Jonathan Majors le conquérant : «Faire la nouba toute la nuit, c’est pas trop mon truc»

L’acteur de Creed III nous explique comment il arrive à garder la tête sur les épaules depuis qu’il est le nouveau grand méchant de Marvel.
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Débardeur Tom Ford Pantalon Dolce & Gabbana Montre Rolex Bagues et collier personnelsSteven Klein pour Vanity Fair

Jonathan Majors n’a pas de vrai chez lui depuis 2016, date à laquelle il a fini ses études d’art dramatique. En ce moment, il habite à Los Angeles, à l’hôtel Four Seasons, et c'est là qu'il m’a donné rendez-vous pour dîner un soir de décembre. « C’est pas mal ici, j’aime bien, » me raconte l’acteur, en couverture de notre numéro Hollywood 2023. « Heureusement j’arrive à m’acclimater un peu partout. C’est comme ça depuis que je suis enfant, on a beaucoup déménagé avec ma famille. »

Majors a été élevé par sa mère pasteure au Texas, et n’a pas eu une trajectoire simple. Il a connu quelques problèmes de discipline au lycée et dormi dans sa voiture pendant quelque temps. C’est le métier d’acteur qui lui a permis de trouver un sens à sa vie et une paix intérieure. En 2016, juste après son diplôme, il a pu partager l’affiche de Hostiles avec Christian Bale, son premier long-métrage. Puis ont suivi des films indépendants comme The Last Black Man in San Francisco, la série HBO Lovecraft CountryThe Harder They Fall sur Netflix et l’année dernière le film Devotion où il incarnait le premier aviateur afro-américain de la marine américaine.

Jonathan Majors peut s’acclimater partout et ça tombe très bien car aujourd’hui on le demande un peu partout. Cette année, il est carrément devenu une star de cinéma en bonne et due forme grâce à son rôle de Kang dans Ant-Man et la Guêpe : Quantumania, sorti chez nous le 15 février dernier. Kang le Conquérant, un méchant qui voyage dans le temps et entre les dimensions, va servir de grand méchant dans les prochains films Marvel, comme dans Avengers : la Dynastie Kang, qui sortira en 2025. Majors est aussi à l’affiche de Creed III, sorti le 1er mars, où il joue un un ami d’enfance de Michael B. Jordan qui revient le défier après une longue peine de prison.

Pour ces rôles et pour le film Magazine Dreams, qui a été encensé par la critique à Sundance, Majors a pris du muscle, beaucoup de muscles : il pèse aujourd’hui 90 kilos, s’entraîne 3 fois par jour et avale quotidiennement plus de 6100 calories. Aujourd’hui, il est connu pour sa carrure, mais surtout pour son jeu intense qui fait de lui un des acteurs les plus prometteurs de notre époque.

Jonathan Majors fait souvent l’aller-retour vers Atlanta où sa fille de neuf ans habite (leur règle est de ne jamais passer plus de 10 jours l’un sans l’autre). Il nous a raconté que son premier rendez-vous avec Marvel ne s’était pas passé commet prévu, et nous a donné sa définition d'une star de cinéma. 

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PHOTOGRAPH BY STEVEN KLEIN; STYLED BY PATTI WILSON.

Qu’est-ce que cette transformation physique a changé en vous ?
Dans mon école d’art dramatique, un truc qu’on nous a toujours répété, c’est « pas de muscu ». Ils faisaient attention, surtout avec les hommes, qu’on ne devienne pas trop musclés, parce que ça change nos articulations, notre façon de bouger, ce qu’ils appellaient notre « costume de respiration. » J’ai toujours eu un problème avec cette règle, parce que quand j’étais jeune, j’ai toujours fait du sport, à haut niveau même. Pour répondre à la question : j’ai eu ce débat avec certains de mes mentors et avec mes anciens prof d’art dramatique, où je défendais que ça fait partie du métier d’acteur. Ça me rapproche des personnages que je joue, ça crée une espèce de connexion spirituelle. Ça rend mon jeu plus naturel ; c’est ce que je cherche quand je joue : dire la vérité, ne pas mentir.

Sur une des affiches pour Ant-Man et la Guêpe : Quantumania, on voit juste ton visage en énorme, dans ton costume de Kang. Qu’est-ce que ça fait de se voir comme ça ?
C’est rigolo. On avait aussi ces débats à l’école. « Est-ce que jouer dans un Marvel, c’est vraiment être acteur ? » Je les ai tous vus, et je ne m’attendais vraiment pas à me retrouver à jouer dans l’un d’entre eux. Je ne pensais pas avoir le profil. Ma plus grosse crainte, c’était qu’ils me demandent de changer ma façon de jouer, mais ça n’a pas été le cas. En vrai, avec cette affiche, je me suis rendu compte que ça allait pour moi. Je suis assez long à la détente, tu sais ! Mais bon, là j’ai compris que j’avais réussi quelque chose.

