En France, l’aller-retour entre le domicile et le lieu de travail prend, en moyenne, 50 minutes chaque jour, selon une étude de la DARES. Et en 2017, la moitié des actifs franciliens parcouraient plus de 9 km pour aller travailler, d’après l’INSEE

Des trajets toujours plus longs et aux conséquences néfastes qui peuvent, dans certains cas, s’apparenter à un temps de travail effectif, donc rémunéré, comme l’avait souligné un arrêt de la Cour de cassation, daté du 23 novembre 2022. 

Car ces trajets ne sont pas sans conséquences sur notre santé physique et mentale : une nouvelle étude, publiée dans l'édition de janvier 2024 du Journal of Transport & Health, a révélé que des trajets de plus d’une heure exacerbaient notre risque de dépression

Un risque de dépression 1,16 fois supérieur avec des trajets longs

Les salarié.es de la région parisienne passent en moyenne 68 minutes par jour dans les transports, selon la DARES. Mais 16% des salarié.es, toutes régions confondues, effectuent des trajets de plus d'1h30 pour se rendre au travail, continue l’organisation. 

Pourtant, une nouvelle étude de l’hôpital universitaire d’Inha (Corée du Sud), portant sur 23 415 salarié.es, a dévoilé que les trajets domicile-travail de plus de 60 minutes augmentaient de 1,16 fois le risque de dépression. Au total, 6020 participants (25,7%) ont signalé des symptômes de dépression : “le long temps de trajet était linéairement associé à une augmentation des symptômes dépressifs”, écrivent les chercheur.euses dans l’étude. 

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Et des profils ressortaient, selon le genre, la vie de famille ou le type de métier : “ces symptômes étaient généralement plus fréquents chez les participants plus âgés, ayant un niveau d’éducation et des revenus inférieurs, ainsi que des emplois manuels et passant plus de 40 heures au travail”, explique Trust My Science.

Les femmes avec plusieurs enfants avaient aussi un risque accru de dépression. 

Moins de temps de trajet peut soulager le stress et combattre la fatigue

Et nombreuses sont les raisons qui peuvent expliquer ce lien entre trajets rallongés pour se rendre au travail et symptômes dépressifs accrus : “le temps de trajet peut induire un stress psychologique et physique, car les déplacements nécessitent une énergie mentale et physique considérable, quel que soit le mode de transport utilisé”, continue l’équipe de scientifiques. 

Les longs trajets privaient les travailleur.euses de la possibilité de se remettre de leur journée et de se reposer : “avec moins de temps à libre, les gens pourraient manquer de temps pour soulager le stress et combattre la fatigue physique par le sommeil, les loisirs et d’autres activités. Ils ont également moins de temps à consacrer dans des habitudes de vie saines, y compris l’exercice, ce qui peut contribuer à la dépression”, ajoute le communiqué publié par l'université

“Des efforts visant à réduire le temps de trajet sont nécessaires pour aider les gens à concilier travail et famille”, tout en préservant leur santé physique et psychique sur le long terme, appuient les chercheur.euses.