Florence Pugh nous parle d'authenticité, de «Dune 2» et de son grand-père

Florence Pugh, l'actrice de «Midsommar» veut qu’on sache qui elle est, loin du glamour : « Je ne fais jamais semblant. »

Florence Pugh a eu une année particulièrement folle. L’actrice, en une de notre numéro spécial Hollywood, irradie dans le thriller érotique Don’t Worry Darling, un succès au box office. Elle est aussi plébiscitée suite à son rôle dans The Wonder, un film d’époque plein de mystère signé Netflix, et figure au casting de Oppenheimer et Dune: Part Two, qui comptent parmi les sorties les plus attendues de 2023. Autant dire que ses douze prochains mois s’annoncent tout aussi beaux pour elle. Et en 2024, Florence sera à l’affiche d’un nouveau Marvel, Thunderbolts.��

L’actrice britannique vient de faire un bond astronomique, elle qui confiait à Vanity Fair qu’elle désirait faire ce métier dès son plus jeune âge. Depuis, elle vogue sur la célébrité avec l’ardeur et le flegme qui caractérise les vraies stars en devenir. Même si avec les succès fulgurants – et quelques controverses étranges sur lesquelles Florence ne s’étendra pas – viennent des enseignements sur la façon d’envisager les réseaux sociaux, ou ses choix de carrière. Extraits choisis d’une conversation sur la vie et le travail.

Vanity Fair: Vous sortez d’une année éprouvante. À quel point planifiez-vous les choses ? 

Florence Pugh: Travailler avec la franchise Marvel aide beaucoup. Leur planning est tellement précis, ils savent quand ils vont faire le film, quand ils vont le sortir. Cela signifie que toutes les autres choses qu’on fait en dehors doivent respecter ce planning. Ça nous laisse la latitude de dire : « Bon, je vais faire ça pendant un certain temps, donc je dois m’assurer qu’à tel moment, je peux travailler sur un film indé, à tel autre moment, être dans une pièce. » C’est ce que j’essaie de faire en ce moment. Cette année, j’étais résolue à laisser les choses venir à moi, je n’avais pas de projets spécifiques, je me disais, avec un peu de chance, quelque chose de gros va arriver, ou quelque chose de plus modeste, et ce sera très bien. Et voilà que je décroche Oppenheimer, puis Dune. En à peine quatre mois, mon année avait déjà pris une autre tournure. 

Sur Dune, vous avez travaillé avec des acteurs de votre génération, qui ont un profil similaire au vôtre. Vous êtes-vous trouvés des points communs, une expérience commune ?

C’est une question intéressante, parce que jusqu’ici, j’avais surtout travaillé avec des acteurs plus âgés, et je devais souvent me pincer pour être certaine que je n’étais pas en train de rêver. J’ai beaucoup appris juste en regardant. Les acteurs qui sont mis à l’honneur dans Dune, Timmy [Chalamet]Zendaya et Austin [Butler], en plus d’être des personnes remarquables, sont aussi des comédiens exceptionnels. Ils et elle sont des stars à leur manière, pas dans le sens cliché du terme. Ce sont des gens brillants. Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir les compter parmi mes amis, et ça m’enchante beaucoup. Avoir l’opportunité de travailler avec la jeune génération de Hollywood, et surtout avec des gens aussi merveilleux, avoir leurs numéros dans mon téléphone et pouvoir leur écrire quand j’en ai envie, voir la direction que prend notre industrie… Tout cela me rend très heureuse.

On peut dire que votre compte Instagram est l’un des plus appréciés dans l’industrie du cinéma. Comment a évolué votre rapport aux réseaux sociaux au cours de cette année, alors que vous étiez, plus que jamais, dans la lumière ?

Plus on est suivi, plus on devient conscient de ce qu’on raconte. Non pas que je dise beaucoup de choses négatives, mais tout le monde ne comprend pas nécessairement qui vous êtes quand ils se mettent à vous suivre. J’ai remarqué ça au moment des Filles du docteur March. Quand le film est sorti, je me suis mis à être de plus en plus suivie, alors que jusque là, je n’étais “que” moi-même sur Instagram, je faisais mes propres vidéos un peu stupides, et tous ceux qui me suivaient à ce moment-là comprenaient qui j’étais. Ensuite, on se retrouve suivi par toute une vague de gens qui n’aiment pas nécessairement votre façon d’être. Soudain, on n’est plus maître de son propre compte, mais on a un compte pour des millions d’autres gens.

On doit dire ce qu’il faut dire, on doit poster le bon message, il faut respecter tout un tas de règles. Ça devient bien plus stressant que ça ne l’était jusque là. Si ma tête et mon cœur souffrent pour aucune autre raison que l’anxiété elle-même, je m’éloigne illico de mon téléphone. Je n’ai pas besoin de lire toutes ces choses, et je n’ai pas à m’obliger à les lire. Ma relation aux réseaux sociaux consiste surtout à savoir quand cela peut m’aider, et quand ça ne m’aide pas, et à me souvenir que je peux très bien m’en passer pendant quelques jours, une semaine, ou un mois. 

Difficile de ne pas penser à la frénésie des médias autour de Don’t Worry Darling. À quel point avez-vous senti que vos propos étaient disséqués, vos posts scrutés ? Comment avez-vous vécu cela ?

Idéalement, je préfère ne pas trop m’étendre sur Don’t Worry Darling, parce que la réception de The Wonder est très positive, et que je suis très heureuse de pouvoir en parler. Je ne ressens pas le besoin de revenir dans le détail sur Don’t Worry Darling. Donc, si cela vous va, je n’en dirai pas plus. 

Pendant longtemps, quand on était une figure de Hollywood, on devait se montrer toujours parfaite. Les choses ont changé, et on peut se montrer plus « humaine ». Est-ce que, parfois, vous ressentez une pression à ce sujet ? 

Non, j’aime ça, j’aime vraiment ça. Quand j’ai commencé, mon grand-père me disait toujours : « Pourquoi tu montres tes défauts à tout le monde ? » Il ne comprenait pas pourquoi je montrais ma cellulite. Je lui répondais : « Je préfère le faire moi-même, plutôt que d’autres le montrent pour moi, et d’avoir honte. » Je ne fais pas semblant. Quand je me maquille et que j’enfile une belle robe, je remercie les gens qui me permettent de ressembler à ça, et je veux que mes fans sachent que d’une part, je ne ressemble pas toujours à ça, et que d’autre part, j’ai de l’acné à cause du stress, des sourcils fournis, et des cheveux gras. J’ai toujours pensé que c’était mieux de fonctionner ainsi, en me montrant honnête et ouverte. De cette façon, on ne peut pas être trahi. On est qui on est. 

Cet entretien a fait l’objet d’une synthèse pour plus de clarté.