Kang sera le prochain grand méchant de l’univers Marvel et va donc apparaître dans pas mal de films ces prochaines années. Qu’est-ce que ça t’a fait de signer un contrat à aussi long terme ?
Pas grand chose, en vrai ! Je n’avais pas bien compris qui était le personnage et dans combien de films il était censé apparaître. Je vais t’avouer quelque chose, qui j’espère ne va pas me causer de problèmes, mais j’ai failli partir lors de mon premier rendez-vous chez Marvel.

Ah oui ? 
C’était il y a longtemps. Je venais de finir mon cursus, je cherchais des rôles, et j'ai réussi à obtenir un rendez-vous chez Marvel. Je me retrouve dans ces bureaux, et je vois que tout le monde est très occupé. Tu sais, on m’a toujours appris à ne pas faire perdre du temps aux gens. L’attente était tellement longue qu’au bout d’un moment, je me suis dit, « Je crois que je vais y aller, ne vous dérangez pas ! » Je suis arrivé à la porte et ils ont annoncé que Sarah Finn, la directrice de casting pour Marvel, allait me recevoir. On a finalement pu se rencontrer, et la réunion s’est très bien passée. Et trois ans plus tard, elle m’a proposé le rôle de Kang.

Les gens ont remarqué que tu ne te sépares jamais de ta tasse. Tu as une explication ? 
Eh bien, les tasses sont faites pour contenir des choses. La mienne contient de l’eau, jamais d’alcool. C’est très important de rester bien hydraté. Ma mère m’a toujours dit : « Ne laisse jamais personne remplir ta tasse. » Et c’est resté gravé en moi.

Avec ta célébrité grandissante, comment fais-tu pour protéger ta vie privée ?
Je pense que les gens vous traitent comme vous les traitez. Je suis quelqu’un qui fait attention à sa vie privée. Je suis juste là pour bosser, pas pour devenir connu ou je sais pas quoi. Faire la nouba toute la nuit, c’est pas trop mon truc. Moi, je suis au lit à minuit tous les soirs.

Tu n’es pas sur les réseaux sociaux non plus. Est-ce qu’on te pousse à t’y mettre ?
Mon manager et mon agent ont essayé de m’y mettre, au début. Je leur ai dit que ça risquait plus de me porter préjudice qu’autre chose. Je rigole pas. Je suis en retard sur l’actualité, par exemple j’ai pas du tout suivi l’affaire Kanye West. Et puis bon, je peux déjà faire des conneries dans le monde réel, pas besoin de me laisser en faire dans le monde virtuel.

Qu’est-ce que ça veut dire pour toi, être une star de cinéma ?
À une époque, je voyais ça comme un gros mot. Star de cinéma. À l’école, c’était presque mal vu de vouloir devenir une star. Michael B. Jordan est un bon exemple de star de cinéma, c’est un acteur qui plaît autant aux riches qu’aux classes ouvrières. Les stars de cinéma sont des gens qui peuvent faire se déplacer les spectateurs, qu’ils habitent en ville ou au fin fond de la campagne. Les stars de cinéma font peur aux politiciens. C’est un statut qui nécessite des épaules larges.

Donc ce n’est plus un gros mot pour toi ?
Non. C’est un mot dont j’avais peur, parce qu’il implique de grosses responsabilités. C’est ça qui peut effrayer.

Comment tu te sens à ce moment de ta carrière ?  
J’en parlais justement à mon agent l’autre jour. Je lui parlais de long terme. Beaucoup d’acteurs de théâtre que j’ai pu rencontrer continuent de monter sur scène alors qu’ils ont 60 ans ou plus. J’ai envie que ma carrière ressemble à celle de ces acteurs qui m’ont inspiré. J’ai l’impression que beaucoup d’acteurs se concentrent sur le court terme, alors qu’ils devraient voir un peu plus loin. Mais bon pour l’instant, je suis très heureux d’être là où j’en suis aujourd’hui.

Mais ta tasse n’est pas encore remplie.
Exactement. J’essaie de ne jamais me satisfaire de ma situation actuelle, de toujours en vouloir plus. C’est comme ça qu’on m’a élevé, et je ne pense pas que ça changera de sitôt. 

Tout sur notre Hollywood Issue : 

Cet entretien a été en partie condensé et édité pour des exigences de clarté.