C'est à lui que Kamala Harris a décidé de faire appel pour le costume et le manteau porté lors de la cérémonie d'investiture qui l'a consacrée Vice-Présidente des États-Unis, ce 20 janvier 2021.

Son nom n’est plus vraiment inconnu tant les célébrités qui l’ont porté ne tarissent pas d’éloges. Tracee Ellis Ross, Michelle Obama, Adwoa Aboah, Janet Mock, Zendaya, Tessa Thompson, Ashley Graham ou encore Lil’Nas X… Tous ont fait sensation sur le tapis rouge, autant que dans les pages des magazines, habillés des pièces déjà iconiques du designer afro-américain Christopher John Rogers.

Il faut dire que les silhouettes volumineuses qu’il fait avancer avec assurance sur le catwalk ne peuvent passer inaperçues et c’est sans doute ce qui les rend si attrayantes. Dans son atelier, Rogers étend notre vision de l’élégance et du glamour une tenue à la fois.

On pense par exemple à sa première collection qui rendait hommage aux habits du dimanche qu’il pouvait voir toutes les semaines sur les bancs de son églises baptiste ou bien à sa dernière collection qui évoquait autant la Couture de Madame Grès que l’univers fantasque du voguing.

J'adore le pouvoir des vêtements

Formé à la Savannah College of Art and Design, il a déjà remporté le CFDA/Vogue Fashion Fund de 2019 - qui lui a permis de recevoir 400 000 $ ainsi qu’un an de mentorat - et fait parti du projet Vanguard initié par Net-A-Porter. C’est d’ailleurs dans ce cadre qu’il nous a accordé une interview, en février dernier.

Tandis que ce 30 août 2020 Lady Gaga arborait une robe verte en taffetas de soie baja blast issue de sa collection pour l’automne-hiver 2020 lors des MTV VMA’s, retour sur l’histoire d’un designer noir et queer à suivre de très très près.

Vidéo du jour

Christopher John Rogers, un designer ancré dans son époque

Marie Claire : Pourquoi avez-vous choisi une carrière dans la mode?
Christopher John Rogers : J'adore le pouvoir des vêtements de transmettre la personnalité et le point de vue d'un individu, le tout sans qu'il n'ait à dire un seul mot. Pouvoir donner aux gens les outils pour le faire est passionnant pour moi.

Y a-t-il un designer ou une personne qui vous ont inspiré dans votre travail ?
L'accent mis sur le tailoring impeccable et les approches avant-gardistes de la couture qu'ont eu Lee Alexander McQueen et John Galliano a contribué à favoriser mon obsession pour la mode en tant que forme d'art. Le travail de Dries van Noten, en particulier au début, m'a vraiment aidé à comprendre qu'on peut faire des vêtements extrêmement créatifs, mais aussi avoir le pragmatisme au cœur du travail.

Vous avez grandi à Baton-Rouge en Louisiane. La ville a-t-elle une influence sur votre manière de créer des vêtements ?

Totalement. J'aime l'idée qu'on porte ses plus beaux vêtements le dimanche un jour, puis ensuit porter une chemise en coton impeccable et un jean pour un match de sport, puis la nuit suivante porter un costume-cravate pour un gala... C'est ce qui m'a aidé à balancer l'idée de vêtements pragmatiques et de soirées. Ma manière de faire des tenues de cérémonies modernes qui sont également pratiques est une sensibilité issue de mon éducation en Louisiane.

Créer des vêtements qui encouragent les gens à prendre de la place fait partie de mon mode de fonctionnement

Votre marque est ludique et glamour, elle rend hommage à la robe de bal et à la robe de cocktail. Pourquoi ce type de vêtement spécifique, et qu'est-ce que vous aimez à ce sujet ?
J'aime créer des vêtements qui prennent du temps à être conçus et qui donnent l'impression d'avoir été touchés par une main humaine, et ce type d'attention se prête généralement à des pièces très spéciales. Créer des vêtements qui encouragent les gens à prendre de la place fait partie de mon mode de fonctionnement, et j'adore pouvoir le faire avec des tenues de soirée.

Certaines silhouettes sont façonnées dans des tissus de soirée plus traditionnels (soie et laine, gazar de soie, taffetas de soie), et des choses un peu plus décontractées, à savoir : le sergé de coton (quoique agrémenté de plumes d'autruche). Je veux vraiment offrir un mélange de textiles pour parler des différents moments et attitudes de la vie d'un individu.



En 2019, vous avez remporté le CFDA. Qu'est-ce que cela a changé pour vous ?

Cela a complètement changé notre façon de fonctionner ! Nous avons maintenant un studio à Manhattan, et nous pouvons travailler avec certains des meilleurs tailleurs et modélistes de la ville.

Quels sont les plus grands défis que vous avez rencontrés en tant que jeune designer ?
Jusqu'à récemment, l'acquisition de capitaux était le plus grand défi. Heureusement, avec le soutien de NET-A-PORTER et en remportant le CVFF, nous avons pu fonctionner de manière de plus en plus efficace. Équilibrer la production et le développement sur le même calendrier s'est également avéré être un défi, mais nous apprenons beaucoup! 

Je veux vraiment offrir un mélange de textiles pour parler des différents moments et attitudes de la vie d'un individu.

Vous faites également parti de l'édition 2020 du projet Vanguard de Net-A-Porter. Qu'espérez-vous de l'expérience ?
Je suis très heureux d'être soutenu par une force commerciale et culturelle aussi importante que NET-A-PORTER, et de savoir qu'ils croient en notre vision et notre point de vue est très encourageant. Nous entretenons également une relation très intime avec nos clients privés et fans de la marque, mais la large portée de NET-A-PORTER nous fera découvrir une toute nouvelle audience et une clientèle internationale. Je suis heureux que les fans de la marque aient désormais une destination en ligne pour les vêtements.

La fashion week de New York connaît de nombreux changements dernièrement. Imaginez-vous présenter vos collections ailleurs ?
Je suis heureux de voir que les talents émergents ont encore plus de chances de briller au cours de la semaine de la mode new-yorkaise. J'apprécie vraiment l'espace que nous nous sommes créés à New York et je me sens très heureux de montrer mes créations ici.