"On ne naît pas femme on le devient", affirmait l’écrivaine Simone de Beauvoir en 1949. Une citation devenue aussi incontournable qu’elle. Aussi bien à travers ses ouvrages que sa vie, elle prône l’émancipation de la femme ainsi qu'un mode de vie libéré et indépendant.

Aujourd’hui encore, l'autrice inspire les mouvements féministes, s’illustrant comme l’une des premières à véhiculer cette pensée en France. Son oeuvre majeure, Le Deuxième sexe, reste un ouvrage fondateur des mouvements féministes actuels.

Retour sur le parcours de cette auteure hors norme, au mode de vie révolutionnaire.

Simone de Beauvoir, agrégée de philosophie

Simone de Beauvoir naît le 9 janvier 1908, à Paris. Elle est l’aînée d’une fratrie de deux enfants, élevée au sein d’une famille catholique, plutôt aisée. Son éducation est sévère et traditionnelle. Mais très tôt, malgré une scolarisation dans une école catholique, elle rejette ces principes religieux et se déclare athée.

C’est la littérature et l’écriture qui la séduisent, au point d’en faire des passions omniprésentes de sa vie. Dès 1926, Simone de Beauvoir prend des cours de philosophie à la Sorbonne. Au cours de ses études, elle rencontre Jean-Paul Sartre. Ils sont tous les deux reçus au concours de l’agrégation de philosophie en 1929. Elle termine deuxième derrière son futur compagnon.

Elle se lance dans l’éducation et enseigne la philosophie dans plusieurs écoles à Marseille, Rouen et Paris. Mais elle abandonne cette carrière en 1943 pour se consacrer à sa véritable passion, l’écriture.

Des ouvrages entre essais, romans et autobiographies

Son premier roman s’inspire de son ménage à trois qu’elle vit avec Jean-Paul Sartre et Olga Kosakiewicz. L’Invitée, publié en 1943, est un roman presque autobiographique qui raconte les rapports amoureux saupoudrés de jalousie dans ce couple formé à trois.

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Après ce premier succès, Simone de Beauvoir enchaîne avec ce qui reste son plus grand ouvrage, Le Deuxième Sexe. Cet essai féministe, publié en 1949, suscite à la fois enthousiasme et polémique en France, mais aussi dans le monde entier. Il représente aujourd’hui un livre majeur pour les luttes féministes.

Dans le Deuxième sexe, Simone de Beauvoir prône une émancipation et indépendance totale de la femme. Elle y défend notamment sa plus fameuse pensée : "On ne naît pas femme, on le devient." Pour elle, être femme n'est pas un état de nature, mais une condition acquise par l'histoire, la culture et la pression sociale. Hommes et femmes sont assignés par la société à des rôles et caractéristiques distincts, qui les enferment. Refusant l'essentialisation, Simone de Beauvoir fait de la condition féminine son sujet de prédilection, ce qui fait d’elle une pionnière des mouvements pour les droits des femmes au XXe siècle.

Elle alterne entre essais philosophiques, romans et autobiographies tout au long de sa carrière littéraire. Ainsi, en 1954, Simone de Beauvoir publie Les Mandarins, roman pour lequel elle remporte le prestigieux Prix Goncourt.

Elle publie aussi des récits autobiographiques comme Mémoires d’une jeune fille rangée, en 1958, La Force des choses en 1963, La cérémonie des adieux en 1981. Elle y décrypte son enfance aisée, et comment elle s'est détachée de la vie bourgeoise à laquelle son milieu voulait l'assigner. 

Ses ouvrages sont pour beaucoup inspirés de ses voyages autour du monde et de ses multiples rencontres. Ses aventures à travers le globe commencent dès 1947 aux États-Unis, avant de visiter la Chine, le Brésil, l’URSS…

Un engagement politique et féministe

Son engagement et sa vivacité d’esprit dans ses écrits se retrouvent aussi dans sa vie de tous les jours. Dès 1926, Simone de Beauvoir intègre un mouvement socialiste. Après la Seconde guerre mondiale, ses opinions et positions politiques sont renforcées.

Après la guerre, en parallèle de son travail d’écrivaine et de son engagement politique, elle crée avec Jean-Paul Sartre une revue existentialiste, intitulée Les temps modernes. Revue de gauche pour laquelle elle écrit de nombreux articles.

Simone de Beauvoir ne s’est jamais revendiquée féministe, avant le mouvement de mai 68. C’est ce que défend le professeur de philosophie, Michel Kail, cité par Public Sénat : "À partir de mai 1968, Simone de Beauvoir devient réellement une militante féministe. Car à la fin du Deuxième sexe, elle explique qu’il faut 'confier l’émancipation des femmes à la révolution socialiste'".

Le 5 avril 1973 paraît le Manifeste des 343, publié dans le magazine Le Nouvel Observateur. C’est Simone de Beauvoir qui l’écrit. Dans ce manifeste, 343 femmes, dont Beauvoir, reconnaissent avoir avorté, ce qui est alors interdit en France. "Un million de femmes se font avorter chaque année en France. Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cette opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples. On fait le silence sur ces millions de femmes. Je déclare que je suis l'une d'elles. Je déclare avoir avorté. De même que nous réclamons le libre accès aux moyens anticonceptionnels, nous réclamons l'avortement libre", commence le texte.

Texte pionnier qui réclame la légalisation de l’avortement a été signé par d’autres personnalités publics et incontournables de l’époque comme Gisèle Halimi, Jeanne Moreau, Françoise Sagan, Agnès Varda

Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre

Sa rencontre et son histoire complexe avec Jean-Paul Sartre ont eu un impact considérable sur sa vie. Plus qu’une relation amoureuse, ils entretiennent une relation intellectuelle et philosophique intense.

Ils ne se plieront jamais aux codes bourgeois. Ils ne se marieront pas, n'auront pas d'enfants, auront des histoires chacun de leur côté, et ne vivront jamais sous le même toit. Un couple qu’on pourrait aujourd’hui qualifier de libre.

Simone de Beauvoir a eu par conséquent plusieurs amants, comme Nelson Algren qu’elle rencontre lors de son voyage aux États-Unis. Ils entretiennent une longue correspondance, nourrie de plus de 300 lettres, qui a été publiée en 1997. Simone de Beauvoir, enterrée auprès de Sartre, porte à son doigt l'anneau que Nelson Algren lui avait offert.

Entre 1952 et 1958, Simone de Beauvoir vit avec Claude Lanzmann. Mais elle reste toujours liée à Jean-Paul Sartre. Ce dernier meurt quelques années avant elle, en 1980. Une perte qui affecte énormément l’écrivaine.

Elle décède en 1986, entourée de sa fille adoptive Sylvie le Bon, qu’elle rencontre en 1964, et de son ancien amant, Claude Lanzmann. Simone de Beauvoir est inhumée et enterrée dans la même tombe que Jean-Paul Sartre, au cimetière de Montparnasse à Paris.

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Claude Lansmann, Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre en Egypte

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Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre et Fidel Castro en 1960

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Simone de Beauvoir et Elizabeth Batinder

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Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre dans les années 1970

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Simone de Beauvoir à "La Foire aux Femmes" en 1973

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Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre en 1978

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Simone de Beauvoir à Paris en 1979

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Simone de Beauvoir et Yvette Roudy, ministre des droits de la Femme en 1984

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