Le 1er août, la loi contre les violences sexistes et sexuelles a été adoptée par le Sénat, puis par l'Assemblée nationale. Parmi les nouveaux amendements acceptés : la création d’un délit de « captation d’images impudiques ». Une manière de tenter de contrer l'upskirting. Cette pratique de voyeuriste consiste à filmer ou photographier en cachette l'entrejambe d'une femme, dans une cabine, les transports en commun, ou dans la rue. Au-delà du non-respect - évident - de l'intimité de la victime, le risque est que les images finissent sur Internet, Youtube ou mieux, des sites pornographiques dans le pire des cas.

L'upskirting n'est pas une pratique nouvelle, mais elle est revenue sur le devant de la scène médiatique à la suite d'une campagne contre le harcèlement sexuel dans les transports.

Vidéo du jour

Désormais, la loi sera beaucoup plus dure. Un an de prison, et 15.000 euros d’amende pourront être réclamés aux voyeurs pratiquant l'upskirting. Le double en cas de circonstances aggravantes, par exemple, si la victime est enceinte ou handicapée.

La définition de l'upskirting

Cette pratique de plus en plus répandue avec les moyens technologiques, consiste à prendre une photo volée sous la jupe d'une femme, souvent dans les transports en commun, mais aussi dans des lieux publics et autres manifestations où la personne est susceptible de ne pas s'en apercevoir. Ensuite, la photo est vendue sur le web, surtout en Angleterre, en Russie et en Belgique.

C'est une pratique qui prouve que la femme n'a pas "besoin" d'être touchée par l'homme pour être harcelée et atteinte dans son intimité. La popularisation de la pornographie amateure et des communautés échangeant leurs propres clichés amènent à considérer l'upskirting comme une forme de harcèlement sexuel à part entière qui prend de l'ampleur.

L'upskirting, un débat qui a commencé en Angleterre

Contrairement à l’Angleterre, en Belgique, cette pratique est déjà punie par la loi et la question ne se serait pas posée, même si dans les faits, peu de femmes portent plainte. Leur nouvelle loi sur le sexisme dans l’espace public, votée en 2014, puni ce comportement jusqu'à un an de prison. 

Comme beaucoup d'autres pays, le système juridique anglais n'est pas adapté à ce type de délit, mais tout pourrait changer. Wera Hobbouse, députée parlementaire libéral-démocrate, a présenté un projet de loi début juin pour en finir avec l'upskirting. Celui-ci prévoit deux ans d'emprisonnement. L'histoire de Gina Martin, dévoilée par le Telegraph, n'y est pas pour rien : victime de l'upskirting lors d'un festival en Angleterre, elle a souhaité porter plainte, mais rien n'existait autour de cette pratique. Un vide juridique qui lui a donné l'idée de sensibiliser le public à travers une pétition demandant de considérer l'upskirting comme une infraction sexuelle. Signée plus de 100 000 fois, sa pétition a éveillé les consciences.

C'est alors que Wera Hobbouse a évoqué ce problème ignoré par notre société. "Nous savons que ce vide juridique doit être comblé. C’est une question de bon sens. Maintenant si une personne est victime d'upskirting, elle sera considérée comme telle. La police sera en mesure de réagir et de punir les prévenus." Le projet de loi sera débattu le 28 juillet. S'il suscite la controverse, il est pris au sérieux et est désormais évoqué dans d'autres pays, notamment le nôtre.

Ces nouvelles formes de harcèlement nées avec les technologies

L'upskirting est clairement devenu une "tendance" de certains voyeurs qui, armés de leurs smartphones, créent des clichés pornographiques. Si l'upskirting est en passe d'être reconnu et puni, on constate que les nouvelles formes de harcèlement nées à cause des réseaux sociaux et du développement des technologies se succèdent, forçant la justice à se mettre à la page pour que les femmes puissent se défendre en s'appuyant sur des lois.

La reconnaissance de l'upskirting rappelle le phénomène du "revenge porn", absent de la législation française jusqu'en 2016 et désormais puni par la loi. Pour le moment en France, l'upskirting n'est pas considéré comme une agression sexuelle car il n'y a pas de contact, mais comme du voyeurisme. La législation n'a encore rien acté, mais tout devrait se débloquer les prochains jours.

Pour que les initiatives s'accélèrent, les femmes se soutiennent partout dans le monde, à l'aide de vidéos et de déclarations sur les réseaux sociaux. La dernière en date est la vidéo d'Anna Dovgaliouk, jeune femme russe de 20 ans, victime de l'upskirting, qui a décidé de lever sa jupe dans toutes les stations de métro de sa ville pour alerter son gouvernement et la population.