La peau est le plus grand organe du corps humain. Fascinante - une exposition* va lui être consacrée du 13 mars au 3 juin 2019 au Musée de l'Homme à Paris - elle peut aussi nous répugner.

Aussi, toutes les substances que l'on retrouve à sa surface (microbes, croûtes, morves..) ont tendance à nous pousser à mener une chasse aux "saletés" à coup de savon de Marseille et autres gommages abrasifs.

Pourtant, il faut vivre avec et surtout, comprendre pourquoi ils ont eux aussi leur importance dans le bon fonctionnement de notre organisme. Une mission que s'est donnée la Docteure Yael Adler, dermatologue, phlébologue et nutritionniste, en publiant l'ouvrage Dans ma peau (Solar Éditions). "Je pense que les gens veulent tout savoir sur les petits soucis du quotidien, car nous avons tous à les affronter plus d'une fois dans nos vies. Mais, les gens hésitent à en parler car cela les embarrasse", confirme l'auteure.

Les plis de la peau : un nid à bactéries

"Les plis sont des endroits très particuliers de l’épiderme, car ces petites niches sombres et mal ventilées abritent de nombreux germes cutanés. Les aisselles, le dessous des seins, le pli fessier, les plis de l’aine et parfois même, si l’on a de généreuses poignées d’amour, les plis du ventre, voire du dos, présentent des conditions idéales pour les agents pathogènes : humidité, chaleur et peu de lumière. Dans cette douillette atmosphère du genre tas de compost, on vit sans gêne et on se reproduit sans façon (…)

Des levures comme Candida albicans, responsable des candidoses, et tous les amis des plis corporels que compte la gent bactérienne trouvent là un bouillon de culture idéal."

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Les croûtes : un indicateur santé à ne pas négliger

"Les croûtes proviennent du dessèchement des sécrétions qui suintent parfois des plaies. Sa couleur trahit la nature du problème qui pourrait se cacher dessous.

Une croûte rouge-noir se compose de sang coagulé, elle résulte d’une blessure avec épanchement sanguin. Une croûte jaune clair est le signe du desséchement d’un liquide interstitiel (sérum, lymphe) qui a coulé de petites vésicules cutanées ou d’ampoules. Ce type de croûte apparait aussi en cas d’eczéma suintant, c’est-à-dire d’une inflammation du derme.

Une croûte qui vire à l’orange ou au jaune miel est le signe d’une infection bactérienne. Elle est alors formée de pus desséché produit par des bactéries extrêmement contagieuses (streptocoques ou staphylocoques), et est aussi appelée impétigo croûteux.

Devant une croûte gris-noir, on est en présence d’une nécrose des tissus. Ces croûtes répandent parfois une odeur de putréfaction et sont le signe d’une maladie grave. Elles peuvent apparaitre en cas d’inflammation ou d’obstruction vasculaire, voire de zona profond.

Si la croûte est au contraire friable et d’un blanc jaunâtre, cela indique que quelques cellules cornées se sont mêlées au liquide sécrété par la plaie. Les dermatologues l’appellent alors simplement une squame."

Morves, crottez de nez : des pièges à germes

"Ne me dites pas que vous ne jetez pas un œil dans votre mouchoir pour voir ce que vous venez de produire ! Quel soulagement, quand on est débarrassé d’une crotte de nez séchée ! (...) L’endroit préféré pour se curer le nez semble bien être la voiture. Comme s’ils étaient invisibles derrière leurs vitres, les conducteurs au volant se mettent allégrement les doigts dans le nez (...)

La morve et les crottes de nez contiennent plusieurs composants : les sécrétions aqueuses-visqueuses des glandes nasales et le mucus des cellules caliciformes, ainsi appelées parce que leur profil fait penser à un calice. Ces cellules implantées dans la muqueuse nasale y déversent leur contenu pour l’humecter. Additionné de composants aqueux issus des glandes, le mucus prend alors une consistance qui va de caoutchouteuse à desséchée, ce qui explique les divers états des crottes de nez. Celles-ci sont des sécrétions nasales plus ou moins séchées, mélangées à de la poussière, à du sang, à du pus ou à des agents infectieux."

"Les germes, la saleté et la poussière que nous respirons par le nez sont interceptés par notre mucus nasal visqueux. Les grosses particules de poussière et les insectes sont retenus par les poils du nez, véritables portiers à l’entrée de nos voies respiratoires. Malheureusement, le système de filtration de notre nez ne nous protège pas suffisamment des poussières fines, qui pénètrent jusque dans les plus petites vésicules pulmonaires."

Le Cerumen ou "miel des oreilles" : une protection naturelle

"Dans les oreilles, nous avons deux sortes de glandes : des glandes qui sont une variante des glandes apocrines et des glandes sébacées de grande dimension. Ensemble, elles produisent le cérumen, amer et poisseux, qui contient plus de mille composants. Les ORL déconseillent à juste titre d’enlever cette matière jaune. Si on enfonce un coton-tige trop profondément, on risque de repousser le cérumen vers l’intérieur au lieu de le retirer. Il peut alors se déposer sur le tympan, durcir et rendre subitement sourd. L’ORL doit alors, à l’aide d’un instrument, extraire le bouchon de cérumen avec beaucoup de précaution. Il en ressort parfois de véritables petits blocs durs de couleur ambrée. Les substances amères et le cérumen ne protègent pas l’oreille des insectes seulement, mais aussi des infections, de la poussière et de l’eau. Ils agissent en outre comme nettoyants de l’oreille.

Pour des oreilles saines, le lavage à l’eau chaude suffit largement. Bien des gens ont du mal à renoncer aux cotons-tiges, malheureusement, et se curer les oreilles devient pour certains un geste quasiment érotique. Farfouiller dans l’oreille procure d’agréables sensations, mais peut donner envie de tousser car on excite alors en passant le nerf qui déclenche le réflexe de la toux."

*Exposition "Dans ma Peau" du 13 mars au 3 juin 2019 au Musée de l'Homme (Paris 16).