Joker pendant les fêtes d’Yves Calvi pour son émission "24 heures en questions",  Bénédicte Le Chatelier a bien voulu répondre à nos questions sur la place des expertes dans les médias à l'occasion de la journée organisée par TF1 " Experte à la Une".

Désirée de Lamarzelle : En quoi a consisté la journée "Expertes à la Une" ?

Bénédicte Le Chatelier: Elle a consisté à améliorer la visibilité des expertes dans les médias. C'est important car on n'est pas forcément meilleur que les autres sur leur représentativité dans les JT. Moi-même je me suis rendue compte lors de mes sujets que c'était difficile de trouver des femmes. L'objectif de TF1 était de communiquer avec ces expertes qui ont bien voulu venir chez nous, pour une meilleure collaboration.

Leurs freins restent le temps, dû à la famille, car c'est triste à dire mais ça reste majoritairement les femmes qui gèrent les enfants le soir. Mais aussi la hiérarchie, à qui il faut demander l'autorisation.

L'après-midi nous avons organisé des ateliers de média training pour leur donner quelques clés de formation pour la prise de parole, notamment en direct.



Quelle est la suite "concrète" de cette journée ?

Publier un guide des expertes qui sera très utile aux rédactions du groupe. Avec la pression du direct, des sujets dans l'urgence, on n'a pas toujours le temps de chercher. Avoir à disposition un annuaire, nous aidera à penser directement à ces femmes.

Vidéo du jour

Et il se trouve qu'en général lorsqu'elles sautent le pas de venir sur notre plateau, on les retrouve ensuite chez des concurrents… Elles sont lancées ! Enfin il faut que nos habitudes de journaliste changent !




Et si vous deviez parler de votre parcours en tant que femme ?

J'ai eu de la chance parce que je suis tombée sur des personnes qui m'ont fait confiance assez vite. J'ai commencé par les documentaires mais j'ai très vite eu le virus de l'info. J'ai présenté le JT de 13h pour RFO puis le journal sur Eurosport (groupe TF1) quand je suis rentrée en métropole. Jean-Claude Dassier -à l'époque patron d'LCI- m'a demandé de faire le sport sur LCI. Je lui ai dit qu'à terme je voudrai faire du news, il m'a testé et finalement il était satisfait.



Dans votre parcours vous pensez que vous avez dû vous battre un peu plus en tant que femme ou pas du tout ?

J'ai eu plutôt de la bienveillance. Mais on m'a souvent dit "t'as l'air d'une gamine". Et ça pour moi ça a été difficile, même à LCI au début, parce que je n'avais pas "semble t-il" l'air crédible.




Une meilleure représentativité féminine repose sur le changement de mentalité, jusque dans la sphère privée ?

Cela a déjà pas mal évolué, et les hommes sont aujourd'hui plus concernés par "la vie à la maison". C'est aussi aux femmes de se discipliner, de ne pas se dire "la lessive je vais la faire parce que je la ferai mieux que mon homme". Non, il faut les laisser faire aussi !



Quelle est le message de cette journée ?

Le premier est de faire comprendre aux femmes que leurs expertises nous intéressent. Et pas uniquement un avis de témoin en tant que mère de famille, devant une école par exemple. Deuxièmement ne pas se mettre de freins comme la peur de ne pas être à la hauteur. Enfin dire aux journalistes des rédactions d'avoir le réflexe de faire appel aux expertes.

Il faut les inciter à se sentir légitimes à prendre la parole, à oser, mais aussi à s'organiser pour qu'elles puissent être disponibles. Et leur rappeler que  si on va les chercher, ce n'est pas en premier lieu parce que ce sont des femmes mais parce qu'elles ont une expertise qui nous intéresse.



Est ce que cette journée va devenir récurrente ?  

On va tirer les enseignements et on verra ce que ça donne. Mais c'est un sujet très important. Je vois souvent chez les femmes qui viennent pour la première fois, une forme d'angoisse, pour leur coiffure, leur maquillage.

Et ce, parce qu'elles ont peur des réflexions… Elles doivent arriver à s'en affranchir.