Les micro-pauses, salvatrices pour la santé mentale des salarié.es ? C'est ce que tend à confirmer une méta-analyse de l’Université de l’Ouest de Timisoara en Roumanie, publiée dans la revue Plos One le 31 août 2022. Les chercheurs ont ainsi épluché plus de vingt études, étalées sur trente ans de recherches, abordant tous les bienfaits de ces micro-pauses au travail. 

Résultat ? Des pauses d'à peine 10 minutes pourraient aider à prévenir l'épuisement professionnel

La micro-pause, alliée du bien-être au travail 

L’équipe de chercheurs roumains a d’abord commencé par s’accorder sur la définition qu’ils pouvaient attribuer à une micro-pause. Ils ont finalement décidé de la définir comme “de courtes discontinuités dans les tâches d’une personne ne dépassant pas 10 minutes.” 

Ils se sont également mis d’accord sur la définition qu’ils donnaient du bien-être au travail et ont décidé de l'estimer grâce à l’augmentation de la vigueur et à la réduction de la fatigue des travailleurs.

Finalement, en s’appuyant sur les nombreuses études publiées ces trente dernières années sur le sujet, les chercheurs ont conclu que “les micro-pauses sont efficaces pour préserver des niveaux élevés de vigueur et soulager la fatigue”, peut-on lire dans la méta-analyse.

Concrètement, dans l’ensemble, les données soutiennent le rôle des micro-pauses pour le bien-être.” 

Des décrochages essentiels à la concentration et la créativité

"Les résultats montrent que, en particulier pour les tâches de bureau (tâches de routine) ou créatives (où une pensée divergente est nécessaire), prendre de courtes pauses aide les individus à mieux performer lors des tâches ultérieures”, ont souligné les chercheurs. 

Bien que dans certains cas - lorsque les tâches sont trop exigeantes sur le plan cognitif - les courtes pauses de seulement 10 minutes n’affectent pas les performances futures du travailleur, faire un break a des effets concrets sur notre travail. 

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L’hypothèse des scientifiques est la suivante : “Les employés disposent d’une réserve particulière de ressources personnelles, telles que l’attention dirigée ou la résilience mentale essentielle à l’atteinte des objectifs de travail. Le rétablissement est donc nécessaire.” 

Un "rétablissement" est le terme choisi pour désigner une façon de recharger ses batteries personnelles et qui peut être effectuée en seulement dix minutes. 

S'étirer ou marcher pendant sa micro-pause

Pour que la courte rupture dans son travail soit réellement bénéfique pour le salarié et pour son bien-être, l’activité pratiquée pendant la pause est essentielle. 

En effet, “les activités de micro-pause liées au travail étaient associées à une diminution du bien-être, à une diminution de la qualité du sommeil et à une augmentation de l’humeur négative”, révèlent les chercheurs.

Ils se sont donc rendu compte que si le salarié occupait sa pause à une tâche liée à son travail, comme aider un collègue ou se fixer de nouveaux objectifs, son bien-être diminuerait nettement. 

À l'inverse “les activités physiques telles que les étirements et l’exercice, étaient associées à une augmentation des émotions positives et à une diminution de la fatigue."

Ainsi, se promener, marcher ou faire de l'exercice permettaient de davantage se rétablir lors de sa pause. 

L’épuisement professionnel concernait 2,5 millions de Français·es en 2021

C'est dans le but d'apporter des solutions pour prévenir l’épuisement professionnel que les chercheurs ont effectué cette méta-analyse. 

L'épuisement professionnel, aussi appelé burn-out, se définit comme un épuisement physique, émotionnel et mental engendré par un travail trop exigeant pour le salarié, qui a vu son rapport à son travail dégradé. 

Un baromètre, datant du 22 octobre 2021 et réalisé par Opinion Way pour le cabinet Empreinte Humaine, révélait que 38% des salariés français étaient dans un état de “détresse psychologique”. 

Ce sondage dévoilait également que les catégories les plus touchées étaient les jeunes, les femmes et les managers. Alors que les jeunes étaient 54% à se dire victimes de détresse psychologique au travail, le baromètre comptait 47% de femmes dans ce cas. 

Cette méta-analyse met donc en lumière l’importance de s'octroyer des pauses durant la journée de travail, pour réduire drastiquement le risque d’épuisement professionnel des travailleurs, déjà exténués.