Je suis née avec zéro droit dans mon berceau en 1920

Issue de la bourgeoisie parisienne, Benoîte Groult est née dans une famille d'artistes moins traditionnelle que celle de ses camarades de classe. Pourtant sa mère, soeur du couturier Paul Poiret, est la première à s'inquiéter de son célibat à 23 ans ! Elle épouse Blaise Landon qui meurt quelques mois plus tard de tuberculose en mai 1944. Après un coup de foudre pour un américain en permission à Paris, elle rencontre le journaliste Georges de Caunes qui deviendra son mari et le père de ses deux première filles.

Un avortement, un divorce, un remariage (avec Paul Guimard avec lequel elle restera jusqu'à la fin de la vie de celui-ci) et un nouvel enfant plus tard, la mue de Benoite Groult en féministe engagée est enfin en marche !


Vous savez je n'ai pas du tout été une pionnière, je n'ai écrit "Ainsi soit-elle" qu'à 55 ans

Ainsi se plaisait à déclarer cette féministe qui a consacré sa vie au travers de livres Manifeste tels que Le journal à 4 mains, Ainsi soit-elle ou L'évasion à développer ce que Virginia Woolf nomme "une chambre à soi":

c'est à dire la capacité des femmes à créer leur environnement, leur espace de liberté, non pas contre les hommes mais en dehors de ce que les hommes ont attribué aux femmes depuis des siècles.


Une prise de conscience définitive en 1968 avec la découverte de l'existence de ces femmes que l'on a "rayées de l'histoire" mais qui ont pourtant permis aux filles d'aujourd'hui de s'émanciper. A commencer par Olympe de Gouges dont elle a écrit la biographie, qui fut la première féministe guillotinée, après avoir rédigé en 1791 une Déclaration des droits de la femme.


Il faut enfin guérir d’être femme. Non pas d’être née femme mais d’avoir été élevée femme dans un univers d’hommes

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Un combat comme un sursaut de lucidité avec la publication d'Ainsi soit-elle (1975) où elle explique aux femmes que si elles ne défendent pas elles-mêmes les droits conquis par leurs mères, personne ne le fera pour elles.

Elle sera la première à dénoncer publiquement les mutilations génitales féminines.

 Dans tous les pays les hommes sont tentés de faire des femmes des citoyennes de "seconde zone", même parfois "des corps de seconde zone" en les mutilant (le clitoris) pour s'assurer de fidélité des femmes et qu'elles n'aient pas trop de plaisir.

En 1978, elle fonde un mensuel féministe avec Claude Servan-Schreiber F Magazine dont elle rédige les éditoriaux.
De 1984 à 1986, elle assure la présidence de la Commission de terminologie pour la féminisation des noms de métiers, de grades et de fonctions, fondée par Yvette Roudy, alors ministre des droits de la femme.

Parmi les principaux combats pour la condition féminine, Benoîte Groult a ardemment soutenu la légalisation de l'avortement - aux côtés de Simone de Beauvoir et de Gisèle Halimi - comme elle a milité pour le droit à mourir dignement.


Quand il n’y a pas de mots pour nous, c’est que nous n’existons pas.


Pour celles et ceux qui souhaiteraient se plonger dans la vie de cette femme moderne et libre, ils peuvent découvrir ou re-découvir sa plume mordante au travers de ses nombreux romans en grande partie autobiographiques : Journal à quatre mains, Mon évasion, La Touche étoile, Les vaisseaux du cœur