A 29 ans, Julia Bijaoui dirige Frichti, la société de restauration qu'elle a co-créée et avec laquelle elle a remis au goût du jour les petits plats maison. Elle nous parle de son quotidien au travail, entre rapports hiérarchiques, vie privée, introspections et convictions.

  • Vos trois principes de management ?

L'exemplarité, le no ego et la responsabilisation de tous.

  • Que faites-vous pour tenir le coup ?

Couper avec le travail tout en passant du temps avec Alma, 15 mois. Rien d'autre ne me déstresse aussi bien.

  • Quelle est la place de votre vie privée ?

Mon associé est aussi mon conjoint. Entreprendre nous a forcés à nous passer momentanément de sport, de sorties, de soirées entre amis… Mais pas de moments en famille.

  • Prenez-vous un petit-déjeuner ?

Non, je n'ai pas une très bonne hygiène de vie.

  • Où déjeunez-vous ?

Ici, tous ensemble. Toute la boîte mange Frichti. Nous sommes les premiers testeurs de nos produits. 30 % des nouvelles recettes sont rejetées.

  • Votre tenue de combat professionnel ?

J'aime avoir des talons, cela me donne confiance en moi.

  • Pensez-vous que pour faire carrière il faut choisir le bon partenaire de vie ?

Oui. Quentin est mon moteur. C'est la personne qui me comprend le mieux. Plus que mes parents et moi-même, car il m'aide à prendre du recul.

  • Qu'est-ce qui vous fait peur dans le travail ?

La responsabilité vis-à-vis des trois cents collaborateurs, des partenaires, des investisseurs, l'échec possible. Mais cette peur me pousse à me dépasser.

  • En quoi êtes-vous la plus douée ? Votre faiblesse ?

J'ai de bonnes intuitions professionnelles, mais j'ai du mal à les mettre en mots. Ce qui peut être un problème lorsque votre boîte grandit. Il faut être capable de transcrire ses idées pour son équipe.

  • Connaissez-vous le sentiment de solitude au travail ?

Oui, même à deux, quand il arrive qu'on s'engueule, ce qui est normal.

  • Professionnellement, qu'est-ce que vous ne supportez pas que l'on dise de vous ?
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Je n'aime pas être trop félicitée. C'est gentil, mais ça me met mal à l'aise.

  • Le meilleur conseil professionnel que l'on vous ait donné ?

Oser. C'est ce qu'ont fait ceux qui réussissent, mais ça n'a rien à voir avec les diplômes.

  • Aimez-vous le pouvoir ?

J'aime avoir un impact dans le monde qui m'entoure. Je n'aime pas le pouvoir utilisé pour obtenir des passe-droits.

Je connais cette petite voix intérieure qui vous raconte que vous ne méritez pas d'être là. Combien de fois je me suis dit : « Tu as eu HEC par erreur ! » Quand on tente de lever des fonds, et surtout dans ce milieu d'hommes, il faut croire que son idée est la meilleure, et qu'on est la bonne personne pour la réaliser.

  • Vos objets préférés, dans votre bureau ?

Mes sources d'inspiration : des livres de chefs comme Jamie Oliver ou Yotam Ottolenghi. Toutes nos salles de réunion portent le prénom d'un de nos chefs préférés, comme la salle Pierre (Gagnaire). Et puis l'encyclopédie de la food française On va déguster la Francedu critique gastronomique François-Régis Gaudry.