La Traque : le harcèlement sexuel au travail en réalité virtuelle

Par Anne-Marie Kraus
"La Traque" vise à alerter et sensibiliser sur le harcèlement sexuel au travail
Ce court-métrage angoissant glisse le spectateur dans la peau d'une victime de harcèlement sexuel au travail.

« Tu crois que j’ai pas vu ton petit manège ? Avec tes petites jupes d’allumeuse, là ? Qu’est-ce que tu crois ? T’es rien ici. Si je claque des doigts, t’es virée. » Dans un décor d’open space, le spectateur voit la scène à travers les yeux de Lucie, qui reçoit lors de son premier jour dans cette entreprise des remarques et sous-entendus déplacés de la part de Mathias, son collègue. Clin d’œil, blague douteuse, le harcèlement s’opère crescendo, jusqu’à la demande d’un acte sexuel de la part de l’agresseur.

Un changement de persective

Né grâce au réalisateur Guillaume Clere et la journaliste Pauline Verduzier du collectif de journalistes freelances femmes Les Journalopes, ce court métrage de fiction est basé uniquement sur des témoignages réels. « Nous pensons que la réalité virtuelle est une façon innovante et percutante de mieux comprendre les discriminations et les violences sexistes » expliquent-t-ils. En effet, en se plaçant du point de vue de la victime, le spectateur incarne cette personne, ressentant exactement ce qu’impliquent ces violences sexistes. « À la base, les vidéos sont surtout destinées aux hommes, parce qu’on a tous dans notre entourage un mec qui nous a dit ‘ah mais vraiment, il t’a dit ça ?’ ou alors ‘est-ce que c’était aussi violent que tu le racontes ?‘. On voulait faire quelque chose contre cet espèce de scepticisme », raconte Pauline Verduzier à Numerama.

Vidéo du jour

Cette expérience immersive de cinq minutes en huit clos, avec une image à 360°, est un moyen d’alerter sur ce qu’une femme sur cinq vit au quotidien en France. Ainsi, l’équipe qui a conçu cet outil inédit mise sur l’empathie pour faire changer les comportements.

En partenariat avec le studio de production audiovisuelle Reverto basé à Lyon, ils ont mis six mois à réaliser cet épisode. Et ne comptent pas s’arrêter là. Une campagne de financement participatif a été lancée le 9 octobre dernier pour réaliser de nouveaux courts-métrages, dans d’autres contextes (dans la rue, dans les transports en commun, à l'université, etc.). Par ailleurs, 10 % de la collecte sera reversée à une association de lutte contre le harcèlement.

[Dossier] Défions le silence - 24 articles à consulter

La Newsletter Époque

Phénomènes de société, reportages, people et actualités... l'air du temps décrypté.