La mode, un art, le·la créateur·rice, un·e artiste ? La question divise encore plus le secteur que celle de savoir si chaussures et sacs doivent être assortis. "J'ai toujours placé au-dessus de tout le respect de ce métier, qui n'est pas tout à fait un art mais qui a besoin d'un artiste pour exister”, expliquait Saint Laurent. “Je ne suis pas un artiste. Je fais des collections et des photos”, préférait dire Lagerfeld. Même dans la vision de leur métier, les deux meilleurs ennemis de la Couture se chiffonnaient.

Laissons à chacun le soin de se faire un avis et tenons-nous en nous aux faits : à défaut de se déclarer artistes, créateurs et créatrices ont depuis longtemps aimé collaborer avec celles et ceux qui clament l’être haut et fort. Des homards de Dali et Schiaparelli à la robe Mondrian signée YSL en passant les multiples collections aux couleurs de Keith Haring, mode et art batifolent, donnant naissance à des pièces qui mixent les codes. La preuve chez Dior avec le projet Dior Lady Art qui, pour la huitième édition, transforme le it-bag en véritable œuvre d’art. Le sac, mieux qu’une toile ? On a toujours dit qu’un tour au rayon maroquinerie nous faisait autant de bien qu’une sortie au musée…

L'art s'attaque à Dior

Dans la mythique maison de l’avenue Montaigne, des artistes de renommée internationale se voient confier la périlleuse tâche de réinterpréter l’icône maroquinerie de la griffe : le Lady Dior. Son cannage et ses lettres mobiles en ont fait de lui un classique reconnaissable parmi mille. En offrant depuis huit saisons ce célèbre modèle à des mains créatives, l’idée est assumée : “sublimer l’héritage et les codes de ce symbole fascinant”. Cette fois, ce sont Mircea Cantor, Jeffrey Gibson, Gilbert & George, Ha Chong-Hyun, Lee Kun-Yong, Mariko Mori, Ludovic Nkoth, Hilary Pecis, Mickalene Thomas, Zadie Xa, Michaela Yearwood-Dan et Xu Zhen qui se prêtent à l’exercice pour offrir des versions audacieuses que l’on veut collectionner et exposer fièrement… comme des œuvres d’art classique finalement !

Le Lady Dior réinterprété par Jeffrey Gibson pour Dior Lady Art 8

L'art du sac 

Le sac comme œuvre d’art, les maisons sont de plus en plus nombreuses à y croire. Que le projet de Dior revienne une huitième fois n'étonne pas tant l’idée à gagner en popularité depuis ces débuts. Première collaboration entre art et maroquinerie de taille : celle de Louis Vuitton et Stephen Sprouse, orchestrée par un Marc Jacobs directeur artistique, pour la collection printemps-été 2001 et qui a fait date. Plus de vingt ans après, ces modèles taguées ont révolutionné l’idée de logo et s’arrachent toujours dans les cercles mode, souvent à prix d’or… comme dans le monde de l’art ! Ventes aux enchères, spéculation, revente avec plus-value, comme les œuvres des artistes, les pièces de maroquinerie, en collaboration ou non, sont den train de devenir un juteux marché. A quand un musée consacré uniquement au Birkin ? On pose ici l’idée…

Louis Vuitton printemps-été 2001