Que se passe-t-il dans la tête et dans le cœur de deux personnes qui se séparent ? Comment savent-elles qu’il est temps de mettre fin à une relation ? Et comment répare-t-on son cœur une fois qu’il a été brisé ? Pour répondre à ces questions et à bien d’autres, nous invitons deux ex à parler de leur rupture et de leur relation passée.

Si pour Lila* le coup de foudre a été immédiat, Florent* n’a pas tout de suite compris qu’il passerait plusieurs années de sa vie avec cette dernière. Tout commence par un dîner entre amis communs, suivi d'un raid des réseaux sociaux pour retrouver la trace de Florent et des plans subtils, mais bien ficelés, pour réussir à le recontacter.

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Les deux jeunes gens apprennent alors à se (re)connaitre par textos avant de se revoir, de ne plus se quitter et de s'aimer le temps de trois tours complets de la Terre autour du Soleil. Jusqu’au jour où un virus vient bousculer le monde, et fait imploser le leur.

La rupture selon Lila

"Moi je l’ai sentie arriver cette rupture. Je croyais fort en nous pourtant, mais je ne peux pas dire que le coronavirus a été le seul motif de notre séparation, ce serait mentir. C’était plus comme le coup de grâce. En fait, je crois que je n’osais pas voir qu’on n’avait plus d'avenir à deux avant tout ça.

Les premiers signes datent en réalité de la fin de 2019. L'anniversaire de nos trois ans était super étrange, un peu comme une formalité à régler, en mode "un resto pour marquer le coup, mais si on célébrait une promotion ce serait la même chose". Je crois que c’est à ce moment là d’ailleurs que j’ai commencé à voir que que mes sentiments pour Florent n'étaient plus tout à fait les mêmes. On venait de s’installer ensemble quatre mois avant et alors que j’avais pensé que cela nous rapprocherait, qu'on allait être en fusion, notre relation s'est plutôt transformée en coloc. Plein de potes à la maison, moins d’intimité et moins de jardin secret pour chacun… En plus avec son nouveau travail (Florent est veilleur de nuit, ndlr), on était en total décalage, ce qui n'arrangeait rien.

Au fur et à mesure du temps, il n’était plus si attentionné et on commençait sérieusement à ressembler à mes parents, alors qu’on a même pas la trentaine… Et puis, c’est bizarre à dire mais il ne sentait plus pareil.

Étrangement au début j’ai cru que ce coronavirus allait être la solution à notre éloignement

Le confinement est arrivé un peu bizarrement aussi. On venait de se disputer et j'étais partie une semaine chez mes parents pour éviter l’atmosphère bizarre de l’appartement. Après les annonces du gouvernement, j’ai décidé de rester avec eux parce que je ne me sentais pas capable de rentrer, au risque de me disputer encore avec Florent sans avoir de porte de sortie. 

Étrangement au début, j’ai cru que ce coronavirus allait être la solution à notre éloignement. Au départ, la distance nous a poussé à prendre plus de nouvelles l'un de l'autre, à s'inquiéter aussi de la santé. J'avais peur qu'il attrape la Covid-19 et vice versa. 

Au mois d’avril, quand on a appris que le confinement durerait encore plusieurs semaines, les choses se sont compliquées de mon côté : nos nouvelles habitudes ont commencé à m’étouffer alors même que nous étions loin. Ma mère m’a vue plusieurs fois en pleurs, en fait j’étais usée. Je me suis demandée si j’avais vraiment envie d’envisager ce "nouveau monde" avec une histoire que je traînais, que j’entretenais plus pour la forme que pour le fond.

Mon père m’assure qu’on se remettra ensemble, moi je n’y crois pas, mais on ne sait jamais peut-être qu'un nouveau confinement aura les effets inverses

Au final, j’ai pris la décision d’annoncer à Florent que je ne voulais plus que l’on soit en couple, tout simplement parce que je n’étais plus amoureuse. 

