Le sujet de la pression familiale est fréquent dans le cadre scolaire. D'autant que cette dernière s'exerce sur deux personnes différentes : l'enseignant, d'abord, qui voit ses méthodes critiquées par des personnes qui n'y connaissent pas forcément grand chose. Mais aussi l'enfant, pour qui le fait d'avoir ses parents sur le dos n'est pas forcément un atout.

Quand les parents se projettent sur leurs enfants

Selon Agnès Perrin-Turenne, Directrice du développement et de la pédagogie chez Acadomia, il y a deux types de pression parentale. Elle s'explique : "La première est celle des parents qui ont connu eux-mêmes l'échec à l'école, et ne veulent pas que leur enfant connaissent la même chose, ou la frustration qu'ils peuvent ressentir à l'égard de leur propre parcours". Résultat, ces parents vont tout faire pour que leur enfant ne soit pas confronté à l'échec scolaire, quitte à faire peser sur lui une pression intense, le poussant à avoir des meilleures notes (même si ces dernières sont déjà plus que correctes), et à travailler toujours plus.

Deuxième cas de figure : "Il y a certains parents qui ont une forte demande, à cause de la pression de la société, ou de leurs propres exigences". Dans certaines familles, la voie royale (Bac S, prépa, grandes écoles) est le seul parcours envisageable pour les enfants. Ce qui impose une pression particulièrement lourde.

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Quelle solution, alors ? Trouver un équilibre. Les parents sont certes les bienvenus pour s'investir dans les études de leur enfant. Mais pas au point de se substituer totalement à l'enseignant, ni d'imposer une charge de travail excessive, en plus de ce que l'élève doit déjà faire à l'école et en dehors.

Des études supérieures, sinon rien

Autre phénomène à prendre en compte ? La "normalisation" des études supérieures. Dans un monde où la courbe de chômage ne cesse de grimper, on recommande aux élèves de faire de longues études : licence, master, doctorat… Tandis que les métiers qui demandent des formations moins longues sont de plus en plus jugés comme "moins nobles", alors qu'ils sont tout autant essentiels à notre société, et qu'ils peuvent permettre à bien des jeunes de s'épanouir.


D'autant plus que le fait d'enchaîner les études supérieures n'est pas nécessairement une bonne chose, ni le gage de trouver un emploi : sur-diplômés, sur-qualifiés, les jeunes se retrouvent bien souvent à devoir enchaîner les stages et les boulots alimentaires, pour rembourser de longues études généralement très coûteuses.

La carte scolaire ou la quête géolocalisée de la réussite

Cette course à l'élitisme entraîne différentes conséquences, psychologiques d'abord puisque qu'elle formate certains élèves mais pas seulement. On s'aperçoit ainsi depuis plusieurs années que certains parents sont prêts à déménager dans le seul but d'inscrire leur progéniture dans un "bon" établissement. Commençons par un bref rappel : la carte scolaire est une sectorisation des écoles en fonction des lieux de résidence. Selon le ministère de l'Education, elle permet "l’affectation d'un élève dans un collège ou un lycée général ou technologique correspondant à son lieu de résidence. Toutefois, chaque famille a la possibilité de formuler une demande de dérogation afin que son enfant soit scolarisé dans un établissement de son choix".

Mais elle a le don d'énerver les parents, qui estiment parfois que le collège ou le lycée de leur lieu de résidence ne convient pas au "standing" de leur enfant. Certaines écoles, notamment dans les grandes villes, sont privilégiées par rapport à d'autres. Ce qui a tendance à entraîner un manque de mixité sociale dans certaines écoles, point qu'avait soulevé Najat Vallaud-Belkacem en 2015.

Une école réputée n'est pourtant pas un gage de réussite. Seulement une pression supplémentaire sur le dos des élèves, qui subissent le poids des élèves passés avant eux, et qui ont réussi.