Sa santé mentale, les réseaux sociaux et un nouvel album : Selena Gomez se confie

Alors qu'elle apparaît sur notre couverture Hollywood, la nouvelle garde, Selena Gomez revient sur ses démons, sa façon de les apprivoiser, ainsi que sur ses projets du moment. 
Body Skims Trenchcoat Laquan Smith Bijou d'oreille et bague Givenchy Collier rasducou Swarovski
Body Skims Trench-coat Laquan Smith Bijou d'oreille et bague Givenchy Collier ras-du-cou SwarovskiSteven Klein pour Vanity Fair

Son image de petite fille Disney Channel l'a longtemps tourmentée, mais depuis qu'elle a été diagnostiquée bipolaire en 2018 et décidé d'en parler dans son documentaire My Mind and Me, Selena Gomez se sent soulagée et libérée. Rencontre. 

Vous avez confié à plusieurs reprises avoir peur d'être associée pour toujours à vos années Disney. Cela a-t-il changé avec la sortie de votre documentaire ?
Oui, ça m'a libérée. Mais parfois, ça me fait toujours tiquer. Je n'ai honte de mon passé, mais j'ai tellement travaillé pour m'en émanciper et trouver ma propre voie que je ne veux pas renvoyer l'image d'une personne que je ne suis plus. 

Dans votre documentaire, un de vos proches se demande si c'est une bonne idée de parler de votre bipolarité au grand public. Qu'est-ce qui vous a poussée à vous lancer finalement ?
J'avais tellement l'habitude de me censurer que j'avais envie de me lâcher. Je suis dans une nouvelle disposition d'esprit : j'ai choisi de ne plus écouter les gens quand ils me disent de me taire. 
Peut-être que c'est bizarre et étrange de faire un documentaire comme ça. Et bien sûr, j'étais pas complètement sereine, mais je crois que dévoiler ma bipolarité me permet d'être plus ouverte de manière générale. Ma situation mentale, c'est pas tant que je suis triste. Il y a juste des déséquilibres chimiques dans mon cerveau et j'ai besoin de les comprendre et d'apprendre à les gérer. Je n'en ai pas honte. Et je n'ai pas non plus l'impression d'être folle. Oui, j'ai tendance à pas mal ruminer, mais je dois être fière de qui je suis et je dois prendre soin de moi. 
Quoi qu'il en soit, je trouve que c'est pas normal qu'on dise aux gens quoi faire, qu'on leur dise « Ne dis pas ça parce que tu vas renvoyer une mauvaise image, tu n'auras pas ce travail, ce garçon, cette fille ou cette autre chose ». Je me rebellais contre ce genre d'injonction en parlant de ma bipolarité. 

J'imagine qu'on vous a beaucoup dit de ne pas dire n'importe quoi au début de votre carrière…
Oui. Je n'étais pas une enfant rebelle. J'étais sur Disney et je devais faire attention de ne pas jurer en public. Je m'imposais un certain comportement à moi-même, car je voulais donner l'exemple. Aujourd'hui, ma vision des choses a changé : à mes yeux, donner l'exemple, c'est être honnête, ouverte, même en ce qui concerne les aspects les plus sombres et les plus compliqués de ma personnalité.

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PHOTOGRAPH BY STEVEN KLEIN; STYLED BY PATTI WILSON.

Vous êtes l'une des rares stars à assumer avoir confié la gestion de vos réseaux sociaux à un assistant, notamment à cause de la toxicité d'Instagram. Pouvez-vous nous expliquer cette décision ? 
Je n'ai jamais eu l'occasion d'aller dans un vrai lycée. J'ai grandi dans un environnement bien plus vaste et j'ai été rapidement inondé d'informations non désirées via internet. J'ai vécu des moments difficiles lors d'une rupture amoureuse et après, je n'ai plus voulu avoir affaire aux commentaires sur mes relations ou aux opinions que les gens avaient sur moi. Bien sûr, lors de cette rupture, il y avait des milliers de commentaires positifs à mon égard, mais mon esprit se concentrait sur les négatifs.
En réalité, les gens peuvent me traiter de moche ou de stupide, je m'en fous. Mais certaines personnes écrivent des textes si détaillés et si méchants que c'est dur de ne pas être touché. Je pleurais constamment à l'époque. J'ai toujours été anxieuse et je ne pouvais plus supporter cette situation. C'était vraiment une perte de temps de rester sur les réseaux. 
Le seul réseau que j'ai aujourd'hui, c'est TikTok. Cette appli est moins violente. Évidemment, les réseaux sociaux ont du bon : ils connectent les fans entre eux, je peux voir à quel point ils sont heureux…  Aujourd'hui, j'ai accès à tout cela mais de manière contrôlée : c'est mon assistant qui poste ce que je lui envoie. Quant aux commentaires, on me présente seulement une petite sélection ; une sélection qui a vocation à m'encourager. 

