"Tuer pour ne pas mourir." C'est le sous-titre du téléfilm L'Emprise, réalisé par Claude-Michel Rome et rediffusé ce mercredi soir 4 septembre sur TF1 (première diffusion en janvier 2015), en pleine semaine du Grenelle des violences conjugales.

Histoire vraie

Alexandra Lange (jouée par Odile Vuillemin) l'assure, dans son livre-témoignage Acquittée dont le téléfilm est adapté, "Je l'ai tué pour ne pas mourir."

Elle l'a tué, Marcello Guillemin, son mari violent (Fred Testot à l'écran), d'un coup de couteau à la gorge. C'était la nuit du 18 au 19 juin 2009. Ainsi s'achèvent pour la mère de quatre enfants quatorze ans de violences conjugales.

Un réquisitoire historique

Le téléfilm dramatique raconte son calvaire jusqu'au box des accusés. Jugée pour ce meurtre en mars 2012 par les Assises de Douai (Nord), Alexandra Lange, défendue par Luc Frémiot (Marc Lavoine dans le rôle de l'homme de loi), sera acquittée.

De cette affaire, on se souvient encore de son poignant réquisitoire. "Ici, dans les cours d'assises, on connaît bien les auteurs des violences conjugales. De leurs victimes, on n'a le plus souvent qu'une image, celle d'un corps de femme sur une table d'autopsie. Aujourd'hui, dans cette affaire, nous sommes au pied du mur, nous allons devoir décider", lance aux magistrats l'avocat nordiste. 

On n'a pas le droit de tuer, mais on n'a pas le droit de violer non plus. D'emprisonner une femme et des enfants dans un caveau de souffrances et de douleur.

"Mon devoir est de rappeler que l'on n'a pas le droit de tuer. Mais je ne peux pas parler de ce geste homicide sans évoquer ces mots des enfants : « Papa est mort, on ne sera plus frappés ». « Papa, il était méchant ». « Avec nous, il se comportait mal, mais c'était rien comparé à ce qu'il faisait à maman »."

Vidéo du jour

Il poursuit, alors que l'accusée s'effondre en larmes sur son banc (la plaidoirie avait été filmée et diffusée à l'époque dans le magazine de TF1 Sept à Huit) : "On n'a pas le droit de tuer, mais on n'a pas le droit de violer non plus. D'emprisonner une femme et des enfants dans un caveau de souffrances et de douleur."

Puis l'avocat rappelle qu'Alexandra Lange n'a porté qu'un seul coup à son mari qui , donc qu'il s'agit là de légitime défense. Il devance les doutes et les questions des juges, et c'est lui qui se met à les interroger : "Je sais la question que vous vous posez. « Mais pourquoi Alexandra Guillemin n'est-elle pas partie avec ses enfants sous le bras ? » Cette question est celle d'hommes et de femmes de l'extérieur, qui regardent une situation qu'ils ne comprennent pas et qui se disent : « Mais moi, je serais parti ! ». En êtes-vous si sûr ?"