À Istanbul, la marche des femmes partait du quartier de Kadiköy, l'une des grandes artères de la ville. Elle est née de l'idée de mettre le doigt sur la montée des hostilités à l'encontre des femmes qui oseraient la jupe courte et autres libertés vestimentaires. Une réticence venant des hommes, qui n'hésitent pas à les agresser physiquement ou verbalement lorsque celles-ci ne sont pas en accord avec le "dress code" établi par eux-mêmes.

Nous n'obéirons pas, nous ne nous laisserons pas réduire au silence ni effrayer.

Sous le nom de "Don't Mess With My Outfit" ("Pas touche à mes vêtements"), la manifestation visait à dénoncer la multiplication récente des violences envers les femmes à coup de slogan explicite : "Nous n'obéirons pas, nous ne serons pas silencieuses, nous n'aurons pas peur. Nous allons gagner par la résistance". Pour illustrer leur liberté de s'habiller comme elles le veulent, les femmes défilaient vêtues de shorts, de jeans ou de jupes, autant de tenues dénoncées par les conservateurs du pays.

Si certaines protestaient uniquement pour le droit de se vêtir comme elles le souhaitent, d'autres femmes allaient encore plus loin, mettant en avant les critiques auxquelles elles sont exposées lorsqu'elles ne portent pas le voile, avec des slogans du type : "Ne te mêle pas de mon foulard, short, vêtement." Des mots en référence à l'un des incidents survenus durant le ramadan, alors qu'une jeune-femme s'est faite agresser dans le bus par un homme car elle portait un short.

Samedi 29 juillet, les femmes ont réussi à se faire entendre et à organiser une marche sans violences. Une petite exception en Turquie, où les manifestations sont très surveillées et contestées. Pour preuve, la gay pride non-autorisée en juin dernier, qui avait conduit à des répressions violentes.