Des fraises pourries, une souris dans le métro, de l'herpès sur la bouche... Beurk ! Ces diverses images dégoûtent, et c'est normal. Ou plutôt, parfaitement naturel selon une étude* publiée ce lundi 4 juin 2018 dans la revue Royal Society qui s'est attachée à identifier nos dégoûts les plus communs et à essayer d'en comprendre les raisons.

Selon les résultats de sondages réalisés auprès de 2 500 individus qui ont dû choisir parmi 75 propositions quelles étaient celles qui les écœuraient le plus, six catégories de "dégoûts communs" on ainsi été établies par les scientifiques.

  • Les aliments en phase de détérioration
  • Des lésions sur le corps liées à des infections (pus, herpès, abcès...)
  • La mauvaise hygiène
  • Les animaux et insectes, notamment les souris, rats, et moustiques, porteurs de maladies
  • La promiscuité d'activités sexuelles
  • Des difformités du corps et anomalies telles que la toux ou une respiration sifflante

Le dégoût, ou la peur (innée ?) de contracter des maladies

Après étude de ces dernières, il est apparu que le dégoût chez l'humain est lié, consciemment ou non, à la peur de contracter une quelconque pathologie. "De nombreux stimuli qui suscitent le dégoût chez l'humain sont également impliqués dans la transmission de maladies infectieuses, il est peu probable que ce soit une coïncidence", indique à CNN Val Curtis, auteur principal de l'étude.

Au début de l'expérience, les chercheurs imaginaient que les résultats allaient directement laisser transparaître des noms de maladies. "Mais il semble qu'ils reflètent plutôt les types de choses et de personnes qu'il faut éviter pour ne pas risquer d'être infecter", s'étonne Val Curtis.

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Mais chaque individu n'est pas dégoûté par les mêmes choses, ni avec la même intensité. Cette dernière peut d'ailleurs évoluer selon les situations dans laquelle se trouve la personne. Par exemple, "le dégoût de la nourriture diminue avec une augmentation de la faim". Dans une interview à CNN, le professeur de psychologie Paul Rozin a précisé qu'une origine innée du dégoût est "incertaine, mais possible". Pour en être sûr, il faudrait pouvoir le vérifier en étudiant l'évolution biologique et culturelle de ces dernières années, voire siècles.

Un bémol cependant à ces conclusions : l'étude n'est pas représentative de la population mondiale, mais plutôt des Européens. Parmi les 2 500 personnes sondées sur internet, quasiment toutes sont originaires de pays anglo-saxons, sont en moyenne âgés de 28 ans et 66% sont des femmes. 

Pour autant, Schaich Borg, qui étudie ces problématiques mais qui n'a pas participé à l'étude, a confié à CNN que ces résultats restent intéressants, et pourraient conduire à de nouvelles recherches plus poussées. Elle a évoqué une potentielle analyse du cerveau et des neurones face aux stimuli provoqués par un sentiment de dégoût.

* rstb.royalsocietypublishing.org/content/373/1751/20170208#sec-18