Les images de The Princess parlent d'elles-mêmes. Ce documentaire en no-comment, donc sans voix off explicative, retrace les dernières années de vie de Lady Diana, depuis sa rencontre avec le prince Charles, à son décès tragique le 31 août 1997. Son ascension et puis sa chute.

La quasi-totalité des archives, sélectionnées par le réalisateur Ed Perkins, sont issues de la presse, protagoniste sous-jacent mais finalement central du film. Le long-métrage est également nourri d'extraits audio, parfois hallucinants de sexisme envers la princesse de Galles.

Vidéo du jour

Le rôle des médias est fortement critiqué dans The Princess qui sort sur HBO Max dès le 13 août et dans certaines salles françaises les mercredi 31 août et dimanche 4 septembre. On constate à quel point c'est la presse qui a fait le phénomène Diana. Qui provoque son ascension, lui reproche ensuite de s’éloigner des caméras, l'accusant de dénigrer quelque part le rôle qu’elle lui a offert, et la condamne finalement dans une course poursuite mortelle à Paris. À vrai dire, que Diana daigne se montrer aux tabloïds ou non, la jeune princesse a tort à tous les coups.

Chasse ouverte à la princesse

Au fil du documentaire, à l'ambiance oppressante, on la voit traquée par les caméras, critiquée par les journalistes vexés parce qu'elle refuse de poser pour eux. "Elle sait très bien ce qu'elle fait avec la caméra", assure par exemple l'un d'eux pour justifier la pression qu'ils exercent sur la princesse. Parfois, les gardes du corps doivent recourir à la force.

Une scène montre un groupe de photo-journalistes qui tentent de s'engouffrer avec Lady Diana dans un ascenseur, ses protecteurs en expulsent un manu militari, lui qui faisait mine de ne pas avoir compris qu'elle ne souhaitait pas être suivie. Quelques minutes avant, la princesse tentait de se protéger le visage des flashs avec sa housse de raquette. À une enfant qui passe par-là et qui lui offre un cadeau, elle lance un tendre sourire en ralentissant le pas, malgré le chaos autour d'elle.

La princesse des coeurs était surtout la princesse du peuple. Les images de foules en liesse le prouvent, sa popularité a surpassé celle de la monarchie. À tel point que le prince Charles déclare face caméra, "Est-ce que je dérange ?", tandis qu'il se place entre le mur de photographes et son épouse. Le documentaire montre la diversité de son fan club qui, parfois, ne sait trop pourquoi il l’adule.

Lady Di a bouleversé la monarchie, rendant la famille royale accessible, plus humaine. Alors, quand son mariage avec le prince Charles bat de l'aile le Royaume-Uni entier prend partie. Sur des plateaux télévisés, chacun y va de son argument pour prouver à quel point Charles est un mauvais mari, ou Lady Diana une manipulatrice.

Une femme piégée dans un mariage contrarié

Par ailleurs, le sexisme des commentateurs de l'époque saute au visage. Lors du mariage de Diana, un expert royal confirme qu'un oncle s'est porté "garant de la virginité" de la princesse. On attendait de Diana Spencer qu'elle soit une bonne épouse, rôle qu'elle tente de remplir avec coeur, mais qui finit par la détruire tant les carcans et le protocole de la famille royale sont écrasants. Le prince Charles, face caméra, révèle maladroitement au public les travers de leur quotidien de couple, avec une indifférence et une froideur dérangeantes.

Cela transparait également sur les images, sur l'une d'elles, Diana Spencer semble emprisonnée dans l’objectif de la caméra. Charles montre à leur fils William une caméra des journalistes conviés à un shooting photo familial. On passe alors un contre-plan, à partir de cette même caméra, avec la voix du prince en arrière-plan, qui filme les nombreux journalistes dont les objectifs crépitent : "Tu vois ces gens piégés dans la boîte ?". À leurs côtés, Diana est impassible, elle-même "piégée" dans son mariage et sa position royale.

Dans The Princess, on voit la jeune femme sombrer d'années en années devant les caméras. Son calvaire semble interminable. Le couple royal est officiellement séparé, et c'est l'heure de la revanche pour Diana, qui s'ébruite volontiers dans les médias et reprend un peu le contrôle de sa vie, en égratignant l'image autrefois sacrée de la monarchie britannique. À maintes reprises, dans le documentaire, notamment lorsque les détails sur la santé mentale fragile de la princesse sortent, la presse est mise en cause par les badauds qui interpellent les caméramans.

La famille royale impardonnable

Mais quand Lady Diana décède, le peuple cherche aussi un autre fautif. La famille royale est alors pointée du doigt, d'autant que son silence dans les jours d'après la mort de Diana est très mal reçu. La reine Elizabeth, et les membres de La Firme restent retranchés dans le château de Balmoral en Écosse, avant de se présenter quelques jours plus tard seulement, pour constater les nombreux hommages de la foule en larmes devant Buckingham Palace.

Le choc de la disparition de Lady Di, et le deuil national spontané qui a suivi le drame, est justement retransmis dans le documentaire, à l'aide d'une vidéo privée d'un groupe d'amis dont la soirée s'arrête brutalement après l'annonce du décès de la princesse à la télévision.

Certains, qui ironisaient sur la véracité des informations concernant la princesse, se mettent à pousser des cris d'effroi lorsque la nouvelle de sa mort se confirme : Diana Spencer est décédée dans un accident de voiture à Paris, en voulant fuir la presse qui la suit à la sortie du Ritz. Quelques photographes, au lieu d'appeler les secours, auraient pris les photos de la princesse agonisante.

Blessé, le monde veut alors prouver à la couronne à quel point il a mal, et à quel point la royauté elle-même a fait du mal à Diana. "Je ne m’intéressais pas à ces choses, mais il faut croire que c’était important pour moi", s'émeut un Anglais devant Buckingham Palace et les milliers de fleurs déposées en mémoire de la princesse.

Aujourd'hui, l’opinion publique en veut encore aux têtes couronnées pour son traitement de la princesse. Et plus aucun pas de côté n'est toléré.