“Autant que je me souvienne, je n’ai jamais eu de vocation. Quand j’étais enfant et que l’on me demandait ce que je voulais faire plus tard, je ne savais vraiment pas quoi répondre. Et, encore aujourd’hui, je ne saurais pas quoi vous répondre.

Alors, sans conviction, j’ai passé un BEP vente, puis un Bac Professionnel Commerce… mais ça ne me convenait pas du tout. J’ai donc enchaîné les petits boulots, de ceux qu’on fait les mercredis et samedis lorsque l’on est étudiante, à tous les autres types de jobs que l’on puisse imaginer.

À 30 ans, j'avais déjà eu 30 métiers différents

J'ai castré du maïs, j'ai ramassé des carottes. J'ai distribué des prospectus, j'ai été bosser à Londres au McDo, j'ai été militaire, j'ai été ambulancière. J'ai été cuistot, j'ai été serveuse, j’ai été vendeuse. J’ai même réparé des skis et des raquettes de tennis.

Vidéo du jour

Bref, à 30 ans, j’avais pas moins de 30 jobs différents au compteur. Mais l’été par contre, notamment lorsque tous mes amis étudiants travaillaient pour se faire de l’argent pour le reste de l’année, moi, je ne travaillais pas.

Quand on me proposait un CDI, je partais en courant ! Je n’arrivais pas à accepter d’être privée de mes libertés.

Certes, j’étais peut-être un peu immature, pas très patiente, mais rien ne m'intéressait vraiment. Et comme je n’avais pas de diplôme, ni de don ou de talent particulier, je ne pouvais pas vraiment prétendre à des métiers passionnants….

Par ailleurs, quand on me proposait un CDI, je partais en courant ! Je n’arrivais pas du tout à m’engager dans ce genre de contrat de travail, à accepter d’être privée de mes libertés. Et je savais que je m’arrangeais toujours pour retrouver du boulot très facilement après une mission ou un CDD, donc je n’étais jamais très inquiète pour mon avenir.

La découverte de l'intermittence

Il a fallu attendre que j’arrive à Paris pour que je trouve enfin quelque chose qui me convenait mieux : m’occuper du public et des invités sur des émissions télé.

Ce n’était pas incroyable : beaucoup de stress et de temps au téléphone mais j’avais le statut d’intermittente et trois mois de vacances d’été ! Ça a duré une dizaine d’années… jusqu’à ce que l’on décide avec ma femme de quitter Paris et d'acheter une maison pour élever nos deux filles dans les Landes, ma région d’origine.

Au début, je continuais à faire les aller-retours avec Paris, car les émissions sont enregistrées à l’avance, puis j’ai trouvé un emploi d’agent immobilier, avec une responsable qui a tout de suite accepté ma manière de travailler et qui me laisse beaucoup de liberté, d’autant que je suis payée uniquement à la commission.

Un rythme de travail à la carte plus que bénéfique

Grosso modo, je me fixe un objectif de chiffre d’affaires que je divise sur les 12 mois de l’année, mais que j'atteins au terme d’une vague de quelques mois.

Par exemple, en septembre, je suis super motivée, pleine d’énergie et je vais faire mon chiffre en trois mois. Puis, en décembre, je me prends un bon mois de congés pour décompresser, avant de reprendre mi-janvier et repartir sur une nouvelle phase de travail jusqu’à l’été.

Quand je travaille, je me donne à fond, je veux faire du chiffre ! J’arrive au bureau avec le sourire, je ne compte pas les heures, et je mène mes dossiers de front.

Résultat ? Quand je travaille, je me donne à fond, je veux faire du chiffre ! J’arrive au bureau avec le sourire, je ne compte pas les heures, et je mène mes dossiers de front. L’an dernier, j’étais la meilleure vendeuse de mon équipe.

Certes, si je peux rentrer plus tôt car je n’ai plus rien à faire de ma journée ou si je peux prendre une après-midi pour souffler et rester à la maison tranquillement, je le fais sans aucun problème.

 Un mode de travail à contre-courant de la société 

Certains doivent penser que je suis fainéante, ou que je suis égoïste, mais ils ne pensent pas du tout à l’importance du bien-être, de la sérénité ou de l’épanouissement que cela apporte au quotidien. Cette manière de travailler fait partie d’un mode de vie, d’une manière de voir les choses qui implique de pouvoir se détacher du regard des autres et de la société.

Avoir besoin d’autant de temps pour soi, décider quand aller travailler…. ce n’est pas dans les codes usuels. Les gens ne comprennent pas non plus que grâce à ce temps que je me prends, je suis beaucoup plus efficace après !

Mais je m’en moque complètement et ma femme, mes amis, ma boss… tous le comprennent parfaitement. Certes, parfois je culpabilise un petit peu vis-à-vis de ma femme mais elle me rassure, en me disant qu’elle n’y voit aucun inconvénient tant qu’on a le budget nécessaire pour faire ce que l’on veut, pour voyager, pour faire découvrir de nouvelles choses à nos filles, pour investir….

Le travail, une activité comme une autre

Pour moi, maintenant, le travail, c’est une activité comme une autre, comme aller courir par exemple.

Je n’en dégage aucune fierté particulière mais je reste dans celui-ci car il coche toutes les cases : j’aime le contact humain, visiter des maisons, me dire que je peux démarrer ma journée à 0 et la terminer à 5000 euros. Ça a pris du temps mais je me sens à ma place.

Du temps pour soi pour mieux en donner aux autres

C’est vrai aussi que je pourrais me faire plus d’argent si je travaillais de cette façon toute l’année, mais je ne pense pas que je serai aussi efficace, ni que je serai heureuse en fin de compte.

Je ne saurais pas vous dire exactement pourquoi, mais c’est vrai que je n’aime pas trop les contraintes. Et, surtout, j’ai besoin de temps pour moi. Beaucoup.

Pour être une bonne amie, une bonne collègue, une bonne épouse, une bonne mère… il faut être bien dans ses baskets.

Je pars du principe que pour être une bonne amie, une bonne collègue, une bonne épouse, une bonne mère… il faut être bien dans ses baskets, bien dans sa tête. Et pour moi, ça passe par me libérer du temps pour moi, du temps pour faire du sport, du temps pour méditer, du temps pour regarder la télé, pour faire des puzzles, des legos ou m’occuper de mon jardin. C’est d’être ma priorité.

Et ce n’est pas compatible avec le fait d’être en CDI ou d’avoir un boulot trop prenant.

“La vie c’est maintenant. C’est ni avant, ni après” 

Je pense aussi que j’ai été influencée par mes grands-parents. C’est eux qui m’ont élevée. Et je les ai vus travailler d’arrache-pied, de jour comme de nuit, comme paysans et ouvriers. Les entendre remettre au lendemain toutes leurs envies et leurs projets.

Sauf qu’à la retraite, ils étaient malades et n’ont pu rien faire. Depuis que je suis adolescente, ma grand-mère m’a donc toujours conseillé de profiter de ma vie le plus possible. Je m’en suis toujours souvenue. Et récemment un de nos amis, soumis à beaucoup de stress au travail, est mort à 35 ans d’une crise cardiaque.

La vie c’est maintenant, c’est ni avant, ni après. Et quand je dépose mes filles à l’école, je ne leur dis pas “travaillez bien” mais amusez-vous bien”, parce que c’est le plus important.

L’idée, c’est de vivre, de voyager avec ma famille, de leur faire découvrir plein de choses, leur faire voir des paysages, rencontrer des gens différents. Mais pour ça, il faut du temps… et donc arrêter de travailler un peu.