Entretien : Emmanuel Macron, que ferez-vous pour les femmes ?

Par Catherine Durand et Corine Goldberger
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Nous avions interpellé le candidat d' En marche ! sur ce qu'il ferait, une fois élu Président, pour l'égalité femmes-hommes.

Marie Claire : Que proposez-vous pour diminuer l'écart salarial persistant entre les femmes et les hommes ?

Emmanuel Macron : Ces inégalités de salaires persistent en dépit de la loi, parce qu'elles sont très dures à évaluer au quotidien. Il faut remettre le dispositif du « rapport de situation comparée des femmes » dans le dialogue social, au sein des entreprises et des branches, pour mettre en lumière les discriminations. Je veux renforcer le « testing » – qui permet de comparer, sans prévenir à l'avance, les fiches de paie à poste égal dans une entreprise – et le « name and shame » – qui permet de rendre public le nom des entreprises qui discriminent encore les femmes.

Il y a toujours peu de femmes à la direction des entreprises. Que préconisez-vous pour améliorer la situation ?

Dans les entreprises privées, quand les n–3 ou n–4 sont tous des hommes, il n'y a aucune chance pour que le PDG soit une femme. Et pourtant, la féminisation de la direction est un enjeu de justice. Et c'est aussi un critère d'innovation et d'efficacité économique. Quand on est dans l'entre-soi masculin, on devient rapidement idiot. Il ne suffit pas de saupoudrer trois femmes au milieu de quarante-cinq hommes. Je le vis dans des réunions politiques. C'est insupportable. D'ailleurs, Christine Lagarde en a donné un témoignage flagrant : « Dans les conseils d'administration, dit-elle, quand la femme prend la parole, les hommes sortent leur téléphone. »

Pourquoi si peu de candidates aux législatives, que préconisez-vous ?

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Aujourd'hui, 50 % de nos référents départementaux, c'est-à-dire les représentants du mouvement dans toute la France, sont des femmes. J'ai aussi mis en place un critère de parité pour les législatives. Dix jours après l'ouverture des candidatures, nous n'avions que 15 % de femmes parmi les dossiers déposés. J'ai appelé celles que j'avais identifiées. Beaucoup m'ont dit : « Je n'y arriverai jamais, avec mon engagement politique, mon boulot, ma famille. » Je leur répondais : « Est-ce que votre mari se pose la même question ? » C'est un choix de vie, l'autre va devoir faire des sacrifices. Il faut dénoncer cette autocensure des femmes. Je suis féministe car c'est le seul moyen de faire bouger la société : si on veut renouveler la vie publique, il va falloir mettre en avant des femmes.

Etes-vous favorable à la PMA pour toutes ?

J'y suis favorable. Il n'y a pas de raisons éthiques ni politiques pour fermer la PMA.

Etes-vous favorable à la GPA ?

Je suis contre, c'est une marchandisation du corps. Je souhaite que la France mène un combat sur le plan international contre le trafic d'enfants et pour la dignité des femmes. Cela permettrait de combattre la GPA sauvage et l'instrumentalisation de la grande pauvreté dans certains pays. En revanche, l'enfant né d'une GPA à l'étranger ne doit pas être pénalisé par le projet parental, et je suis pour lui reconnaître sa filiation à l'état civil français.

Etes-vous pour forcer les hommes à prendre leur congé paternité ?

Non, je suis pour la société du choix ! Cependant, je suis favorable à allongement du congé paternité de onze à vingt jours. Les congés parentaux ont tendance à éloigner les femmes du travail. Il faut donc rouvrir le débat sur leur durée. Ce qui implique que nous renforcions notre politique de la petite enfance, avec une vraie transparence des critères d'attribution des places en crèche.

Quelle est votre position concernant le voile ?

Je suis un adepte de la laïcité de 1905, qui permet à chacun de croire ou pas et de ne pas subir la religion, mais de la choisir. C'est pourquoi je ne suis pas favorable au voile à l'école. Je suis en revanche contre son interdiction à l'université : les étudiantes, majeures, y sont des consciences éveillées. Pour le reste, la question est posée de la façon dont nos concitoyens de religion musulmane vivent leur foi dans la France contemporaine. La liberté qu'ils ont de pratiquer leur culte doit leur être garantie. Mais nous devons être stricts dans l'application de nos lois et interdire les structures qui font l'apologie du terrorisme ou qui propagent des thèses contraires à nos valeurs. Je ne tolère pas qu'on refuse de serrer la main à une femme ou qu'on l'empêche d'être à une terrasse de café. La bataille à mener est pour les femmes qui subissent le port du voile par la pression familiale ou des quartiers. Il faut des numéros d'urgence, une voie de recours.

Comment conciliez-vous vie professionnelle et vie familiale ?

Une vie équilibrée est impossible pendant une campagne présidentielle. J'ai la chance d'avoir une femme qui m'accompagne. Cela a choqué, mais cela m'importe peu, car je n'ai jamais vécu dans le regard des autres. Ma femme c'est ma meilleure amie. Sinon, je réserve des temps familiaux et de couple ; nous avons sept petits-enfants encore jeunes.

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