Dans un communiqué publié jeudi 7 février, Instagram annonce vouloir supprimer les photos d’automutilation de sa plateforme. Le réseau social détenu par Facebook va interdire toute image explicite d'automutilation, comme par exemple les coupures infligées à soi-même. Ainsi, les photos seront supprimées lorsqu’elle seront signalées par d'autres utilisateurs. Concernant les images un peu plus équivoques, comme celles de cicatrices, elles n'apparaîtront plus dans les résultats de recherche et ne seront pas recommandées par les algorithmes. L'entreprise justifie ce choix : “Nous ne supprimons pas totalement ce type de contenu, car nous ne voulons pas stigmatiser ou isoler les personnes susceptibles d'être en détresse et de publier du contenu lié à l'automutilation en guise d’appel à l’aide”.

Une influence dramatique

Cette décision fait suite à la publication d’un reportage de la BBC, le 22 janvier dernier. Le père d'une jeune Britannique de 14 ans, Molly Russell, qui s'est suicidée en 2017, témoigne face caméra de l’influence qu’à eu le réseau social dans le drame survenu. "Instagram a aidé à tuer ma fille" affirme-t-il. D'après ce père en deuil, cette dernière aurait eu accès à de très nombreux contenus en lien avec la dépression, l'automutilation et le suicide sur cette plateforme.

Quelques jours plus tard, Matt Hancock, secrétaire d’État à la Santé, a exhorté les entreprises de médias sociaux à assumer leur responsabilités et a précisé que le gouvernement pourrait légiférer pour les forcer à bannir les photos d’automutilation et relatives au suicide.

Vidéo du jour

De l'utilité d'espaces d'échanges sécurisés

Un appel entendu par Adam Mosseri, le patron d’Instagram, qui a ainsi rencontré le secrétaire d’État à la Santé ce jeudi, après avoir déclaré au Daily Telegraph que le cas de Molly Russell l’avait "profondément ému". Il a reconnu qu’il y avait des améliorations à mettre en place. La firme a donc été conseillée par des experts en santé mentale pour établir ces changements. Ces derniers ont rappelé qu’il est essentiel de créer des espaces sûrs, dont certains en ligne, pour que les jeunes puissent parler de leurs expériences, y compris de l'automutilation afin de trouver du soutien et des ressources utiles. Toutefois, les images graphiques sont désormais bannies et Instagram affiche son objectif, à terme, de supprimer tout contenu relatif au suicide. "Cela prendra du temps et nous avons la responsabilité de faire les choses correctement", conclut le communiqué.