Quels types de vidéos avez-vous regardées dernièrement sur TikTok ? 
J'y trouve pas mal d'idées de recettes, de maquillage ou de coiffure. Et puis, sinon, j'adore faire des vidéos marrantes.

Vous êtes en train de tourner la nouvelle saison de Only Murders in the Building. Comment vous entendez-vous avec vos partenaires à l'écran, Steve Martin et Martin Short ?
Franchement, je les adore. Je n'aime pas trop les appeler « grands-pères », mais c'est ce qu'ils représentent pour moi. Ils me racontent tout le temps les mêmes blagues et je ris à chaque fois. 

Vous vous envoyez des messages ?
C'est marrant car Marty peut m'envoyer des textos, mais Steve pas du tout. Il a mon email, mais il passe toujours par mon assistant. Je crois qu'il veut être poli. Ça le rend attachant, mais il en fait tout un plat ! 

Vous avez interpellé Mark Zuckerberg sur le rôle de Facebook dans la diffusion de fake news et de discours de haine. Par ailleurs, vous avez toujours un compte Twitter. Que pensez-vous du rachat du réseau par Elon Musk et de la recrudescence des discours haineux depuis ? 
C'est dangereux. Après, j'ai l'impression que de nombreuses personnes se sont exprimées à ce sujet et Elon Musk a reçu le retour qu'il mérite. De toute manière, ce n'est pas lui qui m'intéresse, mais ce que va devenir cette application. Je ne sais pas s'il a racheté Twitter pour se sentir cool, mais moi, je trouve ça irresponsable. En tout cas, en ce qui me concerne, ce n'est pas mon réseau social préféré.

En tant que personnalité publique, quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui connaît son premier succès à Hollywood ?
J'aimerais bien être là pour cette personne si elle a des questions, car franchement, cette industrie est violente. C'est assez effrayant de voir ce qui se passe quand on donne autant de pouvoir et d'argent à quelqu'un de très jeune. Vraiment, c'est effrayant.
Plus vous devenez célèbre, plus je vous encourage à rester humble. Faites confiance à votre cœur, essayez d'être la meilleure version de vous-même et faites attention à qui vous faites confiance, car vous vous entourez de ces personnes. Ma sœur a neuf ans, et Dieu merci, elle ne veut pas faire partie de ce monde-là. Mais bon, elle dit ça maintenant. Et si elle change d'avis dans deux ans ? Je préfère ne pas y penser.

Qu'est-ce qui a changé pour vous depuis la sortie de votre documentaire ?
J'ai l'impression de ne plus mentir aux gens. Cela ne veut pas dire que je mentais ouvertement aux gens avant, mais j'avais peur de ce qu'ils pourraient penser de ma situation et qu'ils ne me donnent plus de travail. Aujourd'hui, je ne vois plus les choses comme ça. J'ai aussi appris à prendre du recul quand je sens que quelque chose cloche. Cette amitié me fait-elle vraiment du bien ? Ce projet est-il vraiment bien ? 

Apparemment, vous travaillez actuellement sur de la musique joyeuse. Pouvez-vous nous en dire plus ? 
Si cela ne tenait qu'à moi, j'écrirais uniquement des ballades, mais j'ai aussi envie de faire de la musique qui fait sourire les gens. La musique sur laquelle je travaille en ce moment parle de choses que je traverse en ce moment. C'est puissant, très pop. Le thème général qui traverse le projet, c'est la liberté : la liberté dans ses relations, l'émancipation de la noirceur.

J'imagine que la sortie du documentaire a été une épreuve pour vous, comme un saut dans le vide, non ?
Oui, j'étais terrifiée. Mais après la sortie du film, j'ai remarqué que les gens ne venaient plus tant vers moi pour me demander un selfie, mais pour me dire qu'ils avaient appréciés tel ou tel truc que je disais dans le documentaire. Ça m'a fait beaucoup de bien, car j'ai senti que je n'étais plus un accessoire mignon aux yeux des gens. Ça a amorcé de vraies discussions sur la santé mentale, le courage, la déception ou la perte. Je me suis dit que tout mon travail avait payé : au final, je préfère qu'on se souvienne de moi pour ça que pour autre chose.

Cette interview a été condensée et éditée pour plus de clarté.