"Un certain nombre de substances trouvées dans ces protections intimes sont des perturbateurs endocriniens suspectés. D’autres substances sont considérées comme sensibilisants cutanés connus ou suspectés." Dans un rapport1 rendu public ce jeudi 19 juillet 2018, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) détaille la composition des protections hygiéniques féminines utilisées par les Françaises pendant leurs règles, et dresse une liste de recommandations quant à leur utilisation.

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Lindane, quintozène et glyphosate dans nos serviettes 

Ainsi, d’après des essais réalisés sur des broyats de protections intimes par l’institut national de la consommation (INC) et le Service commun des laboratoires (SCL) en 2016, des pesticides tels que le lindane et le quintozène (interdits dans l’UE depuis 2000), l’hexachlorobenzène (interdit depuis 2004), et le glyphosate entrent dans la composition des protections hygiéniques externes type serviettes et protège-slips. Des dioxines, furanes et hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ont quant à eux été détectées dans les échantillons de tampons.

Ces substances ne sont "pas ajoutées intentionnellement" par les fabricants précise l’Anses. "Elles sont issues, soit d’une contamination des matières premières ou des produits finis, soit formées lors des procédés de fabrication (ex : blanchiment, collage)." Aucun dépassement des seuils sanitaires par voie cutanée n’a cependant été mis en évidence, rassure l’agence.

Autre produit problématique relevé dans un protège-slip testé, le parfum Lilial® qui présente des effets irritants. L’Anses recommande sa suppression pure et simple des procédés de fabrication aux industriels et, au global, une amélioration de la qualité des matières premières utilisées dans la fabrication des protections.

Une méconnaissance globale du syndrome du choc toxique

Autre point saillant du rapport : le manque d’information des femmes relatif au choc toxique (SCT). Selon une enquête réalisée par Opinion Way en 2017 auprès de 1065 femmes âgées de 13 à 50 ans, ce dernier, lorsqu’il est cité, est uniquement associé aux tampons. A contrario, les coupes menstruelles, dont le marché a fortement augmenté ces dernières années, sont considérées comme "les protections les moins risquées". Une croyance erronée puisque cette infection due à une souche de bactérie Staphylocoque doré peut survenir chez les patientes qui utilisent des protections intra-vaginales, tampons et coupes menstruelles incluses. Ces dernières, en retenant le sang à l’intérieur du vagin, fournissent un milieu de culture propice aux bactéries qui se multiplient jusqu’à l’intoxication de l'organisme.

Bien que rare, cette affection foudroyante est en recrudescence depuis 2010. Les premiers résultats d'une étude française menée par l’université de Lyon2 à ce sujet indiquent néanmoins que la composition des protections testées (des centaines de tampons, en l’occurrence, ndlr) ne peut à ce jour être mise en cause dans l'augmentation de ces cas.

À ce sujet, l’Anses souhaite l’amélioration de l’information des utilisatrices "par des indications claires sur les emballages et les notices d’utilisations de protections internes" de la part des fabricants. En parallèle, elle recommande de "développer l’information des professionnels de santé, en particulier dans les services d’urgence et de réanimation".

Une nouvelle règlementation pour plus de transparence?

Plusieurs fois dans son rapport, l’Anses pointe du doigt le manque de transparence des industriels concernant la composition exacte de leurs produits. A l'instar d'un étiquetage sommaire, l'agence relève des "matériaux mal documentés" et des auditions des représentants des fabricants qui "n’ont pas permis de les caractériser de façon précise."

La règlementation existante encadrant la composition, l’utilisation et la fabrication des protections hygiéniques féminines est d'ailleurs jugée insuffisante par l’Anses. Cette dernière réclame désormais un cadre plus restrictif qui pourrait s’inspirer de la réglementation en vigueur pour les dispositifs médicaux. Actuellement, les tampons, serviettes, coupes menstruelles et protège-slips sont en effet considérés comme de simples produits de grande consommation.

Quelques chiffres et (bonnes) mesures d’hygiène

En France, plus de 90% des femmes utilisent des protections externes de type serviettes et protège-slips (soit de manière exclusives pour 21% d’entre elles, soit associées à des protections intra-vaginales).

Au cours des 12 derniers mois précédant l’enquête Opinion Way 2017 citée dans le rapport, 13% d’entre elles ont affirmé avoir changé de type de protection, se tournant notamment vers la coupe menstruelle. Elles seraient aujourd’hui près de 9% à l’utiliser. Une méthode qui nécessite une hygiène drastique.
Or, 39% des femmes ne se lavent pas du tout les mains avant ou après le changement de protection (toutes méthodes confondues) et 35% se les rincent juste sous l’eau.

Pour rappel, il est recommandé de changer de protection hygiénique toutes les 4h à 8h grand maximum. Aussi, la nuit, mieux vaut privilégier le port de serviettes.

1 https://www.anses.fr/fr/system/files/CONSO2016SA0108Ra.pdf
2 http://www.chu-lyon.fr/fr/choc-toxique-enquete-sur-lusage-des-tampons-periodiques