Une fois déconfinée, je suis allée chercher mes affaires dans notre ancien appartement, c’était assez gênant au départ, mais finalement on avait encore beaucoup de choses à se dire. Finalement, la tendresse n'a pas disparue. Pour l’instant, il est toujours dans mon cœur : pas du côté amoureux, mais il compte toujours pour moi. Mon père m’assure qu’on se remettra ensemble. Moi je n’y crois pas, mais on ne sait jamais, peut-être qu'un nouveau confinement aura l'effet inverse.

Au final, ce n'est pas la Covid-19 qui nous a séparé, mais le confinement m'a permis de comprendre que près ou loin, je ne me sentais plus bien avec lui.

La rupture selon Florent

"Je l’ai tout de suite trouvé mignonne, mais sans plus. C’était la copine d’une copine d’un pote. Je l'ai rencontrée dans une soirée sans pour autant passer beaucoup de temps avec elle. C'est marrant : au départ, je n'étais pas vraiment convaincu par le fait de pouvoir construire quelque chose avec elle et finalement, c’est moi qui morfle le plus depuis la rupture.

J'ai appris pourtant que de son côté, elle avait flashé sur moi et qu’elle avait joué des pieds et des mains pour m’aborder de nouveau. Elle a bien fait d'une certaine manière, parce que je pense que c’est ma plus belle histoire et en ça, je lui suis reconnaissant.

Pour moi la séparation a été d’autant plus brutale qu’elle s’est faite à distance, au téléphone, mon ego en a pris un coup, mais je crois que c’est mon cœur qui a le plus morflé

En ce qui concerne la rupture, on peut dire que je ne l'ai pas vue venir. Je sentais qu’on était moins proches, mais le nouvel appart, ma sortie du chômage pour un job à horaires décalés et le départ de plusieurs de nos amis hors de Paris, nous a un peu mis sous tension. On se disputait plus cette dernière année, mais pour moi les disputes c’est sain. C’est trop bizarre les gens qui sont toujours heureux.

Je me souviens de la dernière avant le confinement. On savait plus où moins que le gouvernement allait mettre en place des mesures dans les prochains jours, mais on ne pensait pas que ça se ferait si vite. Lila est donc partie ce jour-là chez ses parents, et je ne l’ai pas forcément retenue. J’avais envie de me retrouver seul aussi, parce que l'ambiance était devenue pesante et que les cris me fatiguaient. 

Finalement, je n’ai revu Lila qu’en mai, après le confinement et après la rupture, donc. C’est comme si toute une vie s’était passée pendant ces deux mois, j’avais un peu l’impression de revoir une vieille amie quand elle est venue récupérer ses cartons. J’ai tenté de garder la tête haute, mais j’avais pleuré le matin même.

Pour moi la séparation a été d’autant plus brutale qu’elle s’est faite à distance, au téléphone. Mon ego en a pris un coup, mais je crois que c’est mon cœur qui a le plus morflé.

Je n’en veux pas au Covid, parce que c’est pas ce virus qui a fait que Lila ne m’aime plus. Je lui en veux à elle parce qu'on aurait pu essayer de faire des changements

Elle m’a tout expliqué ; l’éloignement, la routine, le fait qu’elle ne soit plus amoureuse de moi. Et du coup j’ai dû tout encaisser en étant enfermé dans un appart minuscule et sans potes ni famille près de moi. J’avais juste envie d’aller boire des verres, mais j’ai tenté de faire face. Je n’en veux pas au Covid, parce que c’est pas ce virus qui a fait que Lila ne m’aime plus, je lui en veux à elle parce qu'on aurait pu essayer de faire des changements, des efforts. Mais je comprends aussi, on n’a plus envie de perdre son temps après ce genre d’épreuve.

En tout cas, moi, je suis prêt à perdre mon temps en attendant qu’elle se rende compte que ce n’était peut-être pas la meilleure décision. C’est elle qui a cru en notre amour en premier, aujourd’hui c’est moi qui le fait."

*Les prénoms ont été modifiés