John Galliano naît en 1960, bien loin des strass et des paillettes, à Gibraltar puis grandit dans la banlieue cosmopolite de Londres. Un environnement multiculturelle, dont il s'impregnera toute son enfance et adolescence jusqu'à ce qu'il rejoigne la prestigieuse école de stylisme, la Central Saint Martins School. Pour financer ses études, il est alors habilleur au National Theatre. Cette expérience l'imprègne de l'univers des costumes de scène et lui prodigue un certain goût pour la scénarisation. Il obtient son diplôme de stylisme en 1984 avec la mention très bien au terme d'un défilé de fin d'études grandiloquent, revisitant la Révolution française avec excentricité.

Des débuts incertains

Très rapidement, le grand magasin Browns le repère et lui propose de créer et vendre ses propres collections. Une de ses premières clientes ne sera nulle autre que la célèbre chanteuse Diana Ross. Malheureusement, si son style et son audace sont remarqués, les ventes ne décollent pas forcément. Son extravagance fait peur aux financiers qui doutent que ses créations d'inspiration baroque ou à l'exotisme sulfureux collent au monde du prêt-à-porter, et il ne peut vendre que quelques pièces.

Toutefois, en 1987, John Galliano est élu créateur britannique de l'année. En 1990, il peut enfin présenter une collection à Paris et tenter de faire une percée significative dans le monde de la mode. Il reçoit des aides de mécènes comme Madonna ou Azzedine Alaïa qui croient en son talent et et l'encouragent à persévérer. 

Vidéo du jour

Les années Dior, gloire et décadence

En 1995, le groupe LVMH veut insuffler une nouvelle direction à Givenchy. C'est John Galliano qui est sollicité pour s'occuper du prêt-à-porter, mais aussi de la haute couture. Et en 1996, il est nommé chez Christian Dior, une véritable consécration.

John Galliano ne délègue rien, pas même la communication de la maison de l'Avenue Montaigne. Il est alors à la tête du prêt-à-porter et de la haute couture femme. Il sublime les pièces mythiques et historiques de la maison en leur apportant quelques détails contemporains. En 2001, on lui confie les parfums.

John Galliano n'est plus un simple directeur artistique, c'est lui qui dessine chaque saison le visage de la femme Dior, osant parfois les plus folles excentricités, la collection "Vagabond", inspiré des sans-abris parisien, ou la silhouette Nefertiti en étant de parfaits exemples.

Parallèlement, en 2003, John Galliano ouvre sa première boutique à Paris. Son ascension semble sans limite.

Pourtant en 2011, c'est la chute. Le créateur britannique est accusé d'avoir proférer des injures antisémites aux clients d'une terrasse de café, à Paris, vidéo à l'appui. La sanction est immédiate : John Galliano est congédié et trainé devant les tribunaux.

Maison Margiela, la renaissance

Au terme d'une longue traversée du désert et d'une "opération séduction" médiatique plus ou moins convaincante, John Galliano renait de ses cendres via de timides collaborations, avec notamment Oscar de la Renta.

Mais c'est Renzo Rosso qui lui redonne véritablement sa chance en lui confiant en 2014 les rênes de Maison Margiela, dont il est le principal investisseur. Une nomination a priori inattendue, la personnalité excentrique semble aux antipodes de l'anonymat prôné par la direction artistique de la maison. Mais la première collection est immédiatement un succès.

 La critique salue la virtuosité avec laquelle le designer se réapproprie les principes fondateurs de la marque tout en y ajoutant cette unique touche Galliano. Un retour à la lumière inattendu qu'il savoure avec une certaine discrétion, toujours un brin tapi dans l'ombre.