Les additifs alimentaires sont presque partout. Et si on ne peut que rarement y échapper, en consommer en trop grande quantité constitue un réel danger pour notre santé. 

Publiée dans la revue médicale JAMA Neurology le 27 juillet 2022 et relayée par le journal britannique The Independent, une nouvelle étude démontre ainsi que les personnes consommant de grandes quantités d’aliments ultra-transformés (tels que les boissons gazeuses, les biscuits - sucrés ou salés - ou les glaces) ont un risque plus élevé de voir leur santé neuronale se dégrader précocement, contrairement à celles qui en limitent la consommation. 

"Les aliments transformés sont pratiques car faciles et rapides à consommer, mais également addictifs. Ils diminuent la qualité du régime alimentaire d'une personne et, à la longue potentiellement son espérance de vie”, a déclaré Huiping Li, auteur principal de l’étude et professeur à l’université de médecine de Tianjin (Chine).

"Les aliments ultra-transformés s’avèrent souvent trop riches en gras, en sucre ajouté, ainsi qu’en sel, et trop pauvres en protéines, en fibres et en micronutriments essentiels", alertait déjà Dr Mélissa Mialon, chargée de recherche à la Trinity Business School (Irlande) interrogée par Marie Claire en mars 2022.

Boissons, sucreries et produits laitiers ultra-transformés en ligne de mire

Pour mener à bien leur étude, les chercheur.euse.s de l’Université de médecine de Tianjin ont utilisé des données issues de la UK Biobank - "une base de données biomédicales à grande échelle et une ressource de recherche, contenant des informations génétiques et sanitaires approfondies d'un demi-million de participants britanniques".

Au total, 72 083 adultes âgés de 55 ans ont participé à l’expérience. Pendant 10 ans, ils/elles ont été invité.es à remplir au moins deux questionnaires par jour, indiquant ce qu'ils/elles avaient mangé et bu la veille. 

Vidéo du jour

“Nous avons déterminé la quantité d'aliments ultra-transformés que les personnes consommaient en calculant les grammes par jour et en les comparant aux grammes par jour d'autres aliments sains pour créer un pourcentage de leur alimentation quotidienne”, indiquent les auteurs.

Les participant.es ont ensuite été répartis en quatre groupes, allant du plus faible pourcentage de consommation d'aliments ultra-transformés, au plus élevé.

Résultat, les aliments ultra-transformés représentaient 9 % du régime alimentaire quotidien des personnes du premier groupe - soit une moyenne de 225 grammes par jour - contre 28 % pour les personnes du dernier - soit une moyenne de 814 grammes par jour.

“Le principal groupe d'aliments contribuant à la consommation élevée d'aliments ultra-transformés sont les boissons, suivies des sucreries (bonbons, gâteaux) et des produits laitiers ultra-transformés”, précisent les auteurs.

Un lien observé entre les aliments transformés et les maladies neurodégénératives

Mais les chercheurs ne se sont pas arrêtés à cette observation. 

Après avoir pris en compte l'âge, le sexe, les antécédents familiaux de maladies neurodégénératives et de maladies cardiaques des participant.es, les scientifiques ont constaté qu'au niveau des groupes, "pour chaque augmentation de 10 % de la consommation quotidienne d'aliments ultra-transformés, le risque de démence précoce augmentait de 25 %".

“Dans le groupe au taux de consommation le plus bas, 105 des 18 021 personnes ont développé un début de maladie neurodégénérative (maladie d'Alzheimer et de Parkinson), contre 150 des 18 021 personnes du groupe avec le taux de consommation le plus élevé”, rapportent-ils.

Si ces résultats mettent en garde, les chercheurs soulignent toutefois "que ces aliments ne sont la cause principale du développement de la démence, il existe seulement une potentielle corrélation".

"Notre recherche a non seulement révélé que les aliments ultra-transformés sont potentiellement associés à un risque de développer ces maladies, mais elle a aussi montré que le fait de les remplacer par des options saines peut diminuer le risque de développer une maladie neurodégénérative”, a déclaré Huiping Li, à The Independent.

Une "alimentation moins industrielle" réduirait ces risques de 19%

Pour aller plus loin, les chercheurs ont ainsi utilisé les données de l'étude pour estimer ce qui se produirait si une personne remplaçait 10 % des aliments ultra-transformés, par des aliments non-transformés ou peu transformés.

Le constat est édifiant : une telle substitution était associée à une réduction de 19% du risque de développer une maladie neurodégénérative.

"Nos résultats montrent qu'une augmentation des aliments non-transformés ou peu transformés de seulement 50 grammes par jour, ce qui équivaut à une demi-pomme, une portion de maïs et une diminution simultanée des aliments ultra-transformés de 50 grammes par jour, ce qui équivaut à une barre de chocolat, sont associées à une diminution de 3 % du risque de démence", explique Huiping Li.

"Il est encourageant de savoir que de petits changements réalistes peuvent faire une différence”, a-t-il conclu.