sens comme je vais loin"." Encore faut-il que son compagnon soit capable de les formuler avec assurance dans le feu de l'action...

Les hormones mâles sont-elles responsables des signes de virilité ?

Si vous croisez un Schwarzi aux épaules de déménageur, rien ne prouve qu'il soit un lion au lit. Mâchoire forte, épaules larges, musculature importante sont des caractères sexuels secondaires qui dépendent du chromosome sexuel Y (présent chez tous les hommes) et des caractéristiques génétiques héréditaires. Aucunement des variations quotidiennes du taux d'androgènes circulants.

Perdre ses cheveux et avoir beaucoup de poils sont-ils les signes d'un taux d'hormones élevé ?

L'idée reçue veut que plus il est chauve et poilu, plus il est viril. C'est faux et archifaux ! "La calvitie va être une affaire de sensibilité personnelle, et des hommes pourront perdre leurs cheveux dès 30 ans sans avoir une testostérone très élevée, précise le docteur Antoine Lemaire. Idem pour les poils, avoir une toison ne signifie pas qu'on a beaucoup d'androgènes".

Plus question de chasser le Cro-Magnon hirsute pour sa prétendue vigueur sexuelle, les Indiens et les Asiatiques sont pratiquement imberbes et n'ont rien à envier aux autres sur ce plan. Le temps joue aussi. "Chez les hommes, les poils du corps vont crescendo avec la vie, alors que chez les femmes, c'est l'inverse", précise Catherine de Goursac, médecin esthétique.

Pourquoi certains hommes ont-ils des seins ?

"En surpoids, certains développent une véritable poitrine à la place des pectoraux (gynécomastie). La graisse stockée est transformée en œstrogènes, indique le docteur Sylvain Mimoun. Ces hormones féminines agissent sur les récepteurs de la glande mammaire. La solution passe par le régime, puis le rééquilibrage hormonal, voire une lipo-aspiration si la graisse est très localisée." Les grands sportifs dopés aux hormones mâles peuvent aussi développer des seins. Cette fois, parce que les hormones mâles en excès se transforment en œstrogènes.

Sont-ils moins fertiles quand ils ont des petits testicules ? 

C'est vrai. Quand les testicules sont petits, il est probable que le taux hormonal est bas. "Après l'adolescence, de modestes testicules associés à un micropénis posent un problème, affirme Sylvain Mimoun. Il faut établir un bilan hormonal complet."

Pourquoi gardent-ils la ligne plus facilement que nous ?

C'est simple, plus on possède de muscles, plus le métabolisme basal (qui permet de faire fonctionner la machinerie cellulaire) augmente. Comme les hommes sont naturellement plus musclés que les femmes, leurs dépenses en calories sont plus importantes. Mais avec l'âge, leurs muscles ont tendance à fondre, ce qui explique pourquoi ils "s'arrondissent". CQFD. 

Y'a t-il des hormones dans le Viagra ?

Qu'il s'agisse du Viagra, du Cialis ou du Levitra (les trois molécules anti-impuissance sur le marché), aucune ne contient le plus petit soupçon d'hormone et toutes reposent sur un principe actif différent. Le Viagra par exemple agit localement en inhibant une enzyme massivement présente dans la verge ce qui permet de maintenir sur place la quantité de sang nécessaire ; du coup, les érections surviennent et se maintiennent, elles sont plus solides et plus durables. Viagra, Cialis et Levitra s'obtiennent sur ordonnance, ce ne sont pas des aphrodisiaques, ils n'augmentent ni les sensations, ni l'envie de faire l'amour, seulement les érections et la confiance en soi, ce qui est essentiel !

Psychologie : Comment les hormones influencent-t-elles les hommes ?

L'agressivité est-elle proportionnelle à l'imprégnation en hormones mâles ? 

Avant 10 ans, deux garçons sur trois ont commis des petites transgressions (école buissonnière, petites bagarres) contre une fille sur cinq. Est-ce suffisant pour dire que les garçons sont plus agressifs à cause de leurs androgènes ? "Non, assure Boris Cyrulnik, la testostérone ne joue aucun rôle sur l'agressivité, en revanche, elle est très active sur le volume musculaire (c'est un dopant) et la libido (celle des hommes comme celle des femmes). Ceux ou celles qui reçoivent de la testostérone (par patch ou gel) sont plus hardis et désirants, l'expression et l'intensité de leur désir sont magnifiées. Phénomène qui cesse dès que l'on stoppe l'apport hormonal."

D'où vient cette idée d'association testostérone et agressivité ?

"D'une vision assez simpliste, estime la neurobiologiste Catherine Vidal (Institut Pasteur). Dès le plus jeune âge, garçons et filles sont imprégnés d'un schéma identitaire auquel ils vont se conformer pour être reconnu par le groupe social. Les garçons ne doivent pas pleurer, parce qu'un homme, c'est fort et c'est bagarreur. Les filles vont exprimer leur sensibilité, leur coquetterie, etc. Si les hormones jouent un rôle essentiel dans des périodes marquantes (puberté, grossesse, ménopause ou andropause), en dehors, c'est le vécu, l'éducation et la culture qui priment."

Les chocs psychologiques peuvent-ils effondrer leurs hormones comme pour nous ?

Certains hommes (le plus souvent après 45 ans) peuvent voir leurs hormones mâles s'effondrer du jour au lendemain, avec l'apparition de bouffées de chaleur et une chute radicale de leur libido. Manifestations parfois irréversibles qu'il faudra contrebalancer par un apport extérieur d'hormones (comme chez la femme avec le traitement hormonal substitutif de la ménopause). Comment ce phénomène est-il possible ? "Parce que le cerveau des émotions ou système limbique est intimement interconnecté à l'hypothalamus et l'hypophyse, deux structures impliquées dans la synthèse des hormones sexuelles, explique Sylvain Mimoun. Une perturbation ici et, à l'autre bout de la chaîne, la libido est abaissée, c'est-à-dire le goût de vivre."

Sont-ils victimes de l'andropause ?

Chez la plupart des hommes, il n'y a pas de "pause", autrement dit d'arrêt de la sécrétion hormonale, comme à la ménopause féminine. Avec le temps, tous les hommes verront des petits changements physiques, psychologiques ou sexuels s'installer. Chez 10 à 20 % d'entre eux, voire plus après la cinquantaine, il peut y avoir une baisse du taux de testostérone que l'on qualifiera par analogie d'andropause. Le plus souvent, des troubles de l'érection et autres petits ennuis sexuels les pousseront à consulter, troubles accompagnés de fatigue, de perte de mémoire, d'augmentation du tour de taille, de chute de la libido, d'appauvrissement des fantasmes, de bouffées de chaleur... Qui a dit que l'homme n'était pas une femme comme les autres ?

À LIRE

L'édition 2009 de Sexe et sentiments (Version homme ou Version femme, éd. Albin Michel).

Un guide complet où notre journaliste, Rica Etienne, et le docteur Sylvain Mimoun abordent la sexualité sous tous ses aspects : psychologiques, relationnels, sociaux, médicaux et même psychosomatiques.