"Sa vie au service des migrants." À l'hiver 2017, un siècle après la disparition de la sainte Françoise-Xavière Cabrini, le pape François rendait hommage à son histoire et ses combats.
La religieuse, originaire d'Italie comme la famille du souverain pontife argentin, "[nous] a enseignés comment [nous] pouvons accueillir, protéger, promouvoir et intégrer [nos] frères et sœurs", écrivait-il.
À New York, près des immigrés italiens
Sobrement intitulé Cabrini, le drame signé Alejandro Monteverde, en salle ce mercredi 20 mars 2024, retrace en deux heures trente le parcours engagé de la première citoyenne américaine à avoir été canonisée comme sainte par l’Église catholique.
Francesca Cabrini, interprétée par la comédienne Cristiana Dell'Anna (reconnue pour son rôle dans la série sur la mafia napolitaine Gomorra), quitte en 1889 sa province de Lodi, dans le nord de l'Italie. À la demande du pape Léon XIII, l'institutrice devenue sœur Françoise-Xavière Cabrini débarque aux États-Unis pour aider les milliers d'immigrants italiens qui survivent dans des conditions insalubres ou meurent dans l'indifférence des new-yorkais. Elle-même n'avait rien à son arrivée.
Ce même pape n'avait pas autorisé Francesca Cabrini à devenir missionnaire en Chine - elle en rêvait -, en raison de ses problèmes de santé. À cause de ceux-là, elle s'était vue refusée de plusieurs congrégations où elle avait postulé. Et avait fini par créer la sienne, la congrégation des Sœurs missionnaires du Sacré-Cœur de Jésus, neuf ans avant sa traversée de l'Atlantique.
Une détermination reconnue à titre posthume
Là-bas, malgré sa vulnérabilité, la religieuse se démène pour soutenir concrètement celles et ceux qui ont quitté la Péninsule, où les difficultés économiques, sociales, et les tensions politiques, s'empilaient et devenaient insupportables. 14 millions d'Italiens ont fui la grande botte entre 1861 et les prémices de la Première Guerre mondiale, rappelle le Musée de l'histoire de l'immigration.
Aidée par quelques sœurs de sa congrégation, Francesca Cabrini construit d'abord un orphelinat dans le quartier précaire de Five Points, puis un hôpital. Puis des écoles, des dispensaires, d'autres hôpitaux et d'autres orphelinats... Plus de 67 lieux de charité dans une dizaine de pays. Et une voix, déterminée, infatigable, pour porter celles des plus démunis pointés du doigt lorsqu'ils n'étaient pas ignorés.
"Le fait qu'elle ait construit autant d'hôpitaux et d'écoles et qu’elle ait réellement fourni un service mondial aux nécessiteux, aux pauvres, aux personnes opprimées et oubliées dans le monde, est inspirant, confie l'actrice italienne qui l'incarne à l'édition anglophone du site d'actualités catholique Aleteia. C’est vraiment inspirant de voir qu'une femme, si petite, si frêle, si fragile, de mauvaise constitution, et souffrant de tuberculose, a accompli tant de choses."
La religieuse naturalisée américaine - le 9 octobre 1909, à Seattle - était animée par "un dévouement total et intelligent envers les migrants qui se rendaient d’Italie dans le Nouveau Monde", disait d'elle le pape François dans une lettre écrite à l'occasion d'une assemblée générale des Sœurs missionnaires du Sacré-Cœur de Jésus qui se tenait en septembre 2017 à Chicago, et citée par La Croix. C'est dans cette ville qu'elle s'éteignait, cent ans auparavant. Le 22 décembre 1917, Françoise-Xavière Cabrini est emportée par une endocardite chronique, à l'âge de 67 ans. Béatifiée le 13 novembre 1938 par Pie XI, elle fut canonisée à Rome le 7 juillet 1946 par le pape Pie XII.