Avec la sculpture en ligne de mire, la joaillerie comme passion et le métal comme obsession, Harry Bertoia a donné naissance à un diamant. Aussi inébranlable que la pierre précieuse dont elle tire son nom, la “Diamond chair” demeure une icône à l’allure percutante qui n’a d'égale que son époustouflante modernité. 

Animé par la volonté d’étudier l’art, le design et la joaillerie artisanale, Harry Bertoia (de son vrai prénom Arieto) quitte son Italie natale pour s’envoler vers les Etats-Unis durant les années 1930. Sur les bancs de la prestigieuse Cranbrook Academy of Art, il se lie notamment d’amitié avec Charles et Ray Eames. Le designer qui ne cesse de se rêver sculpteur fait du métal son matériau de prédilection quitte à friser l'obsession. En 1939, Harry Bertoia ouvre naturellement son atelier de ferronnerie et met à profit ses connaissances lors de sa furtive collaboration avec le couple Eames. 

Une sculpture de métal et d'air 

Mais ce n’est qu’en 1950, en Pennsylvanie, qu’Harry Bertoia fait la rencontre qui marque un tournant dans sa carrière et plus largement l’histoire du design : Hans et Florence Knoll, des éditions du même nom, lui confient la réalisation d'un siège. Loin de la rigidité galvaudée des assises en bois qui sont alors légion, le designer crée la “Diamond chair” en 1952 et bouleverse le modernisme. 

Inédite, fonctionnelle, audacieuse, cette structure métallique en forme de losange, constituée d’un maillage ergonomique et soutenue par quatre pieds infiniment filiformes semble flotter. Imaginé à la vue d’un égouttoir en métal, le fameux siège est "principalement fait d’air, comme une sculpture, et traversé par l’espace", explique le designer. Les fils cintrés à la main et soudés point par point assoient la réputation de cette oeuvre aux courbes géométriques qui ferait partie des fauteuils les plus légers de l’histoire du mobilier mais aussi des plus vendus. 

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Un symbole de modernité 

Symbole manifeste d’une modernité nouvelle, la “Diamond chair” rencontre un succès immédiat qui depuis ne s’est jamais tari. Pour compléter cette collection intitulée Bertoia pour Knoll, le designer décline quatre autres assises sur le modèle du mythique siège diamant : une chaise de table (Bertoia Barstool), une chaise lounge accompagnée de son ottoman (Bertoia Bird Lounge), une chaise asymétrique (Bertoia Asymmetric) et un fauteuil (Wire Side Chair). Finition noire, blanche ou chromée, agrémentée d’une housse intégrale ou d’une simple galette, indoor ou outdoor, chaque chaise signée Bertoia impose son allure métallique pour traverser les époques sans jamais risquer l’oxydation.

Le triomphe fulgurant de la collaboration avec Knoll permet à Harry Bertoia de se consacrer exclusivement à l'unique œuvre de sa vie et sa première passion : la sculpture. L’arrêt soudain mais non moins évident de sa carrière de designer interrompt sa conception de mobilier mais nous laisse cultiver un imaginaire autour de la rareté d'un diamant qui demeure pourtant l'éternel best-seller de l'entreprise américaine.