Après la Tunisie, c’est au tour de la Jordanie de faire un pas de plus en faveur du droit des femmes. Un article de loi permettant à un violeur d’épouser sa victime afin d’échapper à la prison vient en effet d’être aboli mardi dernier par le Parlement jordanien.

Selon l’agence de presse officielle Petra : "Les députés ont convenu d'annuler l'article controversé 308 qui permettait au violeur d'épouser sa victime pour échapper au châtiment". Une mesure prise dans le cadre du projet d’amendement du code pénal 2017 adopté par le Parlement.

Une mesure saluée par les associations féministes

Une abolition saluée par les militants des droits de l’Homme qui luttent depuis plusieurs années pour abolir cette loi. « Le retrait de cet article est une victoire pour toutes les femmes victimes de viol », a salué Eva Abou Halaweh, avocate à la tête du groupe Mizan. Membre de l’ONG Human Rights Watch, Sarah Leah Witson, a elle aussi accueilli la nouvelle avec joie, déclarant sur Twitter : « BRAVO la Jordanie pour avoir abrogé l’odieux article 308. Les pays arabes doivent suivre. Les femmes ne sont PAS une propriété. »

La Jordanie n’est malheureusement pas le dernier pays à conserver de telles dispositions, puisque plusieurs pays, comme l’Inde par exemple, permettent encore aux violeurs d’épouser leurs victimes. A chaque fois, il est question de protéger « l’honneur » de cette dernière.

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Plus de 160 viols dénombrés en 2016

Selon les chiffres officiels, plus de 160 cas de viols ont étés recensés en 2016 en Jordanie. Pour protéger l’honneur de ces femmes ayant eu des relations sexuelles avant ou hors union, le mariage était souvent la solution envisagée. La condition de la femme est pourtant catastrophique, puisque nombre d’entre elles sont chaque année tuées par leurs proches pour avoir eu des relations sexuelles (consenties ou non) hors mariage. Les meurtriers, qui risquent alors la peine de mort, sont la plupart du temps blanchis, grâce à la clémence des tribunaux. Il n’est donc pas étonnant d’apprendre qu’en 2015, un sondage montrait que plus de la moitié de la population jordanienne était en faveur de cette loi, qui permettait selon certains de protéger les femmes.

L’abolition de cet article est donc un pas de plus en faveur de la condition des femmes en Jordanie. Le Premier ministre jordanien Hani Mulqi a ainsi affirmé «  l’engagement du gouvernement quant à l’annulation de l’article 308 pour consolider la protection de la famille jordanienne ». Espérons que cela va continuer.