C’est au rez-de-chaussée de l’ancien hôtel particulier Lefèvre-d’Ormesson, construit en 1710, que le designer parisien a établi Maison Numéro 20, son agence d’architecture d’intérieur qu’il nous invite à visiter.

Quel décor pour votre agence ?

Oscar Lucien Ono : Elle est aménagée comme un appartement du XVIIIe siècle, avec un salon boudoir et une déco très présente : tout est habillé, des murs aux fenêtres, de matières et de couleurs. Le blanc, très peu pour moi ! Une fréquence de changement de décor ? L’agencement évolue avec nos besoins. En ce moment, nous sommes une vingtaine : on a dû faire des aménagements. Mais l’esprit « maison » demeure. On bouge sans arrêt les objets au gré de nos créations, pour que le décor ne soit pas figé. Et je préfère ne pas entasser.

Vos matières de prédilection ?

Je suis attaché au confort, tant visuel que physique : il faut des matières accueillantes, au toucher doux, des assises généreuses, dans lesquelles on se sent bien. J’aime travailler le velours, les laques, le bois verni, les effets de moire, les patines décoratives, les filets d’or, la passementerie… Tout ce qui vibre, en fait.

Les objets fétiches de votre bureau ?

Les gravures d’Eduardo Chillida, avec leur succession de niveaux par découpage et collage, sont comme un jeu qui m’accompagne au quotidien. Les tableaux ornementaux de Nicolas Galtier, composés de couches d’or, d’argent, de cuivre et d’autres métaux, proposent un formidable travail sur la matière. Les lithographies colorées d’André Minaux, des années 70. Et ma collection de catalogues des ventes aux enchères de l’hôtel Drouot, qui m’inspire beaucoup.

Vos outils favoris ?

Vidéo du jour

Mon oeil ! C’est toujours lui qui guide mes choix. Bien sûr, j’utilise l’ordinateur pour chercher des images, le crayon pour esquisser mes idées. Mais les assemblages de matières et de couleurs, je les installe dans notre cour à la lumière du jour pour vérifier que, visuellement, l’harmonie fonctionne.

Votre définition de la faute de goût ?

Je déteste le « total look », la couleur ou matière du moment ou de l’année. Pour moi, il n’y a pas de bon ou mauvais goût, je n’aime pas plaquer des concepts, je préfère créer une histoire, trouver une unité qui va donner une âme aux lieux. Il faut une charge émotionnelle.

Si vous aviez une baguette magique ?

J’agrandirais l’agence, afin qu’elle occupe l’entièreté de cet hôtel particulier, et j’installerais une salle à manger. Mais pas question de déménager : j’affectionne ce lieu chargé d’histoire, et cette vue magnifique sur le bois Visconti, en plein Paris…

Un décor chargé d’histoire, situé dans ce « carrefour des arts et de la culture » qu’est Saint-Germain-des-Prés, une intarissable source d’inspiration pour Oscar, amoureux de l’équilibre architectural et de l’art antique.

Reportage issu du n°549 de Marie Claire Maison mai-juin